Dans une transition politique où les financements extérieurs se font rares, l’Etat ne peut compter que sur ses ressources internes. Dans de telles situations, les ressources issues de la téléphonie et autres services des télécommunications ne sont pas qu’importantes, elles sont primordiales. La taxe On-net est une redevance à la charge des opérateurs et représentant un montant de 240 Milliards GNF par an comme ressource destinée aux caisses de l’Etat.
En effet, la vraie question à se poser après que l’Etat ait renoncé à une ressource aussi énorme, est de savoir si cela apporte une amélioration dans le secteur mais aussi dans la vie des consommateurs qui s’avèrent être des guinéens. En ce qui concerne le secteur des télécommunications, cette décision de supprimer la taxe ON-NET n’est bénéfique qu’aux opérateurs car la contrepartie n’existe pas. Oui elle n’existe pas ! Il est aberrant de faire un cadeau fiscal de 240 milliards GNF par an pour des bonus de surcroît au moment où près de 4% de déficit budgétaire sont prévus pour l’année 2022. A comprendre qu’un bonus sur appel est une stratégie commerciale propre aux opérateurs afin d’attirer de la clientèle.il n’abaisse en aucun cas le coût de l’appel téléphonique particulièrement en Guinée où le bonus d’appel est épuisé parallèlement à la facturation minute du tarif officiel lors d’un appel. En vrai, pour un pays en perpétuel déficit budgétaire il faut plus qu’un bonus pour renoncer à un montant aussi important. En tant que spécialiste, l’on ne pourrait se réjouir d’une telle décision tout en sachant qu’il existe d’autres solutions permettant à l’Etat d’impacter le coût des appels téléphoniques et du service internet sans pour autant renoncer aux ressources internes qu’Il mobilise déjà comme recette via le secteur. Ces solutions demandent certes du temps et de la stratégie pour se faire, mais elles sont plus durables et causent moins de dégâts économiques.
A mon avis, une première solution serait d’utiliser les infrastructures passives de l’Etat comme la fibre optique et autres afin de permettre aux opérateurs de résoudre la problématique de congestion de leur trafic téléphonique-Data et ainsi permettre une amélioration de la qualité de service à moindre coût. Chose qui pourra amener à la baisse les coûts du service internet et téléphonique. A nos jours, l’Etat a en sa disposition des infrastructures pouvant être exploitées pour résoudre à la fois la problématique de la fracture numérique, de la qualité de service et du coût élevé des services. Sans oublier qu’il existe aussi d’autres redevances moins importantes que la taxe On-net en termes de ressource dont la suppression aurait été plus judicieux et bénéfique à l’Etat et à l’équilibre de l’environnement des affaires du secteur.
Il est important de se pencher sur les vraies problématiques du secteur qui sont entre autres la faible qualité et le coût élevé du service internet, le besoin d’adaptation de la législation aux réalités actuelles du secteur, l’amélioration des recettes issues du secteur, la mauvaise gestion des EPA-SA et agences sous tutelles du Ministère qui peinent à atteindre les objectifs qui leurs sont assignés.
Mamadi Kaba, Consultant en Télécommunications et Digitalisations