Ouvertes le 20 janvier 2023 à la cour d’appel de Conakry, les auditions des victimes du régime d’Alpha Condé ont repris ce vendredi 07 avril 2023 au cabinet de maître Thierno Souleymane Baldé à Sonfonia centre, a appris Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
En effet, le parquet du tribunal de première instance de Dixinn a engagé des poursuites contre l’ancien président Alpha Condé et 26 autres responsables de son régime en mai 2022, les accusant d’assassinats, d’actes de tortures et d’enlèvements.
À en croire Me Thierno Souleymane Baldé, avocat de la défense, ce sont au total 260 parents de victimes du défunt régime qui sont attendus devant les officiers de cette enquête préliminaire. Mais qu’est-ce qui a occasionné la délocalisation de ces auditions de la cour d’appel au cabinet de cet avocat ? Me Thierno Souleymane Baldé apporte des précisions. « Les auditions ont repris aujourd’hui même à mon cabinet ici à Sonfonia. Vous savez chaque vendredi nous avons l’habitude d’organiser les auditions au niveau de la cour d’appel de Conakry ; mais, cela posait une certaines difficultés au niveau de certains parents des victimes non seulement au niveau de l’accès à Kaloum ce pas facile pour certains parents qui habitent en banlieue mais au-delà, il y a la question du transport. Même s’ils ne le disent pas ouvertement mais on le sait il y a certains problèmes à ce niveau. Donc, on a pu convaincre les officiers de police judiciaire en charge de cette enquête préliminaire de se déplacer à mon bureau à Sonfonia centre afin de les auditionner ici », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Me Thierno Souleymane indique qu’il y a eu beaucoup plus d’affluence ce jour par rapport aux précédentes journées puisque l’accès est beaucoup plus facile. Par ailleurs, il déplore le manque criard d’équipements logistiques et de communication. « Comme on le dit dans chaque travail, il y a des difficultés mais pour l’instant ça va. Les obstacles sont toujours liés à la logistique, les déplacements, ajouté à cela un manque de communication et d’information. C’est pourquoi d’ailleurs, nous lançons un appel à toutes les personnes qui sont en contact avec les parents des victimes ou des victimes de prendre contact avec nous. Nous allons laisser un numéro standard sur lequel nous contacter », a-it-il fait savoir
Interrogé sur le déplacement du Pr Alpha Condé à l’extérieur du pays, Me Thierno Souleymane Baldé affirme que ce n’est pas la question qui lui préoccupe à ce stade de la procédure, mais le moment venu dit-il, « on verra ce qu’il y a lieu de faire ».
Présent à ces auditions, Oury Baïlo Diallo porte-parole des parents et victimes du régime Condé, explique les circonstances de l’assassinat de son fils. « Mon fils s’appelle Mamadou Baïlo Diallo. Donc le mercredi 14 mars 2018 on est venu ensemble dans ma boutique à Wanindara là où je vends. On est resté là jusqu’à 11 heures et je l’ai laissé là-bas seul. Mais en quittant je lui avais dit de rester là pour ne pas que les enfants ne viennent prendre nos marchandises. Il se trouve que moi j’étais un peu souffrant, je suis rentré à la maison. Donc après la prière de 14 heures, j’ai pris mon téléphone je l’ai appelé mais en vain parce que son numéro était éteint. Directement j’ai eu la peur au ventre parce que ça tirait partout là-bas. Je ne pouvais même plus y retourner car il n’y avait pas de route. C’est comme ça que je suis resté à la maison jusqu’à la prière de 17 heures. Et c’est là que les gens ont commencé à m’appeler partout pour me demander si je savais où était mon fils, j’ai répondu que je l’avais laissé dans ma boutique, la personne raccroche immédiatement. Personne n’osait me le dire. Et là mon cœur a commencé à accélérer car je me suis dit que peut-être ils l’ont tué. J’ai forcé la situation pour aller le voir mais je suis allé jusqu’au rails vers Kobaya ils m’ont appelé pour me dire qu’il est revenu à la maison de me retourner. J’ai dit d’accord. Mais à peine arrivée, j’ai constaté qu’il y avait énormément de gens chez moi, j’ai dit non il doit y avoir quelque chose. Donc c’est là qu’ils m’ont dit que mon fils était parti secourir un vieux qui ne supportait plus les gaz lacrymogènes mais qu’à son retour, quelqu’un a tiré sur lui et il est décédé. C’est comme si le ciel était tombé sur ma tête, je ne pouvais même pas bouger », a-t-il raconté.
La question qu’il faille se poser, à quand l’ouverture de ce procès quand on sait que le principal concerné est hors du territoire Guinéen.
Mamadou Hassimiou Diallo pour Laguinee.info