Depuis quelques jours à Conakry, nous constatons tous des tas d’ordures le long des rues de nos communes. Cette situation choque et indigne tout le monde, même ceux qui y dépotent ces ordures, même ceux qui refusent de s’abonner à un service de pré collecte.
A mon avis, cette situation, ce phénomène, au lieu de choquer et d’indigner, devrait plutôt interpeller chacun de nous en tant que citoyen et chacun de nous tant que producteur de déchet. Cette situation doit nous questionner sur notre comportement de tous les jours sur la gestion des ordures que nous produisons nous-même.
Combien parmi nous sont abonnés à un service de pré collecte ? Très peu !
Lors d’une opération de vulgarisation du règlement d’hygiène et de la salubrité, dans huit (8) quartiers de Ratoma, sur 10659 ménages touchés, 2826 ont déclaré être abonnés à un service de pré collecte.
Après vérification sur la base des fiches d’abonnement auprès des PME qui assurent le service dans ces quartiers, nous avons découvert que c’est seulement 1064 ménages qui sont véritablement abonnés.
Or, On ne peut faire des omelettes sans casser les œufs, on ne peut vouloir d’une capitale comme Kigali et n’avoir le comportement celui des gens de kigali. Que voulons-nous réellement ?
Ici chacun est rapide à rejeter la responsabilité sur l’autre, personne n’est fautif, tout le monde est clean. Et pourtant !!!
Très souvent, ici on voit des gens assis dans leur 4*4 dernier cri jeter une ordure sur la route, des gens, balayer leur cour, leur villa flambant neuf, et jeter les ordures dans la rue, le caniveau près de chez le voisin ou dans la parcelle vide d’un autre. Ceux qui dépotent dans les poubelles de rue, même si ce n’est pas ça la règle, sont les plus civilisés ici.
Ici, on peut facilement payer une ordonnance médicale pour une maladie liée à l’insalubrité et ne pas être en mesure de payer 30.000fg ou 50.000fg pour un service de pré collecte des déchets. Et pourtant !
Ailleurs, nous sommes respectueux des règles basiques de l’hygiène et de la salubrité, pourquoi on ne peut pas le faire chez nous, dans notre propre pays.
Pour une gestion durable et pérenne de la salubrité, on doit sortir de l’amateurisme et professionnaliser notre gestion.
Pour cela, Il faudra nécessairement que dans les mairies, les maires s’attèlent à mettre en place ‘’Un Service Communal spécifiquement dédié à la gestion des déchets solides et liquides’’ de leurs communes.
Ce service aura pour missions entre autres :
Cordonner les opérations de pré collecte, de tri et de transport
Permettre à optimiser la valorisation des déchets collectés par les PME/GIE
Développer et piloter le plan ou programme de prévention et de gestion des déchets,
Coordonner, valoriser et rendre compte des résultats des projets et opérations menés dans le cadre de la gestion des déchets et voiries sur le territoire de la Commune.
Développer des relations avec les services techniques et organisations locales (ONG, associations etc.) de la commune ;
Programmer la stratégie et des objectifs pour les actions à mener,
Superviser le montage technique et financier des projets ou des opérations
Sélectionner et/ou valider les solutions et dispositifs proposés,
Organiser ou contribuer à l’organisation de la fourniture des équipements et des actions d’accompagnement des usagers
Communiquer auprès des différents publics (élus communaux, décideurs, agents des services communaux, populations, acteurs sociétés civiles, et autres)
Analyser l’environnement du programme ou de l’opération (enjeux, pratiques et besoins des acteurs concernés, solutions disponibles et conditions de mise en place, opportunités, freins…)
Anticiper la mobilisation des moyens et les points de vigilance à observer
La gestion de la salubrité ne peut pas être durable avec un financement extérieur, encore moins avec une subvention du gouvernement central uniquement. Toutes les expériences l’on démontrées.
Pour le cas de Conakry, l’expérience prouve que la professionnalisation de la gestion de l’assainissement ne peut pas être possible avec la cohabitation d’un système « gratuit » et d’un système payant.
Autrement dit, autant les poubelles de rues de Albayrak sont nombreuses autant les citoyens producteurs de déchets ne vont pas s’abonner à un service de pré collecte payant, et plus la facture de Albayrak pour le gouvernement devient lourde.
C’est pourquoi, il est important d’envisager leur retrait progressif le long des rues et ne les maintenir qu’aux grands carrefours.
Pour ce faire, une vaste opération d’information et de sensibilisation impliquant le ministère de l’administration du territoire et de l’administration, de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité Publique, le Gouvernorat de la Ville et les maires du grand Conakry est nécessaire avant de commencer ce retrait.
L’Assainissement c’est le SERVICE, la SENSIBILISATION et la SANCTION.
L’attitude et le comportement du citoyen compte beaucoup dans la gestion de l’assainissement. Le code pénal guinéen prévoit une punition contre le citoyen qui agresse la salubrité (Art 195, 882,969, 981). On devrait commencer à appliquer ces dispositions pour le bien de tous.
Wassalam !!!
Cellou DIALLO, Conseiller Communal/Président de la Commission Environnement et Développement Durable/Membre du Comité de Pilotage du projet d’assainissent de Conakry.
Conakry : Qu’est-ce qu’il faut pour une gestion durable de la salubrité? (contribution)
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