Ces derniers mois, en plus du Coronavirus, la Guinée a fait face à différents autres virus mortels. C’est le cas d’Ebola et de la fièvre Lassa. Récemment, c’est le virus Marburg qui a été détecté dans le pays. Cette situation inquiète la population guinéenne. Certains citoyens se demandent les raisons réelles de l’arrivée de ces épidémies mortelles sur le sol guinéen. Pour le Représentant résident de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Guinée, la détection et la résurgence de ces virus peuvent s’expliquer par non seulement le niveau de veille sanitaire de la Guinée; mais aussi, par l’interférence des actions humaines et le règne animal. Il l’a dit à l’occasion d’un point de presse qu’il a animé hier, vendredi à Conakry, rapportent deux journalistes de Laguinee.info qui étaient sur place.
Dans ses explications, le professeur Georges Alfred Ki-zerbo a commencé par préciser que ces agents pathogènes virulents ne sont pas qu’en Afrique. Selon lui, ils sont presque sur tous les continents. Mais, ce qui peut faire la différence, « c’est les moyens d’y répondre, c’est la préparation des pays, c’est le niveau de développement pour la détection et la riposte».
Selon notre interlocuteur, cette question doit être examinée sur deux angles différents. Premièrement, explique ce haut cadre onusien, « En épidémiologie, on dit qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. Donc, il faut se dire, peut-être que la veille sanitaire, la surveillance épidémiologique s’est améliorée ces dernières années, surtout depuis la grande épidémie de 2014 à 2016. Donc, le niveau de détection de ces alertes là a peut-être été rabaissé, ce qui fait qu’on trouve des cas de résurgence. Il y a certainement eu des épidémies passées inaperçues sous les radars, par exemple, on peut imaginer des cas de décès communautaires qui n’avaient pas été testés dans le passé. Aujourd’hui, un décès communautaire fait objet de test pour un certain nombre d’agents pathogènes même pour la Covid-19, par exemple. Donc, on trouve ce qu’on en cherche. Ça c’est peut-être le côté positif de la médaille, qui veut que les systèmes d’alerte, les veilles sanitaires sont en train de s’améliorer. Et c’est réel, parce que la Guinée a mis en place un dispositif pour ça, y compris la surveillance à base communautaire, la surveillance basée sur les événements et récemment on a lancé aussi le réseau de surveillance basé sur les événements qui permet à partir même des rumeurs de voir et de vérifier. De plus en plus, les gens veillent, c’est comme ça que des alertes peuvent être validées », a fait savoir le représentant Pays de l’OMS en Guinée.
Deuxième explication, poursuit le professeur Georges Alfred Ki-zerbo, c’est l’interférence qui existe actuellement entre les activités humaines et les zones qui abritent les animaux porteurs de ces virus.
« C’est le concept des zones d’émergence. La Guinée, là aussi n’est pas la seule, ce n’est pas une particularité. La zone d’émergence, c’est le lieu où les activités humaines interfèrent avec le règne animal et l’écosystème. Et de plus en plus, on assiste à la multiplication de ces zones d’émergence. Dans le temps, il y avait peut-être de règne animal, peut-être seuls les chasseurs ou les gens qui avaient une certaine connaissance de ces milieux là allaient. Mais, de plus en plus les activités amènent plus de personnes au contact de la population animale ou d’un écosystème dans lequel des agents pathogènes peuvent être en train de circuler. Donc, que ce soit la Guinée ou la RDC récemment, on a vu la résurgence d’Ebola. Il faut travailler à renforcer les capacités de veille sanitaire, d’alerte, de détection et de riposte », a exhorté, professeur Georges Alfred Ki-zerbo, Représentant résident de l’OMS en Guinée.
Ibrahima Sory Diallo et Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info