vendredi, novembre 22, 2024
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Conditions de détention à la Maison Centrale : ces révélations explosives d’un ancien détenu 

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Karamoko Sylla est un artiste, activiste. Il a fait la prison de 1998 à 2004, avant d’être emprisonné de nouveau lors des événements d’octobre 2020 liés au troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé. A l’occasion de la célébration de l’an 1 de l’ONG Agir Ensemble pour les Droits des Détenus en Guinée (AEDDG) tenue ce samedi 30 octobre 2021 à Kipé, cet ancien prisonnier a révélé les mauvaises conditions de détention à la maison centrale de Conakry, rapporte un journaliste de Laguinee.info qui était sur place.
Selon Karamoko Sylla, les conditions de détention dans les cellules sont extrêmement mauvaises, faute de places. La nourriture et les soins pour les détenus malades ne sont pas également adaptés, ni de bonnes qualités, ajoute notre interlocuteur.
« A la Maison centrale, c’est une sorte de bloc. C’est ce bloc qui constitue les cals. En dehors de ça, c’est des chambres, des annexes à ciel ouvert. Dans ce bloc, il y a trois pavillons. Il y a le pavillon des condamnés qui a des grandes salles. Il y a le pavillon des prévenus qui a aussi des grandes salles. Mais le couloir central, c’est inaccessible. C’est des cellules sous forme des cercueils et des cellules sous forme des cases de prison. Ça seulement c’est très mauvais. En plus, il y a l’effectif, les gens sont entassés les uns sur les autres. La santé n’est pas là. Imaginez, trois médecins pour plus de mille personnes. Quand un détenu tombe malade, c’est une simple plaquette de paracétamol qu’on lui donne à l’infirmerie. La nutrition est tellement mauvaise, c’est ça qui tue là-bas », a expliqué Karamoko Sylla.
Poursuivant, l’artiste a souligné qu’il existe également un rapport de force entre les détenus avec la complicité des gardes pénitentiaires pour soutirer de l’argent aux nouveaux détenus.
« Il faut qu’on ose le dire, l’administration pénitentiaire et les anciens détenus ont établi un système et ce système donne des tortures morales aux détenus. Imaginez quelqu’un qui a duré en prison, il travaille avec les chefs de la prison et ils veulent vivre sur le dos des gens qui vont venir. Par exemple, quelqu’un qui n’a jamais fait la prison, quand il vient, il est obligé de payer quelque chose pour dormir. Dans chaque couloir, il y a un chef de couloir, il y a une petite hiérarchie qui a été installée. C’est le chef de couloir qui commande. Après lui, il y a un chef de cal. Le chef de cal aussi à son adjoint. Quand maintenant un nouveau vient, tu trouves un système. On te demande de payer telle somme pour être à l’aise et les gens sont obligés de payer, parce qu’ils n’ont pas où se plaindre », a-t-il révélé.
Karamoko Sylla, artiste, ancien prisonnier

Par ailleurs, Karamoko Sylla a fait savoir que de nombreux détenus perdent souvent la vie en prison. « Aujourd’hui, notre Maison centrale est un abattoir humain. Je sais de quoi je parle, parce que j’ai vécu les faits. J’ai été secrétaire de la Maison centrale au niveau du bureau comme au niveau du cal des malades. J’ai été secrétaire du CICR. J’ai fait plus de 100 certificats d’inhumation à la Maison Centrale quand je travaillais au niveau du cal des malades et au niveau du CICR. Pleins de détenus ont trouvé la mort en prison. Jusqu’à présent, beaucoup perdent la vie en détention à la Maison Centrale. Mais, grâce à l’appui des ONG et des organisations religieuses, ça a diminué », a-t-il déclaré.

Pour une meilleure condition de détention des prisonniers, l’activiste appelle l’Etat guinéen à construire des prisons modernes et adaptées, de séparer les cellules des grands bandits et les personnes condamnées pour des faits mineurs, de séparer les bâtiments des filles et garçons et de revoir les conditions de soins, mais aussi de nourriture des prisonniers.
Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info
Tél. : (00224) 621 28 03 88
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