Les travailleurs de l’usine Kadiatou Kourou Trading Royal (KKT royal) se sont fait entendre ce lundi, 15 novembre 2021 devant l’usine, située dans la commune de Matoto. Si les travailleurs disent manifester pour l’amélioration de leurs conditions de travail, la direction de KKT royal a laissé entendre qu’un accord dans ce sens aurait déjà été signé entre les parties. Pour KKT royal donc, ce sont des infiltrés qui ont manifesté devant l’usine et non des employés de la société, rapporte un journaliste de Laguinee.info qui était sur place.
Selon ces travailleurs, ils manifestent pour, disent-ils, demander à la direction de l’usine de diminuer leurs heures de travail, mais aussi de l’augmentation de leur salaire de base.
« Nous manifestons pour une cause bien déterminée. Il y a des gens qui ont fait plus de 13 ans ici et qui sont à 680 000 francs guinéens par mois avec 10 heures de travail. Aucun travailleur de cette usine n’a un contrat d’embauche écrit, ils n’ont que des contrats verbaux. Donc, nous avons demandé au patron de revoir ça, tout en diminuant nos heures de travail et en augmentant nos salaires. Mais, il reste catégorique et ferme sur sa décision de ne pas augmenter notre salaire et en imposant ces heures de travail. Il y a une première négociation qui a abouti à une conclusion que nous avons rejetée et pour le moment nos représentants sont à la bourse du travail pour tenter une nouvelle négociation », a confié Mohamed Soumah.
Sous le sceau de l’anonymat, cet autre travailleur va de son propre commentaire avant de pointer un doigt accusateur à leurs responsables syndicaux.
« Nous réclamons notre bien-être, nous travaillons 10 heures par jour pour un salaire minimum. On vous dit que le salaire c’est 680 000 francs guinéens. Mais si jamais vous ne tombez pas malade, vous ne vous absentez pour aucune raison de la vie, c’est-à-dire vous travaillez 30 jour sur 30 et 10 heures de travail par jour. On ajoute 50 000 francs guinéens sur votre salaire net, ce qui vous fera 730 000 francs guinéens par mois. Donc, nous manifestons ce matin pour demander à la direction non seulement de diminuer les heures de travail et augmenter notre salaire de base qui est à 730 000 francs guinéens à 1 500 000 francs guinéens. Car, d’après les informations que nous avons recueillies auprès des autres usines, là-bas le salaire des employés est à la base de 80 000 francs guinéens par jour. Pour ce qui est des négociations, nous avons choisi nos représentants syndicaux pour partir négocier à notre place;mais, ce que ces gens-là ont fait est très mal. Au lieu de défendre notre cause commune, ils ont plutôt négocié pour leurs intérêts personnels. Imaginez une usine qui a près de 1000 travailleurs et dans ces 1000 travailleurs, elle n’a embauché que 26 travailleurs et pourtant les gens sont dans cette usine depuis 2015 », a-t-il laissé entendre.
Pour la direction de KKT Royal ce ne sont pas des travailleurs qui ont manifesté devant leur usine, mais plutôt des infiltrés. Pour notre interlocuteur, il y a eu un accord qui a été déjà trouvé entre toutes les parties.
« Les faits remontent au mardi dernier, lorsqu’il y a eu subitement une révolte dans l’entreprise. Les travailleurs se sont mobilisés pour demander à ce qu’on augmente leurs salaires et qu’on diminue leurs heures de travail. Ils sont allés jusqu’à nous dire s’ils n’entendent pas de nous ce qu’ils veulent entendre, ils ne vont pas quitter et ni reprendre les activités. De là, on a échangé avec leurs responsables syndicaux, car on ne pouvait pas faire appel aux forces de l’ordre pour ne pas qu’il y ait des dégâts à la fois humains et matériels. Et, cet échange avec leurs responsables a fait que le calme est revenu. Ensuite, on a appelé la centrale syndicale CNTG-USTG et ils ont demandé à ce que les négociations se fassent au ministère du travail. De là aussi, un dialogue a été ouvert pour trouver une entente, un dialogue qui a réuni la direction de KKT Royal, les syndicats des travailleurs, l’inspecteur régional du travail et les représentants de la centrale syndicale CNTG-USTG. A l’issue de ce dialogue, un accord a été trouvé et signé par chacun de nous. Alors, je ne sais pas s’ il n’y a pas eu de compte rendu entre le syndicat et les travailleurs ou bien si les travailleurs ne sont pas satisfaits de l’accord. Donc, ce qui s’est passé ici ce matin, nous disons que ce ne sont pas des travailleurs seulement qui sont venus manifester, il y a eu des infiltrés, des délinquants et d’autres personnes auparavant venaient exercer des activités journalières au sein de l’entreprise », a-t-il fait savoir.
Mamadou Aliou Diaguissa Sow pour Laguinee.info
