La construction des raffineries en Guinée, un débat de longue date, a été au cœur des discussions lors du deuxième jour du Forum Économique d’Emergence Magazine (FEEM). Malgré la richesse en ressources minières du pays, avec seulement deux usines de raffineries, la Guinée continue d’exporter sa bauxite brute, entraînant des pertes économiques considérables.
Lors du panel intitulé « Construction des Raffineries : Quelles Perspectives pour l’Économie Guinéenne et quels Impacts pour l’Environnement ?« , d’éminentes personnalités et experts ont examiné les enjeux liés à cette question cruciale.
Oumar Totya Barry, doctorant à l’université de Lyon, en France, souligne les atouts de la Guinée dans ce domaine : «La question des raffineries, elle est faisable. Nous avons des atouts, nous avons des avantages comparatifs. Nous avons la ressource, il y a la matière. Il suffit juste de s’inscrire dans une vision beaucoup plus stratégique que géopolitique. Aujourd’hui, la bauxite joue un rôle de plus en plus stratégique à l’échelle mondiale du point de vue de l’industrie de l’alumine et de l’aluminium. Donc, cela demande beaucoup plus de réflexion poussée de la part de la Guinée et un engagement très fort de l’État Guinéen auprès de ses partenaires. La question de raffinerie ce n’est pas une question des entreprises privées mais une question de politique publique.»
Malgré son statut de deuxième exportateur mondial de bauxite, la Guinée n’a pas encore concrétisé la mise en place d’industries de raffineries, freinant ainsi les bénéfices potentiels pour sa population. Les nouvelles autorités reconnaissent l’importance de cette question, mais sa concrétisation demeure un défi.
Séréko Camara, directeur général du Cabinet BFG Mining, met en évidence les multiples avantages que les raffineries pourraient apporter : « Il faudrait que le pays soit dans la dynamique de construction progressive dans un chemin intégré. Qui parle de raffineries parle de l’énergie, de l’employabilité, de rentabilité économique, de ressources humaines, de l’impact économique et des conséquences environnementales. Le pays doit se donner des industries lourdes et cela rentre dans la souveraineté nationale. Il est important pour la Guinée d’être présente sur le marché mondial de l’alumine et de l’aluminium »
Cependant, la question de l’énergie reste centrale dans ce débat, comme le souligne Sereko Camara : « Pour transformer cette bauxite en alumine et aluminium, il faut d’abord mettre en place des barrages hydroélectriques, des centrales à charbon, des centrales thermiques à base du mazout. Toutes ces questions qui ont été posées sur l’énergie, il s’est avéré que la question relative au charbon est encore plus paisible en termes de coût. Il a été estimé que le charbon est beaucoup plus rentable. Les ressources minières sont des ressources non renouvelables. »
La construction de raffineries en Guinée représente un tournant majeur pour le pays, offrant des perspectives économiques prometteuses tout en posant des défis à relever. Avec une approche stratégique et une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés, la Guinée pourrait bientôt bénéficier pleinement de ses ressources minières et émerger comme un acteur majeur sur la scène mondiale de l’alumine et de l’aluminium.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info