Le drame survenu au dépôt central d’hydrocarbures à Kaloum peut avoir des répercussions psychologiques profondes sur les individus touchés et leurs proches. Les conséquences émotionnelles et mentales suite à de tels événements tragiques sont souvent complexes et variées. Le sociologue Mory Camara, dans son entretien avec une journaliste de Laguinee.info, a souligné que plusieurs facteurs pourraient contribuer à ces conséquences psychologiques. Parmi ceux-ci, les préoccupations économiques jouent un rôle crucial.
Laguinee.info : Quels sont les impacts psychosociaux à court et à long terme sur les individus, les familles et les communautés affectés par cet événement tragique ?
Mory Camara : Tout d’abord, je profite de cette occasion pour exprimer toute ma compassion aux sinistrés de ce drame sans précédent en Guinée et ma solidarité au peuple de Guinée qui encore réaffirme son unité et son engagement face aux défis communs. Ensuite, il faut reconnaître que cette tragédie survenue dans la nuit du 17 au 18 plonge le pays dans une situation catastrophique à cause non seulement du bouleversement des prévisions économiques, mais aussi des difficultés psychosociales auxquelles les sinistrés et même l’ensemble de la population sont confrontés. Sur le plan économique, nous constatons déjà la hausse des prix du carburant sur le marché qui entraîne une augmentation des coûts de la vie notamment le transport, les denrées alimentaires et autres. Sur le plan psychosocial, nous avons aussi vu à travers les vidéos qui ont circulées sur les réseaux sociaux les gens fuirent leur maison alors qu’antérieurement, ils pensaient que c’était l’endroit le plus sécurisé de leur environnement, marcher pieds nus et parfois sans se préoccuper des autres êtres (enfants, vieilles personnes) pour faire sauve-qui-peut, c’est le traumatisme qui fait cela. Il y a la perte de confiance et de notre pouvoir coercitif qui nous permet de résister face aux dangers. Cela peut affecter notre santé mentale.
Comment les politiques publiques, notamment en termes de réglementation des industries dangereuses et de sécurité des zones résidentielles, pourraient-elles être améliorées pour prévenir de tels incidents à l’avenir ?
Ce qu’il faut saluer aussi de positif dans cette tragédie, les Guinéens ont presque l’unanimité montré leur capacité de résilience face aux situations difficiles à travers la chaîne de solidarité extraordinaire qui s’est créée autour. Ce leadership incarné par la jeunesse sans aucune considération quelconque prouve à suffisance que la graine d’unité et de cohésion qui a été semée commence à porter fruit.
Par ailleurs, c’est le moment de blâmer nos décideurs de n’avoir pas su et pu protéger la population qu’ils sont censés protéger en refusant de délocaliser ce site malgré le risque que cela encourait pour à la suite venir le pompier après la mort.
Quelles sont les mesures sociétales et gouvernementales à mettre en place pour assurer une cohabitation plus sûre entre les infrastructures industrielles et les zones habitées ?
La première des politiques et la meilleure c’est la prévention des risques, en réduisant l’exposition aux aléas, en renforçant la sécurité des installations, en respectant les normes environnementales et d’habitat, la préparation aux risques, en établissant des plans d’urgence, en formant et en sensibilisant les acteurs concernés, en mettant en place des systèmes d’alerte précoce, en identifiant et en aménageant des zones d’évacuation.
Sirani Diabaté, pour Laguinée.info