Indubitablement, le paradoxe guinéen résulte initialement des incohérences stratégiques et des malversations en bandes organisées entre quatre départements ministériels clés, transversaux et stratégiques qui bloquent systématiquement le développement de la Guinée depuis 1984.
Il est indéniable que le plus grand mal de la Guinée, c’est le taux extrêmement élevé de l’incidence de la « mal gouvernance » dans les secteurs vitaux de l’Etat.
Ce qui inquiète le plus tous les spécialistes de la gouvernance publique, c’est la constance et l’irréversibilité de ce phénomène qui bloque ou ralentit toutes les dynamiques de développement du pays depuis belle lurette.
D’ailleurs, au crible d’une analyse exhaustive des causes du mauvais fonctionnement de l’Etat guinéen, il y a la grande prévalence de la corruption endémique qui prends malheureusement ses sources en Guinée dans ces ministères les plus stratégiques.
Il ressort donc ce constat que les problèmes systémiques qui mettent en péril les efforts de développement du pays sont entre autres les dysfonctionnements structurels suscités et entretenus dans ces quatre (4) départements ministériels clés et stratégiques.
- En partant des indices vrais de la situation initiale et celle souhaitée du pays, le ministère du plan élabore les plans de développement, les suit et les évalue pour s’assurer que le pays avance comme prévu. C’est la mission régalienne du ministère du plan.
- En partant d’une bonne analyse des informations économiques, financières, comptables et même sociales, le budget de l’Etat est élaboré et validé en s’assurant que le potentiel de recettes est valorisé au maximum pour avoir un budget équilibré et capable de supporter les dépenses courantes et les besoins d’investissement planifiés. C’est la mission régalienne des ministères des finances et du budget.
- En partant d’une évaluation des métiers de la République en adéquation avec les besoins de développement
En observant bien le train de vie des agents publics qui exercent dans ces départements, l’on constate tous les maux de l’Etat guinéen en termes de mal gouvernance sont préparés et entretenus en premier dans ces quatre départements clés et stratégiques du pays.
Pourtant, ces départements très stratégiques devraient être à l’instar des pays normaux, les institutions publiques les plus organisées avec des agents publics intègres et performants pour servir effectivement de levier du processus de développement de ce pays paradoxal.
C’est vrai que théoriquement, tous les ministères se valent en termes d’importance et de profit tirés d’une gouvernance vertueuse, pour l’accélération du processus de développement d’un pays.
Ces 4 ministères restent indéniablement plus stratégiques et pèsent lourd dans la balance en termes d’effets multiplicateurs sur tous autres secteurs publics.
Est-il donc important de rappeler d’entrée de jeu que les dysfonctionnements et les malversations dans ces départements clés perturbent profondément tous les équilibres de développement et affectent irréversiblement tous les autres secteurs vitaux du pays.
Malheureusement pour le pauvre Etat guinéen, toutes les pratiques néfastes de mal gouvernance se sont données rendez-vous dans ces 4 départements clés.
En partant d’une analyse comparative entre les missions régaliennes assignées à ces 4 départements et le niveau de mal gouvernance systémique induit, l’on peut réaliser la complexité des problèmes de développement auxquels le pays est confronté.
- En commençant par le Ministère du Budget et celui des finances qui ont pour missions régaliennes :
- L’élaboration, le suivi et de contrôle de l’exécution du budget de l’Etat ;
- Le règlement définitif du budget de l’État ;
- L’ avis préalable sur les opérations d’emprunt à l’extérieur des entreprises publiques émargeant au budget de l’État et des entités administratives décentralisées et déconcentrées.
- D’Analyser les informations économiques, financières et sociales.
- D’Analyser les informations économiques, financières et sociales et suivre l’actualité économique nationale.
C’est malheureusement les 2 ministères par excellence des agents publics les plus illicitement enrichis du pays.
Dans ces 2 ministères, les agents publics vivent au moins 50 à 100 fois au-dessus de la moyenne des cadres des autres services publics.
En fait, les missions régaliennes assignées aux 2 ministères ont été transformées en sources et outils d’enrichissement des agents publics commis par l’Etat
Depuis, l’élaboration, le contrôle, la passation des marchés, la perception des taxes et impôts et l’analyse des informations économiques et financières, tout a été transformé en outils subtils de corruption et d’enrichissement illicite.
Pire, le système est organisé du niveau central vers tous les départements sectoriels et leurs services déconcentrés.
Les fonds dilapidés qui servent des poches par an dépassent de loin le BND et par ricochet, le train de vie de ces agents publics est inestimable par rapport au niveau de pauvreté du peuple.
