Mamadou Oury Barry c’est le nom du détenu qui a perdu la vie en détention provisoire le samedi 16 janvier 2021 à la Maison Centrale de Conakry. Selon ses parents biologiques, le défunt a été arrêté le 5 août 2020 à Cosa par la compagnie de la gendarmerie située auprès des rails. Un journaliste de laguineeinfo s’est entretenu avec la maman du disparu. Elle revient sur les circonstances dans lesquelles son fils a été interpellé :<<mon fils était parti à Cosa et les gendarmes qui sont près des rails là-bas l’ont arrêté. Delà, ils l’ont conduit à la centrale de petit Simbaya. Mais comme moi je réside à Labé, mes frères sont partis lui rendre visite. Aux dires de ces derniers il a été signalé par quelqu’un soi-disant qu’il fait partie de ceux qui brûlent les pneus sur la voie publique lors des manifestations de rue. Du coup mon frère a dit de l’aider à ce que mon fils rentre à la maison. Ils ont répondu en disant qu’ils sont à la recherche de telles personnes qui leurs indisposent lors des manifestations. Aussitôt, il a été immédiatement transféré à la Maison Centrale. Donc la famille m’a fait appel de venir de Labé. Et dépuis que je suis là je le rends visite à chaque fois que c’est possible. Mais le jeudi passé, il m’a appelé pour me dire qu’il a mal au ventre. En partant lui rendre visite j’ai payé des produits. À mon arrivée, ils m’ont dit qu’il n’est pas autorisé de faire rentrer les produits. Ils m’ont dit qu’un centre de santé se trouve dans la cour et que des médecins spécialistes y sont pour s’occuper des détenus. Le vendredi aussi je suis allé là-bas et j’ai passé toute la journée, mais je n’ai rien compris. Quand j’ai demandé de rentrer ils m’ont dit que les visites ne sont pas autorisées. Et le numéro sur lequel mon enfant m’appelle était aussi éteint. Donc le soir je suis rentrée à la maison. Le samedi les amis de mon enfant m’ont appelé de venir que mon enfant est gravement malade. Mais eux ils n’ont rien voulu me dire, mais comme j’ai le contact d’un agent là-bas, j’ai appelé ce dernier qui à son tour m’a demandé du papa de l’enfant. J’ai répondu que son papa est à Bamako. J’ai insisté sur qu’est-ce qui est arrivé à mon fils et il m’a finalement dit qu’il est décédé. Directement  mon petit frère est parti à la Maison Centrale et il a été informé que le corps sans vie est transféré à la morgue de l’hôpital Ignace Deen>>, relate la mère.

Poursuivant, la dame, après ce décès, dit n’avoir besoin que d’une chose :<<maintenant là nos parents sont partis à la morgue dans l’espoir de récupérer le corps. Aujourd’hui je souhaite qu’il me soit restitué la dépouille de mon fils. C’est le seul enfant que j’ai eu de toute ma vie et aujourd’hui il s’en va pour toujour>>, a-t-elle déploré avant de fondre en larme.

À préciser que depuis son arrestation en août 2020, le défunt n’a été entendu par le juge d’instruction que ce jeudi 14 janvier dernier 2021. Et de par nos investigations, le 5 août 2020, date à laquelle Mamadou Oury Barry a été arrêté, ne correspond à aucune manifestation publique organisée. Aujourd’hui, la question de détention à la Maison Centrale mérite une réflexion de la part des décideurs, des acteurs des droits de l’homme et de l’opinion publique en général.

Maké Fofana pour Laguinée.info