Depuis 1970, le 15 octobre de chaque année est la journée Internationale de la canne blanche. Une occasion pour les déficients visuels d’attirer l’attention de l’opinion sur l’importance de cet outil qui leur permet de se déplacer de façon autonome. En Guinée, l’Union Guinéenne des Aveugles et Malvoyants (UGAM) a célébré ladite journée par la tenue d’une caravane à Kaloum, centre-ville de Conakry. C’était en présence de plusieurs aveugles et malvoyants, du représentant de Sightsavers, de Lions Club Internationale ainsi que de la secrétaire générale du ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vunérables, rapporte un journaliste de Laguinee.info qui était sur place.

Selon les organisateurs, l’objectif était de sensibiliser les usagers de l’espace public sur l’importance de la canne blanche afin de les amener à adopter les bonnes pratiques et les meilleures attitudes face aux personnes aveugles.

« La journée du 15 octobre est l’occasion de sensibiliser le public à l’outil qui permet à chaque jour d’aider les déficients visuels à se déplacer de manière autonome. Une personne déficiente visuelle se déplace en rue à l’aide de la canne blanche qui représente le symbole de la malvoyance. Elle permet aux aveugles et malvoyants de se déplacer, prévenant piétons et automobilistes de leur handicap, détectant les obstacles par le balayage au sol devant soi. En Guinée, notre objectif est de sensibiliser les transporteurs, les agents de sécurité, les usagers de la route et les responsables des auto-écoles afin qu’ils comprennent tous la nécessité de promouvoir et de valoriser la canne blanche. Son respect est aussi un devoir citoyen car elle ne constitue pas qu’un simple bâton, elle est également un moyen d’orientation qui facilite la mobilité du déficient visuel », a fait savoir Bakary Mansaré, secrétaire général de l’UGAM.

Poursuivant, Bakary Mansaré a mis l’occasion à profit pour lancer un appel aux agents de la police et aux gérants des auto-écoles.

« Nous voulons que les agents de police soient les premiers acteurs à poser des actes forts allant dans le sens de reconnaître le droit du déficient visuel à la mobilité. Qu’ils soient capables de l’aider auprès des automobilistes en les contraignant à s’inscrire dans la dynamique de reconnaissance de celui-ci qui est celui de circuler de manière autonome sans être inquiété. Nous invitons le président des auto-écoles à déployer toute son énergie pour introduire dans les centres d’apprentissage l’enseignement des règles de conduite à suivre lorsque les automobilistes sont en face de la personne handicapée visuelle », a-t-il ajouté.

Oumar Baïlo Diallo, représentant de l’ONG Sightsavers à cette cérémonie, a attiré l’attention des autorités à tous les niveaux, mais aussi des citoyens ordinaires sur la nécessité de faciliter l’inclusion socio-économique des personnes aveugles.

« A travers le monde, il y a 2,2 milliards de personnes déficientes visuelles, y compris ceux qui ne peuvent pas lire sans lunettes. Près de la moitié de ces gens peuvent être sauvés ou peuvent ne pas arriver là s’ ils ont toute l’attention qu’ils méritent. C’est autant dire que la santé oculaire est en crise dans le monde, la santé oculaire n’a pas l’attention qu’elle mérite. Et si les efforts restent tels qu’ils sont aujourd’hui, d’ici à 2050, le nombre de malvoyants va tripler. Malheureusement, peu d’efforts sont consentis pour mettre cette bonne partie de la population mondiale au travail. Chaque année, le monde entier perd plus de 410,7 milliards de dollars par le fait que les personnes malvoyantes et les personnes aveugles n’ont pas été impliquées dans le processus de développement des pays », a-t-il dit.

De son côté, la secrétaire générale du Ministère de la promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables a indiqué que son département porte un regard particulier sur les déficients visuels et toute personne vulnérable. D’ailleurs elle s’est réjouie de la considération que les nouvelles autorités du pays ont vis-à-vis de cette couche de la population.

« La République de Guinée, fidèle à ses engagements, s’est dotée d’une loi portant promotion et protection des personnes handicapées qui réserve une place de choix à cette catégorie de la population. Nous nous réjouissons de la prise en compte de la dimension handicap par les nouvelles autorités pour avoir accepté d’écouter les organisations de protection des personnes handicapées, mais aussi pour les avoir prévues au Conseil National de la Transition. Le CNRD et son président, le Colonel Mamadi Doumbouya affichent leurs intérêts personnels et individuels pour le respect de la dignité humaine, de la justice sociale pour l’intérêt commun », a déclaré Sama Kaba.

Au nom du collectif des auto-écoles, Fodé Condé s’est engagé à passer le message de plaidoyer des aveugles auprès de ses pairs.

« Je passerai le message à toutes les auto-écoles de Guinée pour que l’évènement là soit instauré maintenant dans nos programmes de formation en code de route, parce que nous sommes des agents vecteurs et surtout tous les candidats désirant obtenir le permis auront la connaissance de la canne blanche » a promis Fodé Condé.

Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info