Le rotin est une lanière jaune pâle utilisée dans la fabrication des meubles. Cette activité fait la convoitise de nombreux jeunes à N’zérékoré, surtout en raison du manque d’emploi de ce côté. Le correspondant régional de Laguinee.info s’est rendu dans plusieurs ateliers à la rencontre de certains artisans. Beaucoup d’entre eux se disent confrontés à d’énormes difficultés surtout en ce qui concerne l’approvisionnement en matière première. Du fait de cette difficulté, de nombreuses commandes ne sont pas livrées à temps. D’où la colère de certains clients.
Mohamed Sangaré a fait sa commande il y a un mois. Mais, sa commande peine à être livrée et sa patience commence à atteindre ses limites. « Ça fait un mois que j’ai fait ma commande et ce n’est toujours pas fini. Ça me met en colère parce que j’ai besoin de ça pour embellir ma chambre. Je vais plus envoyer mon travail ici parce qu’ils sont malhonnêtes », s’insurge-t-il.
Du côté des fabricants l’on comprend parfaitement la colère des clients. Mais pour Emile Lamah, maître d’atelier, les facteurs qui expliquent cette situation sont ailleurs. « Les gens qui coupent le bois dans la forêt n’envoient plus du fait de la présence des agents des eaux et forêt. A cela s’ajoute la rareté de matières premières en brousse. Ça fait que je n’arrive même pas à payer ma dépense journalière. Nous les rotiniers, nous vivons des moments difficiles ; et, la présence de coronavirus ne fait qu’empirer les choses », a-t-il expliqué.
Moriba Delamou un autre rotinier rencontré par Laguinee.info abonde dans le même sens. Selon lui, si rien n’est fait, il y a un grand risque que le métier de rouennerie disparaisse dans les années à venir. « J’exerce ce métier il y a trois ans et ça ne va toujours pas surtout avec la cherté de la matière première. Aujourd’hui, je reçois moins de demande et sans demande on ne pourra pas travailler et sans travail c’est le chaos qui va s’installer. J’ai appris que les autres métiers reçoivent quelques choses de la part du gouvernement et nous les rotiniers, on ne reçoit rien. Et pourtant, c’est dans ça qu’on nourrit notre famille. On demande au gouvernement de nous venir en aide et mettre notre métier en valeur», a-t-il exhorté.
A noter que ce corps de métier est un point de chute pour de nombreux diplômés sans emploi. Mais aujourd’hui, beaucoup d’entre eux voient leur espoir volé en éclats.
De N’Zérékoré, Alassane Ly pour Laguinee.info