jeudi, septembre 19, 2024
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N’Zérékoré : Plus de 90 familles dont celle d’un avocat sous menace de déguerpissement

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C’est un conflit domanial qui a opposé Apollinaire Théa à Charles Théa. Après une longue bataille de procédures judiciaires de N’Zérékoré à Conakry en passant la Cour d’appel de Kankan, la dernière décision déclare Apollinaire Théa comme l’ayant droit à ce domaine de 93 parcelles. C’est à l’issue de cette décision que dans la matinée du 07 décembre dernier, les occupants dudit domaine ont constaté une descente musclée des gendarmes pour déguerpir les gens. Sur place, des portes et fenêtres ont été enlevées et des habitants virés de leurs maisons par des gendarmes.

Les victimes, quant à elles, ont rencontré ce lundi, 18 décembre 2023, les notables de la ville de N’Zérékoré. Objectif, solliciter l’appui de ces derniers afin qu’une négociation soit faite entre les deux parties, rapporte le correspondant de Laguinee.info basé à N’Zérékoré.

Interrogée, cette victime explique: « Le jeudi passé, nous étions dans nos différents domiciles, nous avons constaté la descente de la gendarmerie sur le terrain. Nous étions demandés de quitter. Chacun devrait quitter sa maison parce qu’il y a un procès qui est entre Apollinaire Théa et Charles Théa, et qu’Apollinaire est déclaré l’ayant droit dudit domaine. Donc, ils sont venus pour demander à la gendarmerie pour nous déguerpir. Nous avons subi effectivement de sévices. On nous demande de quitter nos maisons, les portes et fenêtres ont été enlevées, ils nous ont jeté du gaz », introduit Vincent Délamou.

Face à la brutalité des gendarmes, les jeunes du quartier se sont farouchement opposés. »Le lendemain vendredi devait coïncider au retour des gendarmes. C’est en ce moment que les jeunes du quartier se sont levés pour dire ce qui s’est passé hier jeudi, ça ne va plus se répéter. Ils ont barricadé la route et ils ont pris les pneus mettre sur la route pour enflammer. Nous qui sommes les personnes les plus âgées, les intellectuels du secteur ne peuvent rester les bras croisés. Il faillait que nous portions notre voix vers les autorités. C’est en ce moment qu’on est parti voir le maire de Samoé et le sous-préfet. Nous leur avons expliqué que les gendarmes devraient arrêter leur venue parce quand ils viennent c’est la violence », a-t-il poursuivi.

Vincent ajoute que les gendarmes déployés sur le terrain n’ont voulu aucune négociation.

« Après nous sommes partis voir les gendarmes, on n’a pas été, dans tous les cas reçus. Finalement, c’est sur la notabilité, les sages qui sont en train de nous écouter. Les terrains qu’on a là-bas sont achetés à plus d’argents, donc on a plus besoin de donner de l’argent à qui que ce soit. Alors, nous sollicitons qu’ils nous aident auprès des autorités régionales, préfectorales et pourquoi pas auprès gouvernement pour dire qu’il y a une partie de N’Zérékoré qui est malade», plaide-t-il.

Me Zaoro Claver Loua, Avocat de son état et victime de cette affaire, déplore la procédure adoptée par les services en charge d’exécution de la décision.  

« Personnellement, j’ai acheté ma parcelle depuis 2003. Vous imaginez de 2003 jusqu’à nos jours ça peut faire combien d’années. Si aujourd’hui on vient me dire de sortir, et je ne sais pas où je vais. Alors, et mieux que ça, moi, ce n’est pas parce que la Loi me dit de quitter mais c’est la procédure que je veux que les gens respectent parce que, un huissier de justice comme j’ai d’ailleurs été, lorsque j’avais des décisions d’huissier de justice à exécuter il y a des préalables. Vous ne pouvez pas signifier, ne pas exactement commander et puis vous venez avec la gendarmerie pour demander aux gens de sortir. Ensuite, même si cela est, pourquoi ne pas réunir les deux parties autour d’une table de négociation ? Si aujourd’hui, on dit à cette personne de déguerpir. Elle va aller où ? voilà pourquoi nous, on n’a pas estimé la violence. On a voulu simplement la sagesse de N’Zérékoré nous aide. Plus de 93 familles, qu’on demande à cette famille de sortir où elle va aller ?» explique Me Zaoro Claver Loua.

Poursuivant, l’Avocat sollicite l’implication des sages afin de régler cette affaire.

« La raison de notre visite aux sages de la ville est que nous ayons leur aide afin qu’ils présentent notre doléance auprès des autorités qui doivent nous aider pour que s’il y a négociation, nous nous retrouvons. On pourra mieux se parler. Quand quelqu’un vient vous dire sortez ! vous allez payer 150 millions. Mais mon frère où est-ce-que vous allez trouver 150 millions en espèce de 2 ou 3 jours ? et même ça, qui de nous aujourd’hui à N’Zérékoré peut trouver auprès de lui ou dans une banque 150 millions vu l’obscurité qui est de taille. Donc, nous sollicitons simplement auprès des sages que franchement la paix revienne chez nous. Nous sommes ouverts à la négociation, au dialogue mais que les gens cessent la violence parce que ça ne construit pas, au contraire ça détruit la paix. Ça emmène beaucoup de choses, la pauvreté. On est déjà pauvre», plaide-t-il.

Au sortir de cette rencontre, les sages ont vivement salué l’acte des victimes menacées de déguerpissement t allant dans le sens de la culture de la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les filles et fils de la région forestière. 

De N’Zérékoré, Foromo Béavogui, pour Laguinee.info

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