dimanche, octobre 6, 2024
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Référendum au Tchad : Quels enjeux pour un pays habitué aux régimes autoritaires ?

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Le Tchad se trouve à un carrefour crucial de son histoire politique avec le référendum sur une nouvelle Constitution. Ce scrutin, prévu pour ce 17 décembre 2023, vise à établir les fondements pour des élections futures et le retour des civils au pouvoir, après une période marquée par une transition sous la tutelle d’une junte militaire. Quels sont les enjeux de ce référendum pour le Tchad ?

Un passé politique caractérisé par l’autoritarisme

Il est connu de tous que l’histoire politique tumultueuse du Tchad est intimement liée à une succession de régimes autoritaires dont le régime de François Tombalbaye (1960-1975), le égime de Félix Malloum (1975-1979), le régime de Hissein Habré (1982-1990), Régime d’Idriss Déby (1990-2021). La mort du président Idriss Déby Itno en 2021 a déclenché une transition dirigée par une junte militaire dirigée par son fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, suscitant des espoirs de transition démocratique.

Cependant, l’annonce de la prolongation de la transition de deux ans et la possibilité pour Mahamat Déby de se présenter à la présidentielle de 2024 ont exacerbé les tensions. Ceci a provoqué des réactions de désapprobation au sein de l’opposition et de la société civile, accusant la junte de chercher à perpétuer une « dynastie Déby ».

Traques et division de l’opposition

Il faut mentionner que le clivage central autour de ce référendum se situe entre les partisans du « oui », soutenus par le pouvoir militaire en place, et ceux du « non », représentant une opposition fragmentée et réprimée. Le camp du « oui » prône un État unitaire pour maintenir l’unité nationale, tandis que les tenants du « non » défendent le fédéralisme, arguant qu’il pourrait offrir une alternative à un système centralisé.

L’opposition, traquée et harcelée, a appelé au boycott, espérant affaiblir la légitimité du référendum en réduisant la participation. Cependant, la répression sévère et la division interne de l’opposition ont joué en faveur du camp du « oui ».

La répression brutale des manifestations pacifiques, comme celle du 20 octobre 2022, où des centaines de manifestants ont été tués selon l’opposition, a semé la terreur parmi les opposants. Cette répression a continué avec l’interdiction systématique des manifestations et les vexations envers les rassemblements de l’opposition durant la campagne référendaire.

La polarisation de la société civile et la peur des représailles ont mené à une ambiance tendue, où l’expression démocratique et la liberté d’opinion sont sérieusement compromises.

Quel avenir après ce référendum ?

Le résultat du référendum semble prévisible en faveur du « oui », principalement en raison du contrôle exercé par le pouvoir en place sur le processus électoral et de la répression de l’opposition. Cela pourrait conduire à une légitimation contestée du pouvoir et à une consolidation de la « dynastie » Déby.

L’ONG Human Rights Watch a mis en garde contre le risque de transformation du gouvernement de transition en un régime permanent en l’absence de liberté pour les partis d’opposition de faire campagne et de se réunir.

Ce référendum ne se limite pas à un choix constitutionnel, mais représente un moment crucial dans la quête de démocratie et de gouvernance représentative au Tchad. L’issue de ce scrutin peut potentiellement façonner le paysage politique du Tchad pour les années à venir, influençant la stabilité politique et sociale de la nation.

 

Boundèbengouno, pour Laguinee.info

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