Un an de prison ferme, c’est la peine requise par le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Kaloum contre monsieur Sidy Dieye, Directeur Général de la Banque Islamique de
Guinée. Le patron de la BIG est poursuivi par l’ex Directeur des Ressources Humaines de la même institution, monsieur Amadou Bah, pour « faux et usage de faux, et harcèlement moral ». La défense parle de faits non justifiés et demande par conséquent la relaxe de son client,
a appris la rédaction de Laguinee.info.
C’est une poursuite engagée non seulement contre le DG de la BIG en tant que personne physique, mais aussi contre la banque elle-même en
tant que personne morale. Le plaignant, Amadou Bah, affirme avoir été suspendu puis licencié sur la base de faux documents. Une accusation
que réfute la défense en ces termes : « Monsieur le président, votre tribunal cherche à savoir dans cette affaire si la BIG, représentée dans ce dossier par son DG, monsieur Sidy Dieye, et monsieur Sidy
Dieye lui-même en tant que personne physique, sont coupables ou non des faits mis à leur charge. Dans ce dossier, on reproche à nos clients des faits de faux et usage de faux, harcèlement moral. En ce
qui concerne le faux et usage de faux, nous n’avons vu aucune preuve que nos clients ont commis ces faits à l’encontre de monsieur Amadou
Bah. S’il y a du faux et usage de faux, ce serait peut-être de la part de monsieur Amadou Bah contre nos clients et non le contraire…S’agissant du harcèlement, nous n’avons vu aucune preuve non plus de harcèlement de monsieur Bah de la part nos clients. A aucun moment, la
Banque Islamique de Guinée n’a eu une intention malveillante à l’endroit de monsieur Amadou Bah. Sur ce, nous, avocats de la défense, disons que les faits mis à la charge de nos clients sont injustifiées
; et, nous plaidons la relaxe pure et simple », a martelé Me Mohamed Traoré.
Mais pour la partie civile il n’y a l’ombre d’aucun doute, les faits sont avérés. Le plaignant demande une sanction contre à la fois la BIG et son DG monsieur Sidy Dieye et surtout le paiement d’une amende de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommage et intérêts pour le préjudice subi. Me Elhadj Madiou Barry est l’avocat de la partie
civile : « Monsieur Amadou Bah a été engagé à la Banque Islamique de Guinée en tant que responsable des Ressources humaines. Mais, monsieur le président, à un moment de l’exercice de sa fonction, Amadou Bah a eu une situation difficile. Son papa est tombé malade et a été admis à l’hôpital dans état critique. Au même moment, sa femme aussi est tombée malade. Elle a même perdu son bébé dans le même temps. C’est au
cours de ce moment difficile que monsieur Bah recevait du Directeur Général de la Banque Islamique de Guinée des mails à des heures
indues qui contenaient des propos quelquefois déplacés… Courant septembre 2018, Amadou Bah a été rétrogradé de son poste de DRH au
poste de chargé de la clientèle à Lambanyi. Puis, il a été suspendu de ses fonctions ; et, enfin, il a été licencié sur la base d’un faux document. Ces actes à travers lesquels monsieur Bah a été mis dans
cette situation très difficile ont été attaqués devant le tribunal de travail. Ce tribunal a annulé ces actes et a ordonné le rétablissement immédiat de monsieur Bah dans ses fonctions de DRH. Ce qui n’a pas été fait, malgré toutes les dispositions prises dans ce sens. La Banque Islamique de Guinée a interdit à monsieur Bah l’accès à son bureau…Monsieur le président, la Banque Islamique de Guinée, représentée ici
par son Directeur Général, Sidy Dieye, et monsieur Sidy Dieye en tant que personne physique ont effectivement commis les faits de faux et
usage de faux, harcèlement moral au préjudice de monsieur Amadou Bah. C’est pourquoi, nous plaidons qu’il vous plaise de retenir la Banque
Islamique de Guinée et monsieur Sidy Dieye dans les liens de la culpabilité des faits à eux reprochés et les condamner solidairement au paiement de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts au préjudice de monsieur Amadou Bah », a dit Me Elhadj Madiou Barry, avocat de la partie civile.
Prenant la parole, le Ministère Public n’est pas passé par le dos de la cuillère. Le procureur Ousmane Sankon a invité le tribunal à maintenir l’accusé dans le lien de culpabilité. « Nous avons suivi les débats contradictoires ici devant vous, monsieur le président. Amadou
Bah nous a dit ici, au cours des débats, qu’il a été injustement rétrogradé, puis suspendu ; et, enfin, licencié de sa fonction de directeur des ressources humaines par la BIG sur la base d’un faux document. Il a été indiqué devant votre tribunal que ces décisions de la Banque Islamique de Guinée ont été attaquées au tribunal de travail
; et, ces décisions ont été annulées par ledit tribunal qui a d’ailleurs ordonné que monsieur Bah soit rétabli immédiatement dans ses fonctions de directeur des ressources humaines de la BIG. Malgré le concours d’un huissier de justice désigné pour l’exécution de cette décision du tribunal, monsieur Bah n’a pas récupéré son poste de DRH.
Il a été justifié lors des débats que les actes qui ont été pris par les prévenus contre le plaignant étaient sur la base d’un faux document que la Banque Islamique de Guinée considère comme son
règlement intérieur. Les décisions de rétrogradation, de suspension et de licenciement de la Banque Islamique de monsieur Amadou Bah n’ont pas été exécutées dans les règles de l’art. Monsieur Amadou Bah ne travaille pas aujourd’hui. Il a une famille à nourrir, il a des dépenses à faire. C’est lui seul qui sait comment il se débrouille
depuis son licenciement pour nourrir sa famille.
C’est pourquoi, monsieur le président, le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir la Banque Islamique de Guinée et monsieur Sidy Dieye dans les liens de la culpabilité des faits de faux et usage
de faux et harcèlement moral. Pour la répression, vous allez condamner la Banque Islamique de Guinée, représentée par son Directeur Général,
monsieur Sidy Dieye, au paiement de 2 millions de francs guinéens d’amende ; et, monsieur Sidy Dieye, en tant que personne physique ici
présente, à un an de prison et au paiement d’un montant de 500 mille francs guinéens d’amende », a requis le procureur, Ousmane Sankon.
Au finish, le Tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision le 22 février prochain.
La rédaction de Laguinee.info