En réalité pour reprendre les conclusions d’un expert international, « c’est le contenant qui est infecté et chaque nouveau contenu est automatiquement infecté et la maladie va en s’empirant. »
À ce titre, si ces départements ministériels travaillaient objectivement à rehausser substantiellement le Budget National de Développement équilibré en recettes et en dépenses, et à mieux analyser les informations économiques, financières et sociales pour anticiper les réformes et les actions de développement économiques, l’état guinéen avec son potentiel aurait pu être capable de financer ses besoins et la demande sociale de son développement .
Très malheureusement par l’effet de la corruption à ciel ouvert (en termes •D’évasions fiscales suscitées par les cadres même du département du budget et des régies de recettes ;
- De budgets sectoriels surévalués par les gestionnaires des départements sectoriels en complicité avec les services de la chaîne de contrôle et de mise à disposition des fonds qui reçoivent en retour des ristournes illicites.), il faut noter que tout le circuit des dépenses du niveau central au niveau sectoriel est totalement pris en otage par un système de corruption bien huilé auquel même les ministres s’adaptent pour faciliter les décaissements moyennant des ristournes avec des pourcentages connus.
Il est aussi à rappeler qu’en Guinée, les évasions fiscales sont préparées, suscitées et entretenues par les cadres mêmes des impôts qui y tirent d’énormes profils économiques et financiers au grand dam de l’Etat.
Au titre d’une estimation réelle des fonds détournés par les cadres véreux du budget, les pertes de l’Etat sont évaluées à plus de 50% des recettes recouvrées par l’Etat et pris en compte dans le budget de l’Etat.
Si le budget était bien élaboré et si la corruption et les détournements institutionnalisés étaient éradiqués, la Guinée pourrait bien doubler ou tripler son budget actuel et éviter ce phénomène de déficit budgétaire que les appuis des institutions de Breton Wood équilibrent par des allocations conditionnelles qui tendent le pays vulnérable et dépendant.
Il faut noter que 90 % des cadres du ministère du Budget et celui des finances du niveau déconcentré au niveau central sont très riches.
En 2 ans d’exercices, 97% des cadres de ce département ont déjà une ou 2 villas et leur train de vie au-dessus de la moyenne des autres travailleurs.
✓ En ce qui concerne les 2 autres ministères clés notamment celui du plan et celui dea fonction publique, les missions régaliennes sont entre autres :
– Pour le Ministère du Plan, les missions consistent à :
- Concevoir/élaborer les plans et prospectives de développement du pays.
- Mettre en œuvre la planification/prospective conformément aux orientations de l’État gouv
- Suivre et évaluer la politique nationale en matière de planification et prospective, conformément aux orientations définies par le Gouvernement.
-Pour celui du Travail et de la Fonction
Publique, les missions assignées consistent entre autres de:
- Définir, d’élaborer et de suivre-évaluer la politique de l’État en matière de travail et de fonction publique.
- Suivre les réformes administratives et institutionnelles conformément aux lois et règlements en vigueur.
- Organiser les services publics en adéquation avec les besoins de développement du pays
- Qualifier les services publics et améliorer les conditions de travail.
À ce titre, l’on peut aussi convenir qu’aussi bien les missions du ministère du travail et celles du ministère du plan, il y a un travail de planification de réorganisation des services qui doit se faire selon les règles de l’art.
D’abord, les plans de développement et les prospectives sont justement biaisés et le suivi est très mal fait.
Les plans ne convergent pas avec les réalités d’où la succession des échecs pour les programmes mis en œuvre.
À ce niveau, légalement, le système de corruption persiste aussi bien dans conception des plans que dans la mise en œuvre et le suivi évaluation.
Et comme tout est biaisé pour des fins de détournement qui enrichissent quelques cadres positionnés avec des centaines de milliards que ces cadres vereux détournent à l’Etat.
Aussi pour ce qui est de la fonction publique, il est important d’avoir à l’esprit que l’administration publique est le principal levier du développement quand ses services sont bien organisés et offrent des prestations de qualité.
Mais pour qu’une administration publique soit performante, il faut tout d’abord s’assurer que les métiers qui la composent sont adaptés aux besoins et à la demande sociale en termes d’aptitudes à supporter les contraintes de développement.
Ainsi l’assainissement du fichier ne doit être une priorité que quand une évaluation des métiers de la république est faite pour savoir si les fonctionnaires sont en sûrs et sous nombre où sont simplement mal utilisés pour plus de résultats.
En Guinée, le top manager et ses sbires de techniciens ont simplement choisi la biométrie pour se sucrer par le biais de la surfacturation.
