Au dernier trimestre de l’an 2021, la Guinée avait un taux de pénétration de la téléphonie
qui dépassait les 100% et un taux de pénétration d’internet au-dessous de 50% avec près de
6.000.000 d’internautes pour une population de 13 Millions d’habitants. En Guinée comme
dans tous les pays du monde, le covid-19 fut un élément essentiel dans la hausse des taux de
pénétration d’internet. En cette journée international des TIC, la question cruciale est :
Quel bilan pour les TIC en République de Guinée en cette période post covid-19 ? Parlant
des TIC en Guinée, quatre (4) problématiques se posent à savoir : la Fracture numérique, le
service internet, le faible investissement dans les TIC et la cybercriminalité.
La Fracture numérique : il est important de comprendre que la hausse du taux de
pénétration d’internet n’est nullement pas synonyme de réduction de la fracture numérique
dans notre pays. En Guinée comme dans la plupart des pays d’Afrique de l’ouest, les zones
rurales sont les plus impactées par la fracture numérique une réalité liée au manque
d’infrastructures d’accès et à l’illettrisme numérique. Malgré que la législation sur les
TIC/Télécoms ait prévu un fonds de services universel afin de permettre aux zones rurales et
difficiles d’accès de bénéficier des mêmes services technologiques que les zones urbaines et
à forte densité. Pendant plusieurs années, nous nous sommes posés des questions sur la
destination de ce fonds collectés à l’époque de la Gouvernance d’Alpha Condé par l’Autorité
de Régulation des postes et télécommunications et qui représente 1% du chiffre d’affaires
de chaque société de téléphonie en République de Guinée.
Sous cette transition, une agence des services universels est créée et meublée. L’espoir est-il
permis ? cette agence pourra-t-elle-relever les défis d’accès aux services numériques pour
tous ? En attendant l’exposition de la méthodologie et de la stratégie nationale de ladite
agence à cet effet, je conseille pour ma part, la mise en place des réseaux communautaires
dans les zones victimes de la fracture numérique en un premier temps. Car les réseaux
communautaires sont moyens coûteux et pourront remédier de façon rapide à la
problématique actuelle.
Service internet : malgré la croissance rapide du taux de pénétration d’internet, la Guinée
est avant dernière en Afrique et dernier de la sous-région pour la qualité du service internet.
Une place que notre pays ne mérite pas car il est aujourd’hui doté d’un réseau national à
fibre optique qui couvre tout le territoire guinéen. Avec son réseau de plus de 4500 km de
fibre optique, ce réseau géré par la société de gestion et d’exploitation du backbone et sous
tutelle du Ministère des postes et télécommunication est-il-victime d’une politique de
commercialisation foireuse et d’amateurisme ? Car plusieurs années après son lancement,
cette société peine à comptabiliser un bilan technique et financier appréciable.
Quelles solutions pour une amélioration de la qualité des services ? deux solutions
immédiates s’offrent à la Guinée à savoir : la mutualisation des infrastructures des sociétés
de téléphonies et des fournisseurs d’accès à internet ainsi que la mise à disposition des
sociétés privées des 4500Km de fibre optique. Amener toutes les sociétés de téléphonie et
FAI à se connecter au réseau national à fibre optique va améliorer considérablement la
qualité du service internet car de façon technique, la problématique de la qualité de services
est plus liée aux infrastructures passives qu’actives en ce moment. En plus de la mauvaise
Journée Internationale des TIC, quel bilan pour la Guinée ?
qualité des services, le coût du service internet reste très élevé en Guinée. Cette réalité est
dû à l’environnement des investissements « mobilisation de plus de ressources » par les OP
et FAI. Certaines infrastructures de base’ ’Electricité, route…’’ préalablement nécessaires à la
fourniture des services de téléphonies et d’internet étant peu présentes en Guinée, plus de
ressources peuvent être mobilisées par les investisseurs par rapport à certains pays de la
région.
Un, notre paramètre impactant le coût d’internet est la législation ainsi qu’un manque
d’allégement de certaines conditions d’investissement dans le secteur des TIC par l’Etat.
Investissement dans les TIC : en ce XXIème siècle, l’Etat guinéen n’a toujours pas élaboré
une politique spéciale de promotion de l’investissement dans le secteur des TIC
contrairement à plusieurs pays de la sous-région. Le secteur des TIC étant en pleine
croissance, il est temps qu’une politique attractive basée sur l’allègement fiscale,
l’attribution des licences d’exploitations et de commercialisations en faveur des start-up
locales et internationales. Par ailleurs, la libéralisation du code USSD en 2020 est à noter et
féliciter.
Les seuls investissements de l’Etat dans les TIC ne pourront en aucun cas faire développer le
climat des affaires dans les TIC. Ainsi, l’Etat se doit de promouvoir les start-ups locales en les
responsabilisant dans sa politique et ses activités de digitalisation et de développement du
numérique dans notre Pays.
Aujourd’hui, les TIC sont essentielles et efficaces dans la lutte contre le chômage et
influencent considérablement le PIB des pays !!! Alors le besoin de promotion de
l’investissement dans ce secteur est plus que nécessaire.
Cybercriminalité : la croissance rapide des TIC n’est pas sans inconvénients sur notre
société, en plus de quelques hackings en ligne, une hausse des harcèlements et d’arnaques
en ligne ainsi que des communications immorales et de nature à troubler l’ordre public est
entrain de prendre une proportion inquiétante. A cet effet, il est primordial que l’Etat
prévoit dans sa stratégie de cybersécurité, l’adaptation de la loi l/037 aux réalités de ce
moment. Qu’il mette à disposition des services en charge de lutter contre la
cybercriminalité, les outils et infrastructures de supervision.
Pourquoi pas une police de la cybersécurité !!!
Malgré les investissements publics et privés dans le secteur de l’économie numérique et des
TIC en Guinée, les besoins en infrastructures, plateformes, compétences numériques restent pressants.
Selon le dernier classement de l’indice de développement des TIC de l’Union internationale
des télécommunications la Guinée est 166ème au rang mondial et de loin derrière les pays
de la sous-région tels que : Côte d’ivoire 131ème ; Ghana 116ème ; Mali 155ème ; Sénégal
142ème : Togo 156ème.
En somme, cette position de la Guinée démontre à suffisance qu’il y a assez d’amélioration à
faire.
KABA MAMADI CONSULTANT EN TIC ET TELECOMS