Economiste de la formation, Cellou Satina Diallo est un conseiller communal de la Mairie de Bruxelles. En séjour en Guinée, son pays d’origine, ce membre de la diaspora guinéenne a réagit sur la situation socio-politique qui prévaut en Guinée. Dans un entretien qu’il a accordé ce vendredi 12 novembre 2021 à la rédaction de Laguinee.info, cet ami et collaborateur de longue date du nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports est revenu sur son parcours. Cellou Satina Diallo a aussi donné son regard sur le déroulement de la transition en Guinée. Ce conseiller communal de Bruxelles compte également mettre son expérience pour appuyer les nouvelles autorités.
Laguinee.info vous propose ci-dessous l’intégralité de cette interview !
Laguinee.info : parlez-nous de votre parcours ?
Cellou Satina Diallo : je suis actuellement conseiller communal à Bruxelles depuis 3 ans. Mais avant d’être conseiller communal, j’étais venu à Bruxelles comme étudiant. J’ai fait mon primaire dans mon village d’origine à Satina, le collège à Popodara, j’ai fait mon lycée au lycée Yimbaya et je suis allé à Bruxelles pour faire mon cycle universitaire. J’ai un master en sciences économiques et j’ai déjà travaillé dans plusieurs entreprises, y compris la commission européenne comme analyste financier. Finalement, j’ai changé de carrière, je travaille maintenant comme analyste des problèmes informatiques dans un grand groupe de distribution. En même temps, j’ai des mandats politiques. Je siège dans plusieurs entreprises publiques à Bruxelles comme administrateur dans le Conseil d’administration.
Laguinee.info : avec ce parcours remarquable, dites nous qu’est-ce que vous pouvez apporter aujourd’hui comme un plus au processus de développement de la Guinée ?
Cellou Satina Diallo : c’est prétentieux de dire que nous, on a les solutions en tant que diaspora de tous les problèmes de la Guinée. Mais ce qui reste clair, nous qui avons été à l’extérieur, tout en respectant ceux qui sont là et qui ont des expériences, ce qu’on peut apporter de plus c’est ce qui se passe de l’autre côté, qui ne se passe pas en Guinée. Pour nous c’est une plus value. Par exemple si on parle de la jeunesse comme mon ami Béa Diallo est là pour la jeunesse, le but c’est comment renforcer l’employabilité des jeunes, comment aider la jeunesse à créer son propre emploi ou bien créer des opportunités pour que la jeunesse trouve de l’emploi, pour que la jeunesse soit occupée via à l’emploi. Au niveau du sport aussi, développer des stratégies ou bien renforcer ce qui existe déjà de telle sorte que la jeunesse s’intéresse au sport, parce que le sport a non seulement un intérêt pour la santé, mais aussi ceux qui vont faire le sport professionnel gagne leur vie. Donc, il y a des outils que nous avons utilisés à Bruxelles qu’on peut mettre en place et adapter. Par exemple, nous avons là-bas un outil qu’on appelle FIRST. C’est quoi FIRST ? C’est le premier emploi d’un jeune, comme vous savez avoir le premier emploi n’est pas facile même en Europe. Donc, il y a des outils mis en place, c’est-à-dire lorsque l’employeur l’emploi pour la première fois, il a des avantages. Il a des avantages pour premier et deuxième emploi. On dit par exemple que le premier emploi, l’employeur ne paie pas de taxes. Ça va inciter les entreprises à employer les jeunes. Aussi les jeunes qui ont des idées, on peut les aider à créer leur propre emploi, les accompagner à trouver des financements pour booster leurs activités ou bien créer des opportunités que ça soit dans le secteur public ou dans le secteur privé pour que les jeunes aient cette première expérience. Il y a pleins d’outils qu’on peut mettre en place pour booster l’employabilité des jeunes, mais surtout la formation. Bien sûr, il y a beaucoup de jeunes qui sont formés, mais il faut qu’ils se forment en s’adaptant au marché du travail. Donc, je vais échanger avec mon ami Béa pour qu’ensemble voir quels sont les outils qu’on a utilisés et ça a marché qu’on peut adapter ici en Guinée pour l’employabilité des jeunes.
Laguinee.info : quel est votre regard sur le nouveau gouvernement qui vient d’être formé par le président de la transition ?
