L’ex-Premier ministre malien Boubou Cissé n’est pas en fuite, mais « en lieu sûr » à Bamako, contrairement à ce que suggère la justice qui le met en cause comme le cerveau d’une tentative de renversement des autorités, ont indiqué ses avocats vendredi.
Boubou Cissé, dernier chef de gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par un coup d’Etat militaire le 18 août 2020, fait partie des sept personnalités civiles mises en cause fin décembre par la justice.
Celle-ci les considère comme les protagonistes d’une « entreprise de déstabilisation » des autorités mises en place par les colonels pour mener à bien une transition censée ramener les civils au pouvoir.
Il se serait agi de discréditer les autorités et de semer le trouble jusqu’à la chute du gouvernement, selon le parquet.
Cinq de ces personnalités ont été écrouées. Mais Boubou Cissé, lui, « est resté introuvable », avait indiqué le parquet.
Boubou Cissé « est à Bamako et en lieu sûr », a dit à la presse l’un de ses avocats, Me Marcel Ceccaldi. « Boubou Cissé n’est pas en fuite », a renchéri un autre avocat, Kassoum Tapo.
Ce dernier a évoqué une intrusion, fin décembre, de plusieurs hommes présumés appartenir à la sécurité d’Etat chez M. Cissé en son absence, signifiant que M. Cissé n’avait pas de garantie quant à sa sécurité.
M. Cissé a rapporté cette semaine dans un entretien avec Deutsche Welle que ces hommes armés avaient « violenté » des personnes se trouvant chez lui.
« Si on m’avait simplement convoqué en bonne et due forme, évidemment je me serais présenté pour répondre aux questions (…) compte tenu du fait qu’on était face à l’arbitraire, je me suis mis à l’abri en attendant que je sois convoqué en bonne et due forme », a-t-il dit. Il indiquait se trouver au Mali, sans plus de précision.
Il n’est pas inculpé puisqu’il n’a pas été convoqué, disent ses avocats.
Le parquet considère que M. Cissé est au coeur du complot et lui prête l’intention de se présenter à la présidentielle que les autorités sont censées organiser sous 18 mois pour transférer le pouvoir à des civils, dit une source proche du dossier.
« Ce n’est pas à l’ordre du jour chez moi », a dit M. Cissé à Deutsche Welle.
« Il n y a rien dans le dossier », a déclaré Me Ceccaldi, au côté du collectif d’avocats défendant les mis en cause. Ils ont dénoncé le fait que la procédure était fondée sur un rapport des services secrets auquel ils n’ont pas accès.
Le parquet invoque des réunions clandestines, une propagande « subversive » à laquelle se serait prêté un animateur radio populaire surnommé « Ras Bath », un effort pour lever 200 millions de francs CFA (305.000 euros) qui auraient servi par exemple à instrumentaliser des syndicats, mais aussi des sacrifices rituels et des consulations auprès de marabouts importants, dit la même source proche de l’enquête.
En dehors de M. Cissé et « Ras Bath », quatre hommes ont été inculpés et écroués.
Autre personnage dans le collimateur: Sékou Traoré. Il occupait jusqu’alors le poste haut placé de secrétaire général de la présidence. La justice avait renvoyé en plus haut lieu une décision le concernant. Les autorités viennent d’abroger le texte le nommant, sans que soit connu son sort judiciaire à ce jour.
(Avec TV5.com)