La République de Guinée, Un pays aux milles paradoxes à la fois riche et pauvre. Plus d’un demi-siècle après notre indépendance, nous sommes toujours au point de remise en cause collective. A mon avis, le retard de cette nation n’est pas la faute à un Homme mais un système. En réalité, ce système prend en otage tout leader ayant la destinée de la
République. Il est composé de toutes les couches de la nation, des cadres aux sans-abri en passant par les politiques. Ce système est carburé par l’inconscience collective, l’égoïsme socio-économique, le copinage et l’absence véritable de fibre patriotique.
Tout comme la justice, la gestion de nos ressources internes doit être au centre des préoccupations des nouvelles autorités. Quel avenir a une nation sans ressources internes
considérables ? Quel avenir aura-t-elle si ses fils et filles s’adonnent toujours au pillage des caisses ? Nous devrions définitivement comprendre qu’un développement durable ne sera jamais possible en comptant exclusivement sur les aides et fonds extérieurs. Comme le disait
un analyste, Le FMI et la Banque Mondiale n’ont jamais développé une nation !
Comme connu de tous, les poumons de notre économie sont aujourd’hui le secteur agricole, des mines et celui des télécommunications. De mon point de vue, Tout régime qui peine à mettre les ressources issues de ces trois (3) secteurs au service du peuple et non des comptes en banques individuels, ne saura réussir sa mission. Sans langue de bois, ces secteurs sont malheureusement les plus corrompus et dominés par le copinage et le
clientélisme. Que faire ?
Je peux rassurer qu’avec une bonne et transparente mobilisation des seules ressources du secteur des télécommunications, notre économie se relèvera. Mais pour cela, il faut avoir le courage et la volonté de lancer une réforme générale allant du département ministériel aux
EPA, S.A et Régulateur du secteur. En plus de la médiocrité des Hommes, ce secteur au grand potentiel souffre à la fois du laxisme, de la corruption et d’enrichissement personnel
aux détriments des caisses de l’Etat. L’un des paradoxes de ce secteur est que sur un revenu annuel de plus de 7000 Milliards GNF, la part de l’Etat atteint à peine les 700 Milliards soit moins de 10%. Les causes de cette faible mobilisation des ressources internes du secteur sont liées avant tout au copinage entre Opérateurs privés et représentants de l’Etat et aussi à la mauvaise gestion et gabegie financière régnant en maître à la tête des EPA et S.A sous tutelles dudit Ministère.
Les Réformes doivent impérativement toucher les investissements de l’Etat. A mon avis, il sera plus judicieux de nettoyer la maison avant tout autre investissement dans ce secteur car l’expérience du passé nous prouve que l’échec des investissements de l’Etat dans les projets comme la relance de l’Ex Sotelgui, le projet Backbone… est causé par la mauvaise structuration des instances du département en charge du domaine ainsi qu’au laxisme et la personnalisation des biens et projets de l’Etat. Sans hésitation, je dirais que tout investissement sans restructuration préalable de ce secteur est voué à l’échec comme les
investissements il y a dix (10) ans.

Le CNRD, une opportunité de refondation des leviers de notre économie !

A cet effet, j’invite les nouvelles autorités à prendre un temps d’observation et d’analyse en
évitant une prise de décision rapide sans évaluation conséquente des structures et instances
stratégiques du secteur des télécommunications et de l’Economie numérique qui jouent un rôle primordial dans notre économie. Halte à l’euphorie !
Parlant de Guinée Télécom, il faut comprendre qu’une société qui a peiné de sortir du trou pendant près de dix (10) ans, ne saurait être remise sur pied en quelques mois. Que les nouvelles autorités ne se laissent pas embobiner par les balivernes des mêmes personnes
qui ont causé la chute de la Sotelgui ainsi que la perte des 45 Millions $ d’investissement dans Guinée Télécom. La réalité est qu’Il sera impossible de donner un avenir durable à Guinée Télécom avec les mêmes stratégies depuis cinq (5) ans. Certes nous avons besoin
d’un opérateur national de téléphonie ! Mais en vrai, il doit être lancé pour le bien-être des populations et de notre économie et non pour des simples fins politiques. Cela n’est possible que par un processus adopté au contexte actuel de l’Environnement de la téléphonie. Halte
au populisme et place au travail !
En réalité, plus de 300 Millions $ fut investis dans le Secteur par le régime déchu sans impacts socio-économiques appréciables. Je conseille à cet effet qu’une évaluation inclusive du secteur soit réalisée avant toutes actions. Cette évaluation permettra de mettre à nu les
carences et faiblesses pour enfin construire un secteur au service de la nation et non des
Hommes.

Mamadi Kaba, Consultant en Télécommunications et Digitalisations