25 janvier 1971 – 25 Janvier 2022, cela fait 51 ans jour pour jour que plusieurs hautes personnalités qui ont marqué l’histoire de notre pays ont été pendus au au Pont 8 Novembre à l’entrée de Kaloum sous le règne de feu Ahmed Sékou Touré. A l’occasion de la commémoration de ces tristes évènements, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) a animé une conférence de presse à la Maison commune des journalistes pour réclamer justice, rapporte un journaliste de Laguinee.info qui était sur place.
Prenant la parole, Boubacar Barry, ancien ministre des Pêches et membre de l’AVCB est revenu sur ces tristes évènements où quatre personnalités ont été pendues au Pont 8 Novembre par le régime d’Ahmed Sékou Touré.
« L’Association des Victimes du Camp Boiro se met face à vous encore pour échanger, communiquer sur notre histoire notamment dans sa partie la plus douloureuse. Il se trouve qu’un certain nombre de dates symboliques ont été retenues par l’AVCB, en particulier le 25 janvier 1971 qui a vu pour la première fois en Guinée, une peine qui consiste en la pendaison des citoyens guinéens sur l’ensemble du territoire national. Et, le plus illustratif de cette scène s’est déroulé au Pont 08 Novembre en 1971, où quatre personnalités qui ont marqué l’histoire de notre pays, qui sont des membres fondateurs ont été pendues au cou. Il s’agit des ministres Baldé Ousmane, Barry 3, Magassouba Moriba et du commissaire Soufiane Keita. C’était une scène inimaginable pour un pays croyant, en sachant que, quel que soit la faute commise, les peines qui sont encourues n’avaient pas dans son arsenal la pendaison publique », a-t-il dit.
Pour Elhadj Facinet Sylla, membre de la commission provisoire de réconciliation nationale et désormais deuxième vice-président du CNT, il faut que la Guinée assume son histoire en situant les responsabilités dans ces crimes odieux.
« C’est une nécessité, il faut que la Guinée assume son histoire. La fracture mémorielle dans notre pays est extrêmement importante. Si nous n’arrivons pas à nous donner une politique mémorielle appropriée à notre histoire, nous serons toujours tirer vers le bas et nous allons rater les rendez-vous du développement qui nous attendent. La Guinée a une histoire tumultueuse, c’est vrai que nous avons des pages extrêmement importantes de notre histoire mais aussi il y a des pages sombres, il faut les assumer. Ce que les victimes demandent, ce n’est pas de la mer à boire, ils demandent la reconnaissance des torts qui leurs ont été faits. Identifier les charniers, édifier des stèles, et certains cas qui demandent de la réparation mais c’est surtout la reconnaissance. Quand on vous arrache votre papa, qu’on en fasse un apatride, qu’on efface son histoire dans votre pays c’est difficile à gérer. Donc, moi tout ce que je demande aujourd’hui ce qui est fait, est fait, on ne peut pas ramener ces gens là à la vie. Il faut essayer de situer certaines responsabilités. En fonction de cela, réformer les institutions pour que ce qui est fait ne se refasse plus », a-t-il martelé.
Cet autre membre de l’AVCB parle de la mise en place d’une commission de vérité et de réconciliation pour rechercher les causes, conséquences et les auteurs des violations des droits humains en Guinée.
« Je pense que la voie privilégiée, c’est la voie de revenir sur ce qui a été fait, à la recommandation à laquelle les guinéens dans la majorité adhèrent, celle de mettre en place une commission définitive de réconciliation. La question, c’est de dire si une commission définitive de réconciliation est mise en place, que doit-elle faire ? ça serait premièrement que cette commission soit investie d’un mandat que sur la période de 58 à nos jours pour rechercher les causes, conséquences, et peut être les auteurs relativement de violation des droits humains. Elle va donc être documentée, recueillir les avis des victimes pour faire un travail de documentation par rapport à cette période. Cette commission si nous voulons qu’elle prospère, elle doit être dépolitisée. Elle doit être une commission dont la composition inspire une série de valeurs, la probité, l’indépendance, la neutralité par rapport aux périodes historiques. Cette commission doit être composée des personnes compétentes », a estimé Ibrahima Sanoh.
Avec un slogan « Plus jamais ça », ces victimes espèrent que justice sera faite et obtenir enfin réparation durant cette transition qui est une lueur d’espoir depuis l’avènement du CNRD le 05 septembre dernier.
Ousmane Diallo pour Laguinee.info