La décision unilatérale de Macky Sall de reporter l’élection présidentielle prévue initialement le 25 février 2024, continue de susciter les réactions. Cette décision a été justifiée par une prétendue « crise institutionnelle » entre l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle. Cette Assemblée a entériné ce report le lundi 5 février 2024, offrant ainsi un délai supplémentaire de dix mois à Macky Sall.
L’acteur politique guinéen Dr Faya Millimouno, président du parti ‘’Bloc Libéral’’, a vivement réagi à cette situation lors d’un entretien téléphonique accordé à Laguinee.info, ce mercredi 7 février 2024. Il a exprimé ses inquiétudes quant à la situation actuelle du Sénégal, déplorant un climat politique tendu depuis un certain temps. « La situation actuelle du Sénégal est très inquiétante », a-t-il déclaré pour commencer.
Dr Faya Millimouno a souligné les précédents politiques ayant conduit à l’éviction de certains candidats à la présidentielle, comme Karim Wade, le maire de Dakar et récemment Ousmane Sonko. Il a qualifié ces actions de « manœuvres politiques » visant à éliminer des adversaires potentiels à la magistrature suprême. « Ça n’a pas commencé aujourd’hui. Depuis que la chasse aux sorcières pour éliminer, par des combines politiques, des candidats pouvant briguer la magistrature suprême, l’inquiétude a commencé. On se rappelle du cas de Karim Wade, du maire de Dakar[Khalifa Sall, ndlr], et récemment du cas d’Ousmane Sonko. Il est clairement démontré que ce sont des manœuvres politiques pour empêcher les adversaires capables de briguer la magistrature suprême. C’est très grave de la part de Macky Sall, car il est arrivé à la présidence par le courage du peuple sénégalais. Cela peut vraiment amener beaucoup de Sénégalais à être déçus», pense Dr Millimono
Le report unilatéral des élections par le président Sall, sans le consentement du peuple sénégalais, a été qualifié par Dr Millimouno d’inédit et de décevant. Il a averti que le non-respect du calendrier électoral pourrait plonger le Sénégal dans une crise profonde, pouvant avoir des répercussions sur toute l’Afrique de l’Ouest.
Le leader du Bloc Libéral a également souligné les dangers pour la démocratie en Afrique, évoquant la tendance croissante aux coups d’État. Il a exprimé sa préoccupation quant à l’instabilité politique, mettant en garde contre le risque de l’intervention militaire en cas de crise prolongée. « A moins de 24h du début de la campagne présidentielle, dont il a appelé lui-même les électeurs aux urnes et venant avec des arguments tirés par les cheveux, il se trouve que c’est décevant. Si le calendrier électoral n’est pas respecté, le Sénégal risque de rentrer en profondeur dans une crise qui pourrait affecter toute l’Afrique de l’Ouest », prévient le président du BL.
Dr Millimono a critiqué le comportement des dirigeants civils qui ouvre la voie à l’intervention militaire, mais loue l’armée sénégalaise pour son engagement envers la démocratie. Il a exprimé des inquiétudes quant à l’instabilité politique et a souligné le risque que l’armée prenne le pouvoir, tout en regrettant la descente aux enfers des politiciens africains, en particulier le président Macky Sall : « C’est le comportement des civils au pouvoir qui prépare le terrain à l’arrivée des militaires au pouvoir. Sinon, il faut apprécier le caractère de l’armée sénégalaise qui ne s’est jamais invitée dans le jeu politique du Sénégal, malgré certaines intentions anticonstitutionnelles de tous les régimes. Mais quand l’instabilité atteint un certain niveau, on ne peut pas empêcher l’armée d’éviter le pire en prenant le pouvoir, ce qui serait d’ailleurs très dommage pour le Sénégal, qui était jusqu’alors un véritable modèle de démocratie en Afrique où les gens dépassent même les questions ethnocentristes qui éclaboussent certains États africains. Cependant, ce comportement de Macky Sall prouve que les politiques africains savent descendre trop bas», déplore Le président du Bloc libéral.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a exprimé son désaccord avec le report des élections et a exigé le respect du calendrier électoral au Sénégal, selon un communiqué.
Mariama Dalanda, pour Laguinee.info