vendredi, novembre 22, 2024
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La CEDEAO, gardienne des incohérences et des injustices

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La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est censée être un bastion de démocratie, de stabilité et de progrès dans la région. Pourtant, les récentes actions et décisions de cette organisation mettent en lumière un profond déséquilibre et une partialité alarmante.

La réunion qui s’est tenue à Abuja le 8 février 2024 a mis en évidence les failles béantes de la CEDEAO dans son traitement des affaires régionales, en particulier en ce qui concerne les gouvernements militaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Alors que la CEDEAO se hâte de condamner et de sanctionner ces régimes militaires, elle semble curieusement aveugle aux violations flagrantes de la démocratie dans beaucoup de pays membres de l’organisation.

Le cas le plus révélateur est celui du Sénégal, où le président Macky Sall a orchestré un report unilatéral de l’élection présidentielle prévue pour le 25 février. Cette manœuvre, qualifiée à juste titre de « coup d’État constitutionnel », est une attaque directe contre les principes démocratiques et la volonté du peuple sénégalais. Pourtant, la CEDEAO reste étrangement silencieuse, voire complice, face à cette atteinte à la démocratie sénégalaise. Pourquoi Macky a-t-il agi ainsi ? Le Sénégal est-il en guerre ? Est-il sous menace terroriste ? Macky Sall veut-il laisser le Sénégal dans un précipice infernal ? Si oui, pour quelle raison ?

Il est ironique de constater que la CEDEAO est prompte à dénoncer les « coups d’État » au Mali, au Niger et au Burkina Faso, tout en ignorant les agissements similaires dans d’autres pays comme la Côte d’Ivoire où Alhassane Ouattara a impunément modifié la Constitution pour s’octroyer un autre mandat qui lui permet de mourir au pouvoir alors que son pays n’est ni en guerre ni sous menace terroriste. Cette hypocrisie met en lumière le double standard flagrant de l’organisation et jette le discrédit sur sa légitimité et son autorité morale. Les actions de la CEDEAO riment avec l’incongruité qui continuent à la discréditer.

De plus, les efforts diplomatiques de la CEDEAO semblent être mal dirigés et contre-productifs. Au lieu d’engager un dialogue constructif avec les gouvernements en place dans les pays concernés, la CEDEAO adopte une position dogmatique et punitive, exacerbant ainsi avec insolence les tensions et entravant tout progrès vers une résolution pacifique et démocratique.

Les raisons invoquées par les États membres pour leur retrait de la CEDEAO – un éloignement des idéaux panafricains, l’influence de puissances étrangères et l’abandon dans la lutte contre le terrorisme – sont des préoccupations légitimes qui méritent une attention sérieuse et une réponse appropriée. Cependant, la CEDEAO choisit de les balayer d’un revers de main, préférant imposer des sanctions et des pressions plutôt que d’engager un véritable dialogue et une réforme interne.

Il est grand temps que la CEDEAO se regarde dans le miroir et reconsidère sérieusement ses priorités et ses méthodes d’action. L’organisation ne peut pas prétendre être un défenseur de la démocratie et des droits de l’homme tout en fermant les yeux sur les atteintes à ces principes au sein de ses propres frontières.

C’est le moment pour la CEDEAO :

  • de faire preuve de cohérence : La CEDEAO doit s’engager à être cohérente dans ses actions et ses discours en matière de démocratie et de droits de l’homme. Il est crucial que ses décisions et ses interventions reflètent ses valeurs fondamentales.
  • de reconnaître les lacunes internes : L’organisation doit avoir le courage d’admettre les défis internes auxquels elle est confrontée en ce qui concerne le respect des droits de l’homme et la promotion de la démocratie parmi ses États membres.
  • de prendre ses responsabilités : La CEDEAO a la responsabilité de protéger les droits de l’homme et de défendre la démocratie dans la région. Cela implique de ne pas fermer les yeux sur les violations de ces principes, même si elles surviennent dans ses pays « favoris et préférés ».
  • de réévaluer ses priorités : Il est temps pour la CEDEAO de réexaminer ses priorités et de placer la promotion de la démocratie et des droits de l’homme au sommet de son agenda, même si cela implique des ajustements politiques et institutionnels difficiles.
  • de renforcer ses mécanismes de surveillance : L’organisation doit mettre en place des mécanismes efficaces de surveillance et de sanction des violations des droits de l’homme et des principes démocratiques parmi ses membres, afin d’assurer un respect constant de ces valeurs.
  • d’encourager le dialogue et la coopération : Plutôt que de recourir à des mesures punitives immédiates, parfois sauvage et d’une autre époque, la CEDEAO devrait favoriser le dialogue et la coopération entre ses États membres pour résoudre les problèmes liés à la démocratie et aux droits de l’homme.
  • de promouvoir la responsabilité : L’organisation doit encourager la responsabilité et la reddition de comptes au sein de ses États membres en ce qui concerne le respect des normes démocratiques et des droits de l’homme, en garantissant que les auteurs de violations soient tenus pour responsables.
  • d’œuvrer pour une région plus démocratique et respectueuse des droits : En prenant des mesures concrètes pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme au sein de ses frontières, la CEDEAO contribuera à bâtir une région plus stable, prospère et respectueuse des droits fondamentaux de tous ses citoyens.

 

Boundèbengouno,

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