La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait volte-face dans ses relations tendues avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, alors que ces derniers ont annoncé le 28 janvier dernier leur décision de quitter l’organisation sous-régionale.
L’Alliance des États du Sahel (AES), formée par les trois nations, a annoncé leur décision unanime de se retirer de la CEDEAO en réponse à des sanctions qualifiées de « inhumaines et sauvages ». Ces mesures ont été perçues comme une réponse à la prise de pouvoir par des militaires dans ces pays, rapporte Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
La CEDEAO, consciente des conséquences désastreuses d’un tel départ, a changé de ton, appelant désormais au dialogue et à la réconciliation. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, l’organisation exhorte le Burkina Faso, le Mali et le Niger à « privilégier le dialogue et la réconciliation » pour faire face aux incertitudes découlant de leur retrait imminent de la communauté.
Le ministre des Affaires étrangères du Nigeria et Président en exercice du Comité de médiation et de sécurité de la CEDEAO, l’Ambassadeur Yusuf Tuggar, a souligné que le retrait des trois pays représente un défi majeur. Il a cependant affirmé que les autres membres restent déterminés à maintenir les valeurs de la Communauté et à encourager le dialogue.
« L’impact préjudiciable que ce retrait du Burkina, du Mali et du Niger pourrait avoir pour leurs citoyens est indéniable », a déclaré l’Ambassadeur Tuggar, ajoutant que cela pourrait également compromettre les efforts d’intégration régionale.
La CEDEAO insiste sur la nécessité de promouvoir le dialogue, la diplomatie et la réconciliation comme fondements de sa résolution des conflits. Malgré les tensions, l’organisation reste engagée dans la lutte contre le terrorisme dans la région, y compris dans les pays en crise.
Le président de la Commission de la CEDEAO, S.E. Dr Omar Alieu Touray, a réaffirmé l’engagement de l’organisation en faveur d’une gouvernance responsable et démocratique, tout en soulignant la transition vers une CEDEAO des Peuples, mettant l’accent sur la démocratie et la transparence.
La CEDEAO fait face à un défi majeur alors que le Mali, le Niger et le Burkina Faso décident de se retirer de l’organisation. La diplomatie et le dialogue sont désormais privilégiés pour éviter une rupture qui pourrait compromettre sérieusement l’intégration régionale et les efforts de lutte contre le terrorisme dans la région.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info
——————————————————————————————————
Texte de la CEDEAO
LA CEDEAO EXHORTE LE BURKINA, LE MALI ET LE NIGER A PRIVILEGIER LE DIALOGUE ET LA RECONCILIATION, FACE AUX INCERTITUDES LIEES A LEUR RETRAIT DE LA COMMUNAUTE
L’organe régional a adopté cette position à l’issue d’une session extraordinaire de son Conseil de Médiation et de Sécurité (CMS) qui s’est tenue le 8 février 2024 à Abuja, au Nigeria, tout en soulignant l’impérieuse nécessité de mettre l’accent sur la diplomatie et l’esprit d’unité, face aux défis qui se posent à l’échelle régionale.
A l’issue des travaux, le Ministre des Affaires étrangères du Nigeria et Président en exercice du Comité de médiation et de sécurité, l’Ambassadeur Yusuf Tuggar, a déclaré que la décision prise par le Burkina, le Niger et le Mali de se retirer de l’organisation constitue un défi supplémentaire, mais que les autres membres, animés par l’esprit de coopération, sont déterminés à relever ce défi, en défendant les valeurs de la Communauté.
Il a poursuivi en ces termes “Nous devons mettre à profit la dynamique créée au cours de la présente session et poursuivre nos efforts en vue d’encourager les pays membres concernés à accepter le dialogue, dans un esprit de compréhension et de réconciliation”.
L’Ambassadeur Tuggar a souligné l’impact préjudiciable que ce retrait du Burkina, du Mali et du Niger pourrait avoir pour leur citoyens.
Il a déclaré dans ce cadre que « Le choix fait ces trois pays de sortir de la CEDEAO aura pour effet non seulement de créer de grandes difficultés pour leurs populations, mais également de saper les efforts d’intégration régionale. ».
Il a également réaffirmé l’engagement de la CEDEAO à promouvoir le dialogue, la diplomatie et la réconciliation, qui constituent les fondements de son approche en matière de résolution des conflits au sein de la communauté.
En ce qui concerne les implications de ces décisions sur le processus d’intégration plus large, l’Ambassadeur Tuggar a estimé qu’il s’agit d’un léger recul, plutôt que d’une perturbation complète de l’intégration africaine. Il a évoqué les déplacements importants des populations au sein de la région et les liens qui les unissent, soulignant le niveau élevé des réalisations accomplies, en dépit des difficultés actuelles.
Outre les questions relatives à l’intégration régionale et la diplomatie, le Conseil s’est également penché sur le problème urgent du terrorisme. Une décision importante prise à cet égard est celle concernant l’appel à l’activation de la Force en attente de la CEDEAO, pour lutter contre la menace existentielle du terrorisme qui plane sur la communauté, y compris sur le Burkina, le Mali et le Niger. En dépit des sanctions imposées à leur encontre, la CEDEAO a continué de soutenir ces pays dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme.
Pour sa part, le Président de la Commission, S.E. Dr Omar Alieu Touray, a affirmé que la CEDEAO demeure déterminée à œuvrer en faveur de la réalisation des aspirations de ses citoyens relatives à une gouvernance responsable et démocratique.
« Nous sommes passés d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des Peuples, où les exigences de gouvernance démocratique et de transparence ont une importance primordiale, » a-t-il déclaré, avant de souligner que l’organisation entend tout mettre en œuvre en vue de promouvoir ces idéaux dans chacun de ses pays membres.
Avant la clôture de la session, la CEDEAO a réitéré son engagement en faveur de la bonne gouvernance, du renforcement des institutions, ainsi que du bien-être de ses citoyens. La Communauté est unie dans ses efforts pour le dialogue, la réconciliation et la lutte contre le terrorisme – toutes choses qui incarnent l’esprit de coopération et d’unité définissant la CEDEAO.