Il est aujourd’hui important d’appréhender la question sécuritaire dans une perspective globale par cette situation sécuritaire de la maison centrale de Conakry, lieu de détention des responsables des événements du 28 septembre 2009. Si la Guinée n’est volontiers présenté comme un îlot de stabilité depuis l’aube, de démocratie et de tolérance, une observation, doit cependant nous obliger à reconnaître que cette étiquette toute flatteuse comporte le vilain défaut de son environnement sécuritaire.
La sécurité a en effet traditionnellement été entendue au sens de la « sécurité nationale » soit au sens de la protection des citoyens contre les atteintes physiques dirigées contre leur personne, de même qu’au sens de la maîtrise des frontières et de la protection de l’Etat contre les insurrections et les agressions du monde extérieur. Aujourd’hui j’en doute la capacité des autorités en place d’assurer la sécurité des guinéens
Les défis sécuritaires interpellent de nos jours aussi bien l’ État guinéen que les populations en voie de « disparition » pour faute de sécurité publique. Aux yeux des conscients, tout le monde sait que la réforme du secteur de la sécurité nationale en Guinée est un élément urgent, essentiel, obligatoire, c’est un élément clé de la stabilisation, du développement. C’est un chantier qui est cependant caractérisé en Guinée par des affaires et un manque de cohérence et de transparence dans le recrutement mais aussi dans la gestion des forces de défenses et de sécurité qui sont là pour moi non pas pour assurer la sécurité publique, ni la sécurité de l’Etat mais pour défendre leurs intérêts et l’intérêt d’un groupe restreint. Il est obligatoire de se demander face à cette situation:
Est-ce que la population guinéenne civile est elle en sécurité dans cet espace de 245857 kilomètres carrés ?
Est-ce que la souveraineté de l’Etat est assurée par la puissance publique ? Est-ce que l’Etat guinéen est-il capable d’assurer ses frontières maritimes, terrestres et aériennes face à une invasion extérieure ? Combien de faux en faux et usage de faux utilisent le passeport guinéen sans pour autant être guinéen ?
Il est toutefois incohérent de concevoir l’attitude des dirigeants face à cette situation, y compris la population et d’ailleurs la jeunesse. La vie carcérale exige le respect d’un certain nombre de droits et surtout d’obligations. A ce titre, le rôle de l’administration pénitentiaire est large. Une mission sécuritaire, d’une part, en prenant toutes les dispositions pour le maintien de l’ordre public carcéral, par exemple séparer les condamnés des détenus provisoires, les adultes des mineurs et parer à tout risque d’évasion d’autant plus qu’il y’a dans cette prison des anciens ministres et président présumés commanditaires des crimes contre l’humanité. D’autre part, une mission de préparation à la réinsertion sociale pour favoriser le passage vie carcerale et vie libre.
Dans tous les États sérieux du monde la sécurité publique constitue l’élément principal et obligatoire de tout dirigeant de cet État, la Guinée est l’un des pays de la sous région, et le seul pays qui a privilégié le laissé aller dans l’armée, la police et la gendarmerie, des dirigeants endormi depuis la nuit des temps, alors qu’ailleurs, tout le monde est resté éveillé et actif pour sécuriser des sites hautement stratégiques et importants, tel que central électrique, PRISON, dépôt de carburant, sécurité portuaire, sécurité . Résultat, le pays s’est exclue des centres nerveux où se décident non seulement les affaires sécuritaires dans la région, mais également son propre destin, en privilégiant des conflits ethniques et politiques. C’est pourquoi aujourd’hui les perspectives qui doivent être prises en considération c’est d’ouvrir et de fédérer ses intérêts collectifs vitaux en force de défense et de sécurité, chargée d’assurer la police nationale, la sécurité des citoyens, la sécurité du territoire sont la condition sine qua non de sa survie en tant que sujet du monde, un État de puissance régional.
L’immensité de ce nouveau défi est grand tellement grand qui est le mien et l’intensité de l’investissement est tellement large qui est le nôtre.
À quelques centaines de mètres de la présidence, non loin du haut commandement de la gendarmerie, sur les narines du camp Samory, comment est-il possible de concevoir l’évasion d’un ou des détenus à un tournant décisif de l’histoire du monde et de la Guinée en particulier ? C’est une honte aux responsables de la sécurité publique et de la sécurité de la maison centrale. D’ailleurs cette maison centrale n’a pas sa raison d’être à Coronthie. Il est impérativement urgent de délocaliser ce site pour un autre endroit beaucoup plus sécurisé. Combien de personnes sont terrifiées aujourd’hui par cette attitude insécuritaire de la sécurité ?
En tant normal les gardes pénitentiaires devraient être des gendarmes bien formés. Où se trouve la sécurité d’une prison dans un pays où les gardes pénitentiaires partent en grève pour non paiement ? Si cette évasion est consommée ce que personne n’est en sécurité en Guinée. Il est apparemment crucial de rappeler à ceux qui ont la charge de la chose publique que ce qui vaut pour le palais présidentiels, le haut commandement, la société, la population, le camp militaire vaut obligatoirement pour les prisons et les prisonniers: la sécurité.
Dans ce contexte, les autorités guinéennes affichent une incapacité dans le domaine de stabilité et de sécurité, malgré l’existence d’un contingent militaire dont on considère capable de sauver la ville en qu’a d’attaque.
Diriger des enquêtes pour un magistrat devient inquiétant et compliqué et surtout une action publique dans un tel environnement nécessite une sécurité assidue et une évaluation correctes des enjeux et défis qui entourent le lieu de détention, afin de faire les choix les plus pertinents possibles . Pour ce faire, il convient de mettre en place des moyens propres à faciliter la prévention et la gestion des incertitudes au moment des prises de décision par la garde de ces détenus, la formation des agents et la mise à leur disposition des outils nécessaires est une obligation étatique, l’anticipation stratégique et la prospective s’impose à un système de sécurité.
Alors, si l’étude des problématiques rattachées à l’enjeu de sécurité nationale constitue une condition sine qua non à la détermination des tenants et aboutissants de tout environnement sécuritaire dans toute sa grandeur, elle n’en constitue cependant pas en Guinée une condition suffisante, parce qu’elle ne permet pas une prise en compte des vulnérabilités, risques et menaces auxquels les guinéens sont aujourd’hui exposés du fait de l’irruption sur le devant de la scène publique de préoccupations d’ordre sécuritaire.
Abdoulaye Bademba Diallo, juriste, écrivain et essayiste. Auditeur de master droit public à l’université du Sahel de Dakar