« La Cargaison » est une pièce de théâtre écrite en 2020 par l’artiste-écrivain et metteur en scène Souleymane Bah dit Souley Thianguel, lauréat du Prix RFI théâtre 2020. Sa sortie officielle est prévue les 15 et 16 septembre 2022 au Centre Culturel Franco-guinéen. Un spectacle sera organisé à cet effet aux environs de 19 heures.

Rencontré par un journaliste de Laguinee.info dans l’après-midi de ce mardi 23 août 2022 en pleine répétition, Souley Thianguel Bah a fait un bref résumé de cette pièce théâtrale fortement inspirée d’un fait réel de la société guinéenne en 2019.

« La Cargaison est une pièce qui raconte l’histoire des jeunes manifestants tués dont les corps cherchent une sépulture, cherchent à être enterrés. Donc, c’est une histoire qui est fortement inspirée de la situation des jeunes en octobre 2019 à l’appel des manifestations à l’époque de l’opposition et du FNDC contre la modification constitutionnelle. Si vous vous souvenez, il y avait neuf jeunes qui avaient été tués et les corps ont été d’une certaine façon pris en otage, c’est-à-dire l’opposition d’un côté voulais organiser des grandes funérailles et de l’autre côté le pouvoir n’avait pas voulu. Du coup, les corps avaient été baladés entre l’hôpital Ignace Deen et l’hôpital Sino-guinéen. Donc, la pièce est fortement inspirée de ça, mais ça ne veut pas dire que c’est l’histoire de ces jeunes là que je raconte », a-a-t-il déclaré.

Face à ce tiraillement entre deux camps, l’auteur se demande quelle pourrait être la réaction de ces corps s’ils pouvaient parler ? Contrairement à certains textes où on peut rencontrer des personnages, Souley Thianguel a décidé de donner la parole aux morts et aux objets mortuaires. « Ce sont les morts qui prennent la parole pour se plaindre de la situation dans laquelle ils sont. Ce sont les objets mortuaires qui prennent la parole, notamment le corbillard, le cercueil, le cimetière, etc. Donc, des objets qui sont fatigués de ce tiraillement là et qui sont fatigués d’être utilisés régulièrement », a-t-il martelé.

Dans cette pièce, l’auteur précise qu’il n’est pas dans un théâtre de moralisation ni de sensibilisation, mais plutôt de constatation. Libre choix donc à la société de faire sa propre appréciation de la situation décrite dans les différentes parties de la pièce.

Serge Koto, originaire de Bénin, un des artistes choisis pour la mise en scène se dit très honoré avant d’expliquer la particularité de la pièce.

« C’est un honneur pour moi de pouvoir porter un texte pareil à la connaissance du public, d’autant plus je trouve que le texte est poignant, il est très fort. Donc, c’est un honneur de porter les mots de l’auteur. Toute la pièce en elle-même, elle est originale. Ce n’est pas comme les pièces de théâtre qu’on a l’habitude de voir, c’est spécifique. Chaque mot de la pièce est fort et ça touche beaucoup », a-t-il laissé entendre.

En répétition depuis environ un mois maintenant, ces artistes se montrent prêts à livrer un gros spectacle les 15 et 16 septembre prochain.

Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info
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