Cellou Satina Diallo : je profite de l’occasion pour remercier déjà le Colonel Mamadi Doumbouya, parce qu’il a libéré le peuple le 05 septembre. Tout le monde savait dans quelle galère le peuple guinéen vivait. Donc, le renversement du pouvoir le 05 septembre est un ouf de soulagement pour tout le monde. En ce qui concerne les membres du nouveau gouvernement, pour moi il y a eu un principe de partage du pouvoir. Le fait d’abord d’avoir un gouvernement d’union nationale, c’est un partage du pouvoir, parce qu’ils ont cherché des compétences partout. Il y a des compétences dans les régions, il y a des compétences dans les ethnies. Il faut aller les chercher partout. Il ne faut pas croire seulement que c’est une seule région ou une seule ethnie qui a des compétences. Donc, cette diversité de la nouvelle équipe gouvernementale, ça permet vraiment de voir qu’il y a eu ce partage du pouvoir en appliquant cette méthode d’aller chercher des compétences là où elles se trouvent. Tout le monde ne peut pas être au gouvernement, mais ces 25 membres là, pour moi c’est un bon choix. Surtout il y a eu beaucoup de jeunes. Il y a eu aussi l’application du principe de non recyclage, parce que c’est une demande du peuple. Et comme vous le savez un Coup d’Etat est égal à un Coup d’Etat. Il y a eu d’abord le Coup d’Etat constitutionnel de monsieur Alpha Condé. Mais la différence, ce Coup d’Etat a eu l’adhésion du peuple. C’est ça l’avantage du Colonel Mamadi Doumbouya et son Chef du gouvernement monsieur Beavogui. C’est une transition, ils ont eu l’adhésion du peuple et pour moi ils sont en train de prendre des dispositions qui répondent à la demande du peuple. Maintenant, il faut se mettre en place, c’est-à-dire mettre le CNT, le CNT définisse la durée. Parce que c’est ce que tout le monde attend. Mais définir la période, dépendra de la mission, parce que si elle se donne la mission de donner seulement les outils de base en s’appuyant de leur cinq valeurs, je pense qu’il y a possibilité qu’ils s’en sortent en peu de temps. Ils n’ont pas besoin de 5 ans pour ça. Ils ont besoin de quelque temps et à la fin qu’on ait ces élections libres et transparentes.
Laguinee.info : quelle est votre lecture sur le processus de la mise en place du CNT ?
Cellou Satina Diallo : Je pense que le CNRD a fait une réflexion. Ils ont fait sortir la charte et le nombre des personnes, le pourcentage que ça soit politique, société civile ou diaspora. Tous les secteurs sont représentés. C’est la première fois par exemple que la diaspora a cinq places. Mais moi ce que je déplore surtout que ça soit la diaspora et la jeunesse, c’est ce manque de structuration. On n’est pas structuré. Prenons par exemple la jeunesse pour leur représentativité au CNT. Il y a cinq places pour plus de mille jeunes candidats. Imaginez s’il y avait déjà une bonne structuration de la jeunesse, je vais faire allusion au Conseil National de la Jeunesse (CNJ). Ce conseil n’a jamais été mis en place. Imaginez si cela était en place, aujourd’hui c’était facile de désigner cinq personnes. Mais le fait qu’on est éparpillé, chacun va défendre son intérêt. Il faudra qu’on parvienne à structurer la jeunesse. La manière dont la Guinée est décentralisée, on fait la même chose. On quitte la base pour le sommet. On a huit régions, trente-trois préfectures, dans chaque préfecture on a des sous-préfectures, après des districts et des secteurs. On peut prendre d’abord des représentants au niveau des secteurs, on remonte dans les districts, les sous-préfectures, les préfectures et les régions. Si on a des représentants comme ça, de telle sorte qu’au sommet, on a juste la crème qui représente la jeunesse et qui fait que chaque action a un impact direct sur les jeunes.
Laguinee.info : que conseillez-vous aux nouvelles autorités pour la réussite de la transition ?
Cellou Satina Diallo : Je pense que les autorités sont déjà sur la bonne voie. Je ne pense pas qu’ils ont besoin même des conseils, mais ce que je vais leur dire c’est d’appliquer ce qu’ils ont déjà dit. Parce que ce qu’ils ont jusqu’à présent dit, c’est quelque chose auquel la population aspire. Donc, la transition est une période courte, pas de rester là longtemps mais surtout c’est focaliser à l’essentiel, c’est-à-dire mettre les balises, tout ce qui va permettre le décollage du pays et qui va se solder à des élections libres et transparentes. C’est la meilleure façon d’empêcher que le peuple se révolte par la suite. Si on arrive à mettre en place ces balises là et que tout ce qui a été dit a été respecté, je ne pense pas que si quelqu’un va se lever par la suite.
Entretien réalisé par Abdourahmane Diallo et Aliou Diaguissa Sow pour Laguinee.info