Une grande partie de la population de Kenendé, dans la préfecture de Dubréka a été victime de déguerpissement ce mercredi 27 janvier 2021.
Cette opération engagée par les autorités vise à récupérer les domaines fonciers de l’État a constaté le correspondant de Laguinee.info présent sur place.
Sur le terrain, les victimes de cette opération n’en reviennent pas. L’une d’entre elles, Mohamed Sylla, raconte : « j’ai acquis ce domaine des mains de l’autorité préfectorale suivant toutes les règles et
procédures, je dispose de tous les documents y afférant. C’est hier, tard dans la journée que j’ai été appelé par les voisins, me disant que nos bâtiments sont cochés par l’habitat et que nous devons quitter
les lieux dans les 24 heures qui suivent », explique-t-il.
Pris de court, Mohamed Sylla a vite entamé quelques démarches, mais en vain : « j’ai acheté le domaine par le biais du chef de quartier. Mais, ce matin nous sommes allés chez lui et nous avons trouvé qu’il avait totalement disparu. Donc ici, j’essaye de récupérer les portes et quelques madriers de mon toit, car cette situation est inédite »,a-t-il déclaré avec consternation.
Non loin de là, Ibrahima Camara, une autre victime reste moins tendre à l’égard des autorités : « Aujourd’hui nous faisons face à un État sauvage, dirigé par des personnes irréfléchies. Sinon même s’il est clair que toute la terre appartient à l’État, il est de son devoir de nous consulter avant d’entreprendre une telle opération. Moi j’ai légalement acquis cet endroit et je dispose même du titre foncier. En plus, j’ai faitvenir à double reprise les topographes pour la vérification avant
d’avoir construit. C’est toute ma vie qui est partie en fumée comme ça. J’avais un projet pour la pisciculture ici avec un investissement de plus de 250 millions de francs guinéens car le bassin pouvait accueillir jusqu’à 50.000 poissons. Ils viennent cocher hier et cassent les bâtiments aujourd’hui, c’est inexplicable. Je demande à
l’État de prendre sa responsabilité et nous rétablir dans nos Droits», a-t-il interpelé.
Au moment où nous quittions les lieux, les bâtiments tombaient les uns après les autres, sous le regard impuissant des propriétaires.
Mamadou Saliou Baldé pour Laguinee.info