En tout, moins de 4000 milles fonctionnaires ont été objectivement radiés avec un taux d’erreurs attaquables de 70% au tribunal.
Après YOMBOUNO l’Etat payera des centaines de milliards aux fonctionnaires abusivement radiés ou prématurément mis à la retraite.
La biométrie anticipée aura simplement permis au top manager de se remplir rapidement les poches par le biais d’une surfacturation sans précédent.
De toute évidence, les missions de contrôle déceler ont bientôt des anomalies à couper le souffle.
Le Général président MAMADY DOUMBOUYA aura été simplement trahi par ces faux cadres incompétents et malhonnêtes qui ont été présentés comme les meilleurs du pays.
Pire entre la fonction publique et le budget, il y a eu toujours des relations de sorcellerie financière et comptable qui permet des détournements de milliards tous les mois.
Le nœud de la mafia c’est entre le service informatique de la fonction publique et celui de la solde au budget.
En dépit des fausses réformes annoncées et déclenchées, les 2 top managers se sont faits des dizaines de milliards en moins de 2 ans.
L’on pourrait évaluer a plus de 200 milliards engloutis pour cette fausse biométrie qui au lieu de résoudre irréversiblement les problèmes des effectifs, en a créé de plus compliqués.
Plus de 15000 fonctionnaires non postés aggravés par une prévision de recrutement de 16 000 autres fonctionnaires.
Quelle incohérence technique d’engager cette biométrie visant à simplement s’enrichir sans une connaissance exhaustive des métiers de la république de leur organisation adéquate et des effectifs normatifs connus en termes de meilleures utilisation des compétences.
Pour éliminer définitivement le nœud cornélien du système mafieux qui pousse les cadres de ces 4 départements ministériels clés à biaiser leurs missions régaliennes, il faut tout d’abord comprendre le mobile et les mécanismes de détournements massifs et de corruption qui prennent leur source au niveau de ces quatre (4) ministères clés.
En réalité, c’est de ces 4 départements que l’équilibre, la planification, le travail, les recettes et le contrôle public se conçoivent et s’exécutent pour garantir le processus équilibré du développement.
Malheureusement et très malheureusement en Guinée, c’est dans ces 4 départements que le taux de corruption et de malversations financières est le plus élevé.
Environ 99% des cadres de la chaîne de décision et de dépense de ces 4 départements s’enrichissent au quotidien dans des chaînes de malversations financières qui impliquent les services spécialisés dans les 4 départements.
Il faut savoir que tous les grands détournements à la chaîne dans les différents ministères et services déconcentrés se font avec les cadres du budget et de l’économie et des finances.
Les systèmes de magouilles de grandes envergures (qui ne sont pas facilement décelables par des contrôleurs publics également corrompus) sont initialement élaborés dans ces 2 départements par le biais des services centraux du budget et des finances et les différents DAAF et comptables au niveau déconcentré.
Des surévaluations du budget national et sectoriel et des marchés publics, au détournement organisé de certaines rubriques, jusqu’à la mauvaise prévision et au contrôle négocié des inspecteurs d’Etat en passant par les salaires des milliers de fonctionnaires fictifs , les fonds publics en billiards sont sauvagement détournés par ces agents publics depuis toujours dans ces 2 premiers départements clés notamment les finances et le budget.
Pourquoi les cadres de ces départements sont parmi les plus riches du pays ?
Pourquoi ces cadres ont une richesse moyenne de 3 villas et des comptes bancaires de plus d’un milliard ?
En ce qui concerne les 2 autres départements notamment celui du plan et de la fonction publique, les opportunités de détournement résultent d’accointances avec les finances et le budget.
Le vrai problème, c’est qu’à cause de ces détournements, le travail de planification et de suivi du développement par le ministère du plan est mal fait et compromet par ricochet tout le processus de développement national.
Avec ce niveau de corruption et de malversations conjointe et systémique organisé dans ces 4 départements, il n’est pas exagéré de dire que le pays est mal barré.
Pour moi, il faut des mesures fortes et inédites pour sortir le pays des griffes de ce quatuor maléfique.
Au titre de ces réformes caustiques, il faut prévoir une dislocation de tout ce contenant institutionnel infectés et envisager le licenciement progressif de ces cadres véreux.
Il faut en amont, faire l’état des lieux des enrichissements illicites de tous les agents publics et envisager en aval récupérer les biens en plus des anciens et nouveaux agents publics comme par exemple au-delà de 2 villas, les autres reviennent automatiquement dans le patrimoine public.
Aimé Stéphane MANSARE
SOCIOLOGUE
Expert consultant en sciences sociales du développement.
PCA IPCJGUINEE.
DGA CERFOP AU CNT