L’avocat et ancien magistrat, Doura Cherif a rejoint sa dernière demeure ce vendredi, 11 décembre 2020 au cimetière de Cameroun à Conakry. Mais avant, le Président de la Cour d’Assise lors du célèbre procès des gangs a reçu tous les hommages dûs à son rang. La levée du corps a eu lieu à la morgue de l’hôpital de l’amitié Sino-Guinéenne de Kipé, rapporte un journaliste que Laguinee.info a dépêché sur place.
Doura Chérif, ce grand homme de droit a rendu l’âme le 6 décembre dernier des suites de Covid-19. Malgré les efforts de Dr Sackoba Keïta, DG de l’ANSS et son équipe, Doura Chérif a succombé à sa maladie. Ce vendredi, le gouvernement guinéen représenté par le Premier Ministre, la famille judicaire, ses parents biologiques et ses amis lui ont rendu un vibrant hommage, a-t-on constaté sur place.
C’est Mohamed Aly Thiam, Président de l’Association des Magistrats de Guinée qui a ouvert le bal des discours. Le magistrat a tout d’abord venté les mérites du défunt avant de retracer son parcours. « En nous inclinant devant la dépouille de notre frère, nous saluons ici, plus qu’un parcours, un conception du monde, une foi dans l’ombre. Doura s’en est allé auprès de son créateur. Il quitte tout ce qu’il a connu d’agréable dans sa vie : l’air, la lumière, les couleurs, les bruits, les parfums, les parents, les amis. Doura est né à Kindia en 1947. De brillantes études le conduisent à l’institut polytechnique de Conakry, où il est inscrit à l’école supérieure d’administration. Il choisit l’option magistrature et appartient à la promotion Castro année universitaire 1973-1974. Cette année-là, il commence sa carrière judiciaire comme magistrat stagiaire au tribunal régional de Conakry 1. De 1975 à 1979, il exerce la fonction de juge d’instruction à la cour d’appel et au tribunal criminel de Labé. Ensuite il est nommé substitut près la cour d’Appel de Labé. En 1982, il est affecté dans les fonctions de président du tribunal régional de N’Zérékoré. Quatre années plus tard, il sera muté dans les mêmes fonctions à Kindia. Le 8 juillet 1989 il est promu président de la chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Conakry. Le 27 février 1992, il sera fait président de la Cour d’Appel de Conakry. Les qualités exceptionnelles de Doura le désignent à occuper le poste de chef de Cabinet du ministère de la Défense. A tous les postes, où le devoir l’a appelé, il a donné l’image et la mesure d’un magistrat qui réunissaient compétence, recherches efficaces et rapides pour se faire une idée brèves du litige qui lui est soumis et pour élaborer des stratégies juridiques diligentes », a rappelé monsieur Thiam.
Pour sa part, Me Djibril Kouyaté, Président du Barreau de Guinée a dit avoir perdu un confrère honnête et un grand intellectuel. Selon lui, feu Doura Cherif faisait partie de la crème des magistrats et des avocats de Guinée: « Ma peine continue après la mort de Me Doura Chérif. Le barreau de Guinée, la magistrature de Guinée, la famille judicaire a perdu un homme très valeureux. Doura Cherif était un homme de culture, un grand magistrat. Il était aussi un avocat qui défendait le droit, rien que le droit. Nous le perdons aujourd’hui, c’est une grande peine pour nous. Mais comme l’a dit l’auteur, les morts ne sont pas morts. Pour celui qui a marqué son passage sur cette terre, le travail de l’esprit restera éternel. Doura restera éternel pour le monde judicaire », a dit le bâtonnier Me Djibriel Kouyaté.
Djibril Chérif, fils ainé du défunt a dit avoir perdu un ami, un confident. Selon lui, le décès de feu Doura Cherif laisse un grand vide dans sa famille biologique. « Monsieur Doura Chérif était un papa exceptionnel. C’était un homme qui avait des convictions. Pour lui, rien n’était au-dessus des convictions. C’était un homme bon. C’était un ami avant tout et sa perte va beaucoup nous manquer. Sa perte va causer un grand vide dans la famille parce que c’est quelqu’un qui entretenait des relations cordiales avec sa famille. Donc, il va nous manquer énormément », s’est-il désolé.
Mohamed Condé pour Laguinee.info