Conakry, la capitale animée de la Guinée, est confrontée à un défi alarmant qui ternit sa réputation et compromet la qualité de vie de ses habitants : l’insalubrité généralisée. Les rues autrefois pittoresques et les espaces publics dynamiques comme le marché Matoto et beaucoup d’autres marchés, sont désormais hantés par des amoncellements d’ordures, transformant ces lieux en véritables foyers de saleté. Les caniveaux, au lieu d’assurer l’écoulement fluide des eaux, sont devenus des dépotoirs à ciel ouvert, défigurant la ville et posant un sérieux risque pour la santé publique.
Cette insalubrité est devenue une véritable préoccupation pour beaucoup de citoyens conscients, rapporte Laguinee.info à travers un de ses reporters.
Bountou Sylla, une mère de famille habitant à Matoto, exprime vivement sa préoccupation face à l’insalubrité grandissante dans leur quartier : « Nous vivons dans des conditions difficiles, entre les déchets non collectés et les risques pour la santé de nos enfants, c’est alarmant. »
Fatoumata Binta Diallo, également mère de famille, interpelle l’État et appelle à un comportement civique : « Nous devons agir collectivement. L’État doit intensifier les mesures, mais chacun de nous a un rôle à jouer pour préserver notre environnement et notre santé. »
Cette situation désastreuse, résultat d’une gestion inefficace des déchets, a des conséquences néfastes multiples. Outre l’aspect visuel peu attrayant qu’elle offre aux résidents et aux visiteurs, cette insalubrité constitue un terreau fertile pour la propagation de maladies infectieuses. Les détritus qui s’accumulent non seulement polluent l’air mais contaminent également les eaux, favorisant ainsi la prolifération de bactéries et de germes pathogènes.
Moussa Camara, environnementaliste, souligne avec conviction les conséquences néfastes de l’insalubrité sur notre environnement : « L’insalubrité constitue une menace sérieuse pour notre écosystème. La pollution de l’air, de l’eau et des sols résultant de cette négligence déstabilise les équilibres naturels. Les incinérations incontrôlées de déchets émettent des fumées toxiques, contribuant ainsi à la détérioration de notre environnement. Il est impératif de sensibiliser et d’agir collectivement pour préserver notre planète », explique-t-il.
De son côté, Mohamed Mansaré, aménagiste de ville, met en lumière l’impact visuel et esthétique de l’insalubrité sur la beauté d’une ville comme Conakry : « L’insalubrité altère l’attrait esthétique de notre ville. Les déchets jonchant les rues, les espaces publics négligés nuisent à l’image et à l’identité de notre capitale. Pour favoriser un cadre de vie agréable, il est crucial d’instaurer des politiques d’élimination des déchets efficaces et d’impliquer activement la population dans le maintien de la propreté urbaine. »
En ce qui concerne les répercussions sanitaires, le Docteur Moussa Sacko, médecin, alerte sur les dangers pour la santé publique : « L’insalubrité engendre un terrain propice à de nombreuses maladies. Les populations exposées courent des risques accrus de maladies respiratoires, de problèmes cardiaques, voire de cancers. Les conditions de vie insalubres aggravent ces pathologies, représentant ainsi une menace pour la santé publique. »
Il ajoute également : « Les décès dus aux maladies liées à l’insalubrité, telles que les affections respiratoires chroniques et les cancers, sont en constante augmentation. Il est primordial de comprendre que la préservation de notre environnement est étroitement liée à la protection de la santé humaine. Agir contre l’insalubrité, c’est préserver la vie et garantir un avenir plus sain pour les générations futures. »
Pour lutter contre l’insalubrité qui gangrène nos espaces de vie, Moussa, fervent défenseur de l’environnement, propose une approche holistique et engagée, ancrée dans la responsabilisation collective et le respect de notre planète. « Pour lutter contre ce fléau, nous devons agir de manière proactive. Premièrement, nous devons mettre en place des programmes de sensibilisation pour encourager la gestion responsable des déchets. L’éducation des citoyens sur le tri sélectif et le recyclage est primordiale. En outre, investir dans des infrastructures de gestion des déchets modernes est essentiel. Cela inclut la mise en place de centres de traitement des déchets et le renforcement des services de collecte régulière pour assurer un environnement propre et sain. Il est crucial d’agir rapidement et de manière décisive. Les politiques publiques doivent intégrer des mesures strictes pour contrôler la pollution de l’air, de l’eau et des sols. La mise en place de réglementations plus rigoureuses concernant les émissions toxiques et la gestion des déchets est impérative pour protéger la santé des citoyens.’’, propose-t-il
En parallèle, il suggère la mise en place de politiques municipales et nationales plus rigoureuses en matière de gestion des déchets. Tri sélectif généralisé, encouragement à l’utilisation d’emballages recyclables, promotion de l’économie circulaire et des initiatives zéro déchet sont autant de pistes qu’il envisage pour réduire drastiquement la quantité de détritus abandonnés dans nos rues, nos parcs et nos océans.
Moussa insiste également sur l’importance de l’exemplarité des autorités et des entreprises. Il préconise des campagnes de nettoyage régulières menées par des volontaires, des sanctions dissuasives pour les contrevenants et des incitations financières pour les initiatives vertueuses favorisant le nettoyage et la préservation de l’environnement.
Enfin, il encourage la valorisation des initiatives locales visant à recycler les déchets, à réhabiliter des espaces pollués ou à restaurer des écosystèmes détériorés. Encourager l’économie circulaire et soutenir les entrepreneurs et les initiatives citoyennes œuvrant pour un environnement plus sain sont des actions à privilégier selon lui.
Morlaye Damba, pour Laguinee.info
