Ces dix dernières années en Guinée, la communication est utilisée par tous (professionnels ou pas). Certains le font sans tenir compte des paramètres qui entrent en jeu pour une meilleure réception du message. Et d’autres l’utilisent avec prudence et assez de rigueur dans le respect strict des principes de la communication.
En effet, beaucoup font l’amalgame entre ‘’être communicant et être porte-parole’’. Ces deux terminologies sont largement différentes du point de vue conception et de mise en œuvre.
La communication est un métier et non une fonction. Elle obéit à des règles strictes et impose un dynamisme très large. Ce métier demande assez de créativité, de connaissances multidimensionnelles, des fortes propositions accès sur des résultats via des objectifs atteignables et d’une curiosité constructive.
Cette confusion de dénomination est souvent perceptible en politique d’où, il serait judicieux voire impératif d’apprendre la communication politique dans le seul but d’appréhender les valeurs incontournables de cette communication. En Guinée, plusieurs partisans de partis politiques particulièrement les jeunes se nomment ‘’communicants’’, alors qu’ils font tout sauf la communication, au profit de la propagande politique et des injures à répétition.
La communication politique correspond, en effet, à un enjeu et un objectif : la conquête du pouvoir. Et si elle utilise aujourd’hui tous les canaux possibles de la publicité aux médias comme aux réseaux sociaux, ses messages sont construits au service d’un homme ou d’un parti à la recherche des suffrages des électeurs. La finalité est un processus d’adhésion à un parti politique parfois axée sur la manipulation (canal médiatique).
L’objectif de cette communication est de séduire, convaincre l’opinion sur leurs démarches. Mais en Guinée, les acteurs politiques ne sont pas dans le but de capter, de faire adhérer les citoyens sur leurs projets. Les discours politiques guinéens en grande partie n’ont pas un sens clair mais le plus souvent, basés sur le régionalisme, l’ethnocentrisme ou encore des attaques personnalisées vis-à-vis de leurs adversaires politiques. En principe, ces discours devraient fondamentalement porter sur des valeurs, des objectifs, du concret et du réel sur un programme ou projet de société consistant. Ce programme permettrait aux usagers ou électeurs de faire un choix idéal sur la personne qui les dirigera et non voter par appartenance familiale.
C’est là objectivement le véritable rôle d’un communicant, à ne pas confondre à la fonction de porte-parole.
Être communicant politique demande exclusivement une professionnalisation (formation adaptée), une capacité de discernement sur les stratégies adéquates axées sur la communication politique. Il est celui qui travaille dans l’ombre, qui définit des stratégies de communication, prépare des plans de communication, prépare conséquemment celui qui va parler au nom d’un parti politique. Il revient au communicant de tirer du positif dans le négatif.
C’est pourquoi, il doit avoir des prérequis. C’est-à-dire des préalables avant de se déclarer communicant politique. Il faut une connaissance à la base des sciences de l’information et de la communication (SIC) ; une connaissance en sciences politiques ; une connaissance en sciences économiques ; une connaissance en sociologie, une connaissance des médias et du numérique, etc. Donc, il n’est pas forcément appelé d’être dans les médias de manière permanente ou sur les réseaux sociaux car son travail est beaucoup plus technique et stratégique (travailleur dans l’ombre).
Et si aujourd’hui, tous les jeunes militants des partis politiques se disent communicants politiques sans tenir compte de tous ces facteurs clés cités ci-haut. Ça ne vous choque pas vous ? Moi si ! Alors faites attention !
Etre porte-parole, c’est de pouvoir porter la parole, les doléances, les revendications, les plaidoyers pour un groupe ou d’une entité donnée. Et cette prise de parole est le plus souvent spontanée, non préparée scrupuleusement et méthodiquement, improvisée qui ressemble à la communication interpersonnelle. Ceci dit que le rôle de porte-parole ne peut en aucun cas constituer un métier mais plutôt une fonction temporaire et circonstancielle.
Alors, il serait préférable pour le respect des valeurs communicationnelles de ne plus confondre le métier de la communication et la fonction du porte-parole. Pour le premier (communication), le responsable de la communication a pour vocation de diffuser une image positive de l’entité pour laquelle il travaille, de ses activités, de ses projets ou de ses hommes et faire adhérer le public cible sur leur programme. Il est le chef d’orchestre qui applique et coordonne la politique de communication. C’est pourquoi, il est appelé à être polyvalent car son métier est transversal, puisqu’il s’accentue sur le digital, l’éditorial, la publicité, l’événementiel, la communication de crise, le social média, les relations publiques ou public relations, les relations presse qui définit et met en œuvre une stratégie et un plan de communication qui répond aux caractéristiques requises. Tandis que le porte-parole n’a rien à préparer de toute cette panoplie de méthodes ou d’approches pour faire son travail. Il rend globalement compte de ce qui est décidé au sortir d’une réunion, d’une conférence, d’un conseil, d’un entretien soit de façon présentielle ou de manière en différée pour un groupe de personne.
Par ailleurs, j’exhorte aux responsables politiques et les autres de mieux choisir celui ou celle qui va les représenter devant un public cible donné mais surtout je conseille également à la couche juvénile de se former, de s’informer et de consulter les professionnels dans le seul but d’éviter la confusion entre le métier de la communication et la fonction du porte-parole. Pour ce qui est de la fonction, il est fondamental de définir les catégories de porte-parole et leurs objectifs en privilégiant la formation et la qualification de ces personnes.
En fin, le responsable de la communication doit être un stratège, créatif, curieux, organisé, pragmatique, visionnaire, rédacteur de qualité, producteur de contenus, disponible, diplomate parfois, excellent fabricant, polyvalent qui a donc le sens de l’écoute et le goût des relations humaines avec un savoir-faire de haut niveau.
Mamadou Adama BARRY
Journaliste, Communicant