Un panel d’universitaires s’est tenu ce jeudi,14 décembre 2023 pour discuter du processus de transition en Guinée, comme l’a relayé une journaliste de Laguinee.info. C’est une initiative lancée par les professeurs et chercheurs de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, bénéficiant du soutien du rectorat de cette même université. L’objectif principal était d’attirer un maximum d’enseignants-chercheurs guinéens pour participer à cette démarche. Selon l’un des organisateurs, cette initiative a émergé d’un constat spécifique, rapporte une journaliste de Laguinee.info dépêchée sur place.
« À partir de mes observations, je me suis rendu compte qu’il était nécessaire de donner un peu plus de choix et d’option à nos universitaires de pouvoir contribuer sur les questions de transition en général. Ces réflexions ne doivent pas être que le domaine politique, elles doivent aussi toucher les questions sanitaires, minières, sociales, etc. Il n’y a pas assez de publications réalisées aujourd’hui par nos chercheurs en Guinée. Le second fait, c’est que chaque fois qu’il y a une crise en Guinée ou qu’il y a des transitions, on va chercher des gens ailleurs qui viennent utiliser nos chercheurs comme assistants dans leurs travaux alors que nous sommes capables de produire nous aussi. Pourquoi ne pas alors nous mettre ensemble nous aussi, réfléchir, trouver nous-mêmes des programmes et des projets, qui répondent à nos réalités, qui sont des enjeux de développement », s’interroge Saikou Oumar Sagnane.
Le doctorant enseignant expose les domaines d’intérêt de cette initiative de recherche. « La première thématique est de réfléchir sur les questions de crise politique en général. La deuxième, il s’agira de réfléchir sur les autres formes de crise notamment celle minière et autres. La troisième thématique consistera à réfléchir sur la circulation de l’information qui inclut les questions de secret et des théories de complot qui sont des conséquences des crises et des transitions que nous traversons et qui rendent difficile la gestion du flux du savoir et des informations. La dernière partie est beaucoup plus liée à comment capitaliser ce que nous avons déjà à l’université pour pouvoir aller de l’avant. Quel est l’état de la pction du savoir aujourd’hui? Quelles sont les questions épistémologiques qui se posent, les questions éthiques qui peuvent impliquer les universitaires sur la longue durée, pour qu’on sorte du régime de consultation spontanée? », a expliqué Saikou Oumar Sagnane.
Un autre objectif de cette initiative est d’inciter les scientifiques et universitaires à générer un savoir académique sur les enjeux de la transition, en particulier en Afrique, et plus spécifiquement en Guinée, où émerge actuellement un phénomène nouveau. Souvent marginalisés ou réduits au silence, ces chercheurs sont peu sollicités par le public et ne s’expriment pas dans les médias pour partager leurs réflexions sur la question. L’objectif est donc de les encourager à s’engager davantage dans ce dialogue.
« L’université étant un centre de réflexion, je pense que les universitaires doivent prendre leurs engagements pour sortir les grands enjeux de paradigme qu’on conteste actuellement de notre avenir qui est le développement, parce qu’aucun pays ne peut se développer sur les réflexions basées sur la construction et l’auto-construction des paradigmes essentiels des faits factuels de notre existence. Donc, c’est important que nous nous fixions là-dessus et que nous produisions à la fois à l’oral et l’écrit des contenus scientifiques qui puissent permettre à d’autres d’en bénéficier et d’amener d’autres réflexions », a mentionné Dr Lamine Dioubaté, Directeur scientifique de l’ASAK du laboratoire d’analyse d’anthropologie de Guinée, à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia.
Pour cette initiative, » Les perspectives, c’est d’abord poser des questions épistémologiques, c’est-à-dire que nous nous intéressons sur les enjeux liés à toutes les réflexions liées à la gouvernance et que cela nous permette d’aboutir à la mise en place d’un comité de rédaction des articles scientifiques, des revues, mais aussi de la mise en place d’un comité scientifique purement en sciences sociales. Donc, la question éthique est importante, parce que quand on regarde aujourd’hui dans le domaine des humanités des sciences sociales, il n’y a pas de comité éthique en sciences sociales, la réflexion au fil des années, si ça peut nous permettre sur la co-construstion d’un comité éthique des sciences sociales pour les humanités. Je pense que c’est un atout majeur pour nous aussi qui débuterons de cadrer toutes les recherches à la fois de mémoires de thèses de recherche avant que les étudiants ne partent sur le terrain pour la collecte des informations parce qu’on a à faire à des sujets humains et puis si tu as à faire à des sujets humains, la complexité des sujets que nous abordons devient encore plus grande. Donc, il faut tenir compte de la sensibilité de tout ce que vous touchez pour au moins respecter l’anonymat dans toutes les questions que nous que nous posons », a ajouté Dr Dioubaté.
Selon le Vice-recteur de cette université, l’initiative vise à examiner les transitions, non seulement en Guinée, mais également à travers l’Afrique, en reconnaissant que l’université représente le foyer du progrès socio-économique pour chaque nation.
« En principe, toutes les politiques du développement des nations doivent être émises par les universités, donc nous nous donnons des orientations, des sujets de réflexion politique qui peuvent suivre et nous donner de très bons résultats. Nous pensons que d’une manière ou d’une autre, tous les avis seront pris en compte parce que quand la réflexion est objective, ça débouche sur des politiques juste qu’on peut suivre. Nos avis vont compter », a conclu Manga Sylla, Vice-recteur de l’université de Sonfonia.
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info