La question de l’augmentation du prix du carburant à la pompe par le gouvernement guinéen fait partie des sujets d’actualités pour lesquels le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) s’est exprimé ce vendredi, 06 août 2021. C’était au cours d’une interview exclusive qu’il a accordée à la rédaction de Laguinee.info. Aux dires de Cellou Dalein Diallo, les arguments avancés par le gouvernement guinéen ne tiennent pas, parce que dit-il, le principe de la flexibilité des prix n’a jamais été respecté en Guinée.
« D’abord il faut rappeler que ce principe de la flexibilité a été régulièrement violé par le gouvernement, parce que si aujourd’hui le baril est à plus de 60 ou 70 dollars, il était tombé à 29 dollars. Quel aurait été le prix à la pompe qui correspond à cette baisse. Il n’avait pas appliqué le principe de la flexibilité lorsque le coût du pétrole a baissé », a-t-il entamé.
Selon le président de l’UFDG, cette hausse du prix des produits pétroliers ne vise qu’à résoudre les difficultés financières auxquelles l’État guinéen fait face actuellement. A l’en croire, ces problèmes économiques ont été occasionnés par la tenue des dernières élections présidentielles sans aide extérieure. Chose qui va impacter considérablement dit-il le quotidien des populations à la base.
« La réalité c’est que ce gouvernement veut résoudre les déficits créés par les dépenses du troisième mandat, parce que celles-ci ont été très importantes. Vous savez, monsieur Alpha Condé s’est bombé la poitrine pour avoir financé en un an trois élections. Mais, toutes ces trois élections ont été organisées juste pour lui permettre de se maintenir au pouvoir. Bien entendu, on a vidé les caisses pour s’équiper pour mieux réprimer les contestations; mais également, pour acheter les consciences et organiser le hold-up auquel on a assisté. J’ai déjà dit que cette augmentation est inopportune, parce que nous sommes en période de crise. Aujourd’hui, l’intérieur du pays vit grâce aux denrées importées, et nous connaissons l’état désastreux de nos infrastructures routières. Aujourd’hui, pour transporter une tonne de riz de Conakry à Siguiri, il faut 500 mille. Alors qu’avant c’était 300 mille lorsque l’état du réseau routier était meilleur. Deuxièmement, la population va souffrir parce que le prix des denrées de première nécessité sera fortement affecté par cette augmentation. Ensuite, c’est sur des arguments qui ne tiennent pas la route que le gouvernement avance pour se justifier. Premier argument, c’est de dire qu’ils subventionnaient le prix du carburant à la pompe, j’ai eu l’occasion de démontrer qu’actuellement, n’y a pas de subvention. L’autre contre-vérité, c’est de dire que le prix en Guinée est le plus faible de la sous région, je ne suis pas d’accord, parce que le prix du litre à la pompe en Sierra Léone, c’est l’équivalent de 8 mille 100 francs guinéens lorsqu’il était 9 mille 500 ici. Au Libéria, c’est 7 mille 900. Maintenant les pays de la zone francophone qui nous entourent, évidemment le prix à la pompe est plus élevé que celui pratiqué dans notre pays », a fait savoir Cellou Dalein Diallo.
Poursuivant, le président de l’UFDG et de l’ANAD a indiqué que cette hausse du prix du carburant à la pompe pourrait entraîner des conséquences directes sur la vie des consommateurs. « D’abord, c’est l’augmentation du prix du transport. Le gouvernement affirme haut et fort qu’un accord a été trouvé avec les syndicats que le prix du transport des personnes et des biens n’augmenterait pas. C’est une contre-vérité. Aucun transporteur, aucun propriétaire de taxis, aucun transporteur des biens ne va accepter de mener son activité à perte ou de mettre son entreprise en faillite. Le prix du carburant est un élément important du prix du transport. Évidemment, si le carburant augmente, les gens vont être obligés d’augmenter les prix facturés aux consommateurs. Donc, ce n’est pas vrai de dire que les prix ne vont pas augmenter. Déjà vous savez même à Conakry sous le nez et la barbe du gouvernement, les gens ont déjà augmenté les prix au niveau des taxis. Le transport des biens aussi connaîtra naturellement une augmentation. Donc, je dit, on aurait pu attendre en octobre, à la période de récolte où l’intérieur du pays dépend moins des importations des céréales pour essayer peut-être de faire cet ajustement s’il paraît indispensable. Malheureusement, ils n’ont pas de pitié de cette population. L’objectif, c’est de résorber les déficits, remplir les caisses qui ont été vidées par le troisième mandat. Ils ont refusé l’aide extérieure pour financer les élections, parce qu’on ne voulait pas faire des élections, on voulait organiser des mascarades électorales, maintenant on s’adresse encore aux pauvres populations pour payer les décisions fantaisistes d’Alpha Condé qui ne visaient qu’à le maintenir au pouvoir », a conclu Cellou Dalein Diallo.
Entretien réalisé par Ibrahima Sory Diallo et Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info