Madame La Modératrice, Lerato Mbele
Monsieur le Directeur Afrique de la fondation, Johachim Monsieur le Président du
RLA, Gilbert Noël Ouedraogo
Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités, tous protocoles respectés,
Distingués invités,
Je reçois le Africa Freedom Prize 2022 avec une profonde gratitude et une très
grande humilité. C’est un prix qui témoigne de notre plus grande aspiration de vivre
dans un monde et des sociétés où la liberté, la justice, la démocratie, l’État de droit,
ainsi que le respect, la protection et la promotion des droits humains sont au cœur de
la gouvernance et des priorités absolues pour les États. Je suis très honoré et touché
par cette marque de reconnaissance de la Fondation Friedrich Naumann pour la
liberté.
La récompense qui m’est décernée ce jour honore la formation politique que je dirige,
l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Je dédie ce Prix aux millions de
militants et sympathisants de ce grand parti, ainsi qu’à toutes celles et tous ceux qui
se battent avec nous pour l’avènement d’une véritable démocratie et d’un État de droit
en République de Guinée. J’ai une pensée émue pour les centaines de personnes qui
ont perdu la vie dans ce combat que nous menons, ainsi que celles qui portent en elles
les séquelles des brimades et de la répression sanglante et aveugle qui s’abat sur
nous depuis plus d’une décennie. Je rends un hommage appuyé aux nombreux héros
et héroïnes anonymes, qui mènent ce combat pour la liberté, la démocratie et l’État de
droit, au péril de leur vie, dans des conditions extrêmement difficiles, en Guinée et
ailleurs en Afrique, parce qu’ils sont conscients et convaincus que notre continent
mérite une meilleure gouvernance au service des populations.
Mesdames et messieurs,
La lutte pour la liberté, la démocratie et l’État de droit est un combat difficile à mener
en raison des conservatismes et de la capacité des détenteurs du pouvoir dans nos
pays à utiliser l’appareil d’État pour réprimer les populations et assurer l’impunité à
ceux qui agissent en violation des lois. C’est donc un combat qui nécessite d’énormes
sacrifices. Nous faisons face à un appareil répressif capable de commettre les pires
atrocités contre la population. Au cours des dix dernieres années, nous avons subi
toutes les formes de brimades, avec des intimidations, assignations à résidence
surveillée, interdictions de manifestations, interdictions de voyager, calomnies,
répressions barbares et sanglantes au cours desquelles des centaines de vies
humaines ont été perdues. Mais nous n’avons jamais cédé à la tentation de la violence.
Nous avons même dû renoncer, au nom de la paix et de la cohésion nationale, à deux reprises, en 2010 et en 2020, à notre victoire à l’élection présidentielle, pour que notre
pays ne sombre pas dans la guerre civile.
Après onze années d’un régime attentatoire aux droits de l’Homme et aux libertés
fondamentales, les Guinéens croyaient en finir avec leurs vies de cauchemars, lorsque
survint le dernier coup d’état militaire, le 5 septembre 2021. Hélas, les habitudes ont
la peau dure ! Les mêmes pratiques ont refait surface : arrestations arbitraires,
abandon du consensus politique au profit d’un unilatéralisme inquiétant, suspension
des libertés fondamentales telles que les manifestations pacifiques,
instrumentalisation de l’institution de la justice à des fins politiques. Au moment même
où je vous parle, des responsables de la société civile et des leaders politiques sont
persécutés, et parfois privés de leurs libertés, pour la simple raison qu’ils ne veulent
pas transiger avec leurs convictions libérales et renier la défense de la démocratie et
de l’État de droit.
Mesdames et messieurs,
Oui, ce prix récompense sans aucun doute les efforts du passé et un travail déjà
accompli pour la « cause de la liberté en Afrique », et Dieu sait que les sacrifices ont
été nombreux. Mais son obtention ne peut être considérée comme un aboutissement.
Au contraire, je perçois ce prix comme un contrat moral, un engagement mutuel entre
vous et moi. À moi, cette noble mission de continuer le combat pour la liberté, la
démocratie et la bonne gouvernance dans mon pays et à la fondation de poursuivre
son assistance et son soutien dans cette noble lutte pour la liberté à tous les
responsables politiques qui se reconnaissent dans ses valeurs.
Oui ce prix m’oblige à tenir bon, à garder le cap, à montrer la voie aux millions de mes
compatriotes qui croient en moi et qui voient en moi la personne indiquée pour apporter
le changement tant attendu dans le mode de gouvernance et le rapport entre
gouvernants et gouvernés en République Guinée. Il m’encourage à persister, il me
pousse à tenir et à persévérer. C’est un soutien inestimable pour ma personne et pour
le parti que je représente. Mais surtout, au-delà de mon cas particulier et de celui de
ma formation politique, ce sont les couleurs du libéralisme que vous portez haut ici.
C’est l’essor de la démocratie en terre africaine qui est solennellement promue ici. Les
démocrates africains qui, au moment-même où je parle, risquent l’exil, la prison ou la
mort, savent qu’ils ne sont pas seuls dans l’épreuve : des hommes et des femmes
épris de liberté et de fraternité humaine sont à leurs côtés sur le dur chemin de la
liberté. Je n’ai aucun doute là-dessus : quelles que soient les terribles difficultés du
moment, la victoire est proche, en Afrique aussi, la démocratie finira par triompher. Il
n’y a plus de place nulle part pour la dictature.
Votre soutien et votre confiance décuplent mon énergie et m’encouragent dans ma
détermination. Je ne reculerai pas, je vous en fais la promesse, parce que je ne suis
pas seul à lutter pour que la liberté et la démocratie soient enfin une réalité dans mon
pays. Le peuple de Guinée dans sa grande diversité et dans une large majorité soutient
mon ambition pour la Guinée et les Guinéens : Unir et Servir !
Mesdames et messieurs,
Nous ne rappellerons jamais assez l’importance de la liberté pour la préservation de
la paix dans le monde, l’épanouissement des individus et le développement des
sociétés. Là où les conflits persistent, où les tensions se multiplient, où la pauvreté est
extrême, c’est justement parce que la liberté est niée ou menacée. La quête de la
liberté et la lutte pour des sociétés démocratiques et ouvertes sont ainsi des combats
perpétuels dont les avancées ne doivent jamais être prises pour définitivement
acquises.
Je tiens à vous remercier Madame la Directrice Générale ainsi que l’ensemble des
membres du jury dont le travail a conduit à me distinguer parmi tant de responsables
politiques. Je suis profondément touché de votre délicatesse à mon égard. Qu’une
fondation d’une telle renommée m’accorde le mérite de recevoir ce prix pour mes
combats et ma lutte pour la promotion de la liberté sur notre continent, sachez-le donc
honorables invités, j’accueille et accepte cette distinction avec beaucoup de
satisfaction.
Être le récipiendaire de ce prestigieux prix est un immense honneur que je dois à vos
constants soutiens et vos accompagnements dans mon combat pour la promotion et
la défense de la liberté. C’est donc notre prix à tous qui, à travers ma personne, vise
à saluer et reconnaître nos engagements pour un monde meilleur, une humanité
affranchie des injustices et des inégalités.
Mesdames et Messieurs,
Encore une fois, permettez-moi de vous adresser toute ma reconnaissance et mes
sincères remerciements pour le choix porté sur ma modeste personne et à travers moi
tous les combattants de la liberté et de la démocratie en République de Guinée et
ailleurs en Afrique.
Qu’il me soit ainsi permis de remercier du fond du cœur la Fondation Friedrich
Nauhman pour la liberté. Depuis qu’elle a vu le jour en 1958, dans un contexte marqué
par la fin de la Seconde Guerre mondiale et les luttes pour les indépendances, la
Fondation a œuvré et continue d’œuvrer pour l’émancipation des individus en
renforçant l’éducation et la culture de la citoyenneté. À travers le monde, la fondation
encourage des initiatives et soutient des projets qui permettent à des hommes et à des
femmes de reconquérir leur dignité. N’est-ce pas révélateur de cet engagement en
faveur de la dignité que ce prix me soit décerné sur la terre de Nelson Mandela.
Il nous faut donc demeurer alertes et vigilants pour maintenir haut le niveau d’exigence
pour nos libertés individuelles et collectives en ayant en conscience cette pensée du
Président Nelson Mandela : « La liberté ne peut jamais être tenue pour acquise.
Chaque génération doit la sauvegarder et la prolonger ».
L’avenir est au libéralisme !
THANK YOU !
Cellou Dalein DIALLO