Pendant que les journalistes tirent le diable par la queue et les patrons des medias asphyxiés par des dépenses colossales pour maintenir leurs medias en marche et offrir un salaire à leurs employés, certains commis de l’Etat, qui se soucient peu des maux de la presse, sortent de leur silence pour les menacer.
La presse guinéenne, l’une des meilleures en Afrique à travers ses excellents journalistes ( Yamoussa Sidibé, Justin Morel Junior, Ibrahima Ahmed Barry, Sanou Kerfala Cissé, Sékouba Savané, Aboubacar Diallo, Lamine Guirassy, Ibrahima Sory Camara …), a toujours été une presse de paix, de quiétude sociale qui, pendant des élections et le plus souvent sur fonds propres, a plusieurs fois organisé des campagnes de sensibilisation et des synergies pour participer à l’apaisement du climat politico-social. Une presse qui dénonce, critique, et surtout qui s’insurge contre l’injustice, les détournements des deniers publics, le communautarisme, le favoritisme, les violations de la loi, …
S’insurger contre ces missions primordiales, et proférer des menaces à l’endroit de certains journalistes qui disent haut ce que les autres pensent tout bas, est pour moi mais aussi pour tout bon défenseur des droits de l’Homme inacceptable.
Vous qui faites ces menaces et intimidations à la presse pendant ce régime d’exception, souvenez-vous des propos du Président Mamadi Doumbouya lors de sa rencontre avec la presse le 07 Janvier dernier : « la presse constitue l’un des acteurs majeurs du changement en cours… Les actes majeurs sont en train d’être posés. L’un des plus importants sera la liberté de la presse que nous voulons consacrer dans notre pays. Vous êtes les acteurs majeurs de la réussite de cette transition. C’est vous qui avez le devoir d’informer nos populations et à l’internationale. L’information, comme vous le savez est aussi une arme. Elle se doit d’être traitée et diffusée avec responsabilité…dans l’intérêt de la paix, de la réconciliation et du pardon dont notre pays a besoin. »
Ainsi, diffuser une information dans le sens de la préservation de la paix, de la réconciliation ne peut être effectif que si la presse dénonce aussi, critique les maux que combattent les nouvelles autorités, propose des solutions pour leur éradication. Aucune personne, à plus forte une presse, ne devrait se taire face à une situation d’injustice, d’oppression et de violation des droits de l’Homme. Se taire étant aussi une autre forme de violation de l’éthique, de la déontologie et de la responsabilité sociale du journaliste. Dans l’histoire, seuls les Etats autoritaires, sans repère, qui se servent de la force, de l’arbitraire, de l’injustice, tentent de museler la presse.
Et même si des dérapages, inhérents d’ailleurs à toute profession aussi délicate que le journalisme, sont constatés dans les médias et dans certaines prises de parole sur les antennes, force est de faire remarquer qu’il existe une loi qui sanctionne ces manquements. Point besoin donc de menacer. Il suffit tout simplement d’appliquer cette loi qui punit les delits commis par voie de presse.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’au moment où ces menaces pleuvent contre les hommes du micro, beaucoup d’entre eux n’ont pas leurs cartes de presse, d’autres ont fait 6 à 7 mois sans salaire, et certains médias ont même fermé, faute de moyens.
A ceux qui veulent donc museler la presse, sachez que la presse guinéenne gardera toujours sa position de »chien de garde de la démocratie » et veillera, à travers des dénonciations objectives, au fonctionnement de ce régime comme elle l’a toujours fait depuis sa libéralisation.
Aux confrères, de continuer à jouer pleinement et dignement leur rôle pour le bien de notre nation et ce, dans le respect de l’éthique et de la déontologie.
Abdoulaye Bouka Barry, journaliste