Après la survenue de l’explosion meurtrière à Kaloum, un élan de solidarité sans précédent a été manifesté par les citoyens. Quelques jours après, cet élan a connu des difficultés. Dans ce papier d’opinion, Souleymane Souza, accuse les autorités de la transition. Lisez!
L’élan de solidarité exprimé par nos compatriotes dès l’annonce du drame survenu dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, suite à l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de la Société Guinéenne de Pétrole, est une preuve éloquente que les Guinéens, malgré leurs désaccords, peuvent s’unir autour de l’essentiel.
Gouvernement, acteurs politiques et sociaux, autorités morales et religieuses, se sont mobilisés massivement pour apporter de l’aide aux familles endeuillées, sinistrées, ainsi qu’aux nombreux blessés graves et légers.
Cependant, il est regrettable de noter que certaines dispositions prises par les autorités de la transition affectent négativement la mobilisation, freinent les efforts entrepris par nos compatriotes dans le cadre de la vague de solidarité exprimée jusque-là sans distinction aucune.
Le brouillage des ondes des médias indépendants et la restriction de l’accès à internet et aux réseaux sociaux facilitent la propagation des fausses informations, des rumeurs et provoquent des paniques généralisées chez nos compatriotes.
Dans une crise comme celle-là, l’information et la communication jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation, la mobilisation et rassurent les Guinéens que leurs autorités sont effectivement à leur service.
Ces agissements liberticides violent la Charte de la transition et les engagements internationaux ratifiés par la Guinée dont la Charte africaine sur la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que le Protocole additionnel de la CEDEAO.
Il faut faire confiance aux Guinéens et leur expliquer ce que le gouvernement entend par impératif de sécurité nationale même si, encore une fois, rien ne peut justifier la restriction des libertés fondamentales tel qu’il ressort clairement de la lettre et de l’esprit des articles 8 et 19 de la Charte de la transition.
Les conséquences de cette tragédie commencent déjà à peser lourdement sur nos compatriotes. Qu’il s’agisse des transports en commun, des prix des denrées alimentaires, du carburant…que de désolations observées ci et là ajoutant davantage à la déchéance humaine en cours !
Et pour couronner le tout, la vacuité du discours du Président de la transition, intervenu trois jours après la tragédie, plutôt que de rassurer les Guinéens sur la prise en charge efficiente de cette autre crise, a achevé de les convaincre que l’Etat est et demeurera le grand absent.
Passée l’émotion qui conduit les autorités à s’agiter sur le tard , les populations seront de nouveau livrées à elles-mêmes dans le plus grand des dénuements.
Mamadi Doumbouya a raté une occasion unique, celle qu’offrait le sursaut national qui cimente l’action de tous les Guinéens, en ces circonstances douloureuses, de changer positivement le cours des choses et de sauver la Guinée des affres de sa gestion erratique.
J’exprime toute ma compassion à l’ensemble des familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux malades.
Puisse Allah accepter nos prières et bénédictions pour une Guinée unie dans sa diversité et riche de sa tolérance.
Souleymane Souza KONATE, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller chargé de Communication de CELLOU DALEIN DIALLO.