vendredi, novembre 15, 2024
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CRIEF : un autre coup de claque le calque de l’embarcation juridico-politique en manque de boussole

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De l’avis de nombreux Guinéens, la mise en place de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), a été l’une des mesures phares de la transition du CNRD. Malheureusement, cette Cour dont la création a suscité autant d’espoir dans le cadre de la reddition des comptes de nos gouvernants, semble désormais se détourner de son objectif pour servir d’instrument de « sale boulot » sadique contre des anciens dignitaires, notamment ceux qui ont des offres politiques. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana et l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara. Alors que ceux-ci peinent à bénéficier d’une évacuation sanitaire après plusieurs demandes sur la base de rapports médicaux, c’est un autre prévenu en l’occurrence Michel Kamano, ancien député, qui vient de bénéficier sans obstacle d’une autorisation de sortir du territoire pour des raisons de santé.

Il y a visiblement du hic à la CRIEF ou du moins un paradoxe vénal d’une odeur fécale dans les procédures judiciaires concernant certains dignitaires du régime Alpha. Il s’agit notamment de la procédure contre l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana et l’ancien Président du parlement Amadou Damaro Camara. Ces personnalités politiques sont poursuivies pour plusieurs chefs d’accusations quelques mois juste après l’avènement du coup d’état du 5 septembre. Ils ont été placés sous mandat de dépôt depuis avril 2022.

Alors que tout le monde s’attendait à l’ouverture d’un procès équitable dans un délai raisonnable, le parquet par faute d’élément justificatif pour soutenir ses accusations, a préféré les garder en prison au-delà de la période indiquée par le code de procédure pénale. Il a fallu attendre plus d’un an pour assister à l’ouverture d’un semblant de procès dont le verdict semble connu d’avance.

En dépit de cette situation honteuse pour la justice guinéenne, les prévenus cités ci-haut, traversent des moments très critiques liés à leurs états de santé. Tous les deux sont d’ailleurs alités dans différentes structures sanitaires à Conakry et dans des conditions qui nécessitent leur évacuation. Cela, sur la base des nombreux rapports médicaux produits à cet effet par des médecins guinéens et étrangers. Malheureusement, les multiples demandes formulées dans ce sens ont été balayées comme une balle de tennis au niveau de la CRIEF.

Pour le cas Kassory Fofana, outre les nombreux refus d’autorisation de sortir pour des raisons médicales, toutes les décisions rendues au niveau de la chambre de l’instruction et celle du contrôle de l’instruction en faveur de sa libération provisoire, ont fait l’objet de contestation par le parquet spécial de ladite Cour qui a toujours relevé appel. Ce qui exprime clairement une certaine volonté de les maintenir indéfiniment en détention.

Alors qu’on continue d’assister à ces farces et parodies de justice, ce jeudi 22 juin, la CRIEF nous a servi d’une autre décision toute miraculeuse et incomprise qui en rajoute à l’indignation et à la déception de plusieurs Guinéens quant à son indépendance et intégrité.

En effet, dans le dossier concernant le projet de construction du futur siège de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara et d’autres anciens députés dont Michel Kamano, sont poursuivis par le ministère public et l’Etat guinéen. Après le renvoi de quelques semaines, le procès s’est rouvert ce jeudi devant la chambre de jugement de la CRIEF. Contre toute attente, les débats ont porté sur une demande d’évacuation sanitaire pour l’honorable Michel Kamano, ancien questeur du parlement.

Interrogé pour son avis sur cette demande d’évacuation de l’ancien député Michel Kamano, le parquet spécial de la CRIEF n’a trouvé aucune objection. Le substitut de Aly Touré, déclare clairement que la vocation du ministère public n’est pas de priver un citoyen de son droit d’aller se faire soigner. Lazare Mamady Bauré, ajoute que le premier droit d’un prévenu est le droit à la santé.

Telle une entente préalable, le conseil de l’agent judiciaire de l’Etat, dit ne jamais s’opposer à la demande d’évacuation d’un prévenu pour des raisons de santé.

« L’Etat guinéen ne va jamais s’opposer au droit à la santé d’un citoyen guinéen. Nous ne trouvons pas d’objection à cette demande d’évacuation », a précisé maître Amadou Baben Camara.

La justice a double visage.

Après avoir entendu les différentes parties, le juge Francis Kova a tout de suite apporté de l’eau au moulin pour acter soigneusement l’autorisation de sortir du territoire national pour Michel Kamano, pour un délai de 31 jours. Cette décision curieuse suscite assez d’interrogation dans l’opinion.

Primo, il y a juste deux jours, Paul Moussa Diawara ancien DG de l’OGP et son DAAF Inza Bayo, ont été condamnés à 5 ans de prison par la CRIEF pour des faits de détournement de deniers publics.

Le paradoxe, Michel Kamano, questeur de la 9e législature, donc le financier du parlement, a été inculpé pour les mêmes chefs d’accusation que l’honorable Amadou Damaro Camara, ancien Président de l’Assemblée. Mais lui Michel Kamano, a été placé sous contrôle judiciaire contrairement à Damaro qui a été envoyé en prison.

Deuxio, depuis plusieurs mois, Amadou Damaro et Ibrahima Kassory Fofana, demandent à être évacués pour des raisons de santé sans succès. Les deux ont été sortis de prison d’urgence pour être admis à l’hôpital. Les nombreux rapports médicaux fournis par des médecins guinéens et étrangers pour leur évacuation, n’ont jamais été examinés ni par le ministère public, ni par l’agent judiciaire de l’Etat, encore moins par les magistrats de siège.

Mais quant à Michel Kamano, hors détention et n’ayant jamais été hospitalisé depuis le début de son procès, toutes les parties ainsi que la CRIEF elle-même, ont accédé à sa toute première demande d’évacuation sanitaire. La raison de la priorisation de la santé des prévenus s’est vite fait entendre pour lui, mais jamais pour Kassory et Damaro, pourtant alités depuis des mois sous ordre de la même Cour. N’est-ce pas curieux ?

Cette pratique du deux poids deux mesures, est une démesure de trop de la CRIEF du CNRD. Qu’a-t-on fait des rapports médicaux de l’infirmerie de la maison centrale, de la clinique pasteur, de l’hôpital américain de Paris pour refuser l’évacuation sanitaire de l’ancien Premier ministre ? Faut-il continuer à croire à l’indépendance de la justice et à l’intégrité des magistrats ?

Visiblement, il faut ne pas avoir d’ambition ou d’influence politique pour bénéficier d’un traitement favorable et espérer avoir justice à la CRIEF, ou du moins appartenir à certains cercles d’amitié, de communauté ou de réseau puissant de la gouvernance actuelle du pays. Le cas Michel Kamano et d’autres sont une parfaite illustration.

Dans de telles conditions obscures et incompréhensibles, il n’y a pas lieu d’espérer une justice équitable en tout cas pour l’heure, si ce n’est la justice divine qui se fera entendre un jour ou l’autre.

 

Algassim BAH, citoyen indigné

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