Ce mercredi, 04 août 2021, marque la neuvième année des massacres attribués à des forces de l’ordre à Zogota, un village de la région forestière. L’occasion a été mise à profit par l’avocat des victimes pour dénoncer l’appareil judiciaire du pays. Pour maître Pépé Antoine Lama, rien n’a encore bougé dans la quête de justice dans cette affaