Le procès opposant l’ancien ministre de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire Ibrahima Kourouma et le collectif des victimes de Kaporo Rails a été de nouveau ouvert ce jeudi 22 décembre 2022 devant le tribunal de première instance de Dixinn. Aussitôt ouverte, l’affaire a été renvoyée au 19 janvier 2023 pour des raisons sécuritaires, a appris Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
Dès l’ouverture de l’audience, le procureur près le tribunal de Dixinn a demandé le renvoi du procès. Il motive sa demande pour des raisons sécuritaires du fait de la pléthore de la partie civile. Une demande que maître Alpha Yaya Dramé, avocat des victimes, balaie d’un revers de la main. Il promet la tenue de ce procès quel que soit le temps.
« Je suis un peu déconcerté et plus ou moins fâché. Je cherche toujours la boussole mais je peine à la trouver, en tout cas elle n’indique pas encore le Nord. Aujourd’hui, on nous dit, puisque les victimes sont nombreuses, 1214 qu’ils n’ont pas eu les moyens suffisants pour préserver l’ordre public. Mais depuis que les victimes ont subi ce qu’ils ont subi en 2018, à aucun moment les gendarmes n’ont intervenu pour les disperser. Ils ont le droit de manifester mais jamais ils se sont réunis pour troubler l’ordre public. C’est pour cela qu’aujourd’hui les victimes sont arrivées, c’est seulement le collectif qui est arrivé au tribunal parce que je leur ai dit nécessairement il faut que chacun reste chez-soi et que les représentants légitime soient au tribunal.
Si par trois fois on donne des motivations qui ne tiennent pas sur un cheveux pour obtenir le renvoi sous prétexte que c’est un ancien ministre, on en a pas fini. Parce que dans ce pays, on a deux catégories de citoyens (…) Tant que le souffle sortira de mes poumons et même après ma mort, il y aura un avocat qui reprendra ce dossier. S’il faut attendre l’extinction du soleil, nous l’attendrons mais cette affaire sera jugée et monsieur Kourouma sera mis en face de ses responsabilités pour ce qu’il a fait. Nous sommes prêts à tout, mais encore faut-il qu’il apporte des preuves qu’il existe des frais de procédure causés par le tribunal que n’importe autre procédure n’a pas causée. Mais le tribunal a jugé souverainement et a fixé à 3 millions. Mes clients sont restés stoïques, résilients, respectueux de la loi. Le temps a fait son ton mais à aucun moment, ils n’ont jeté une pierre sur quelqu’un et ils ne le feront jamais », soutient l’avocat des victimes.
De son côté, l’avocat de la défense déclare que même son client est pressé à passer. Car, dit-il, il ne se reproche rien. « Monsieur Kourouma a été placé sous mandat par la chambre d’instruction de la Crief. Pour que monsieur Kourouma soit jugé devant le tribunal de Dixinn, il faut prendre des mesures. Parce que non seulement il a été ministre et aussi la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières) n’accepte pas d’envoyer des personnes qui sont détenues à la suite des mandats décernés par elle devant les autres juridictions. C’est ce qui fait qu’il ne s’est pas présenté. Le parquet a raison, il y a tellement de prétendues victimes. Si le procureur ne prend pas les dispositifs nécessaires, ça va déborder et s’ il y a débordement, ça va troubler l’ordre public. Nous sommes prêts, nous sommes même pressés, notre client est pressé et il ne se reproche rien. les parties civiles seront étonnés », rassure Maître Mamady Doumbouya l’avocat de Ibrahima Kourouma
A rappeler que l’ancien ministre de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire
est poursuivi pour rébellion, destruction d’édifices privés, bris des clôtures, enlèvement des bornes, abus d’autorité et de fonctions.
Mamadou Mouctar Sylla pour Laguinee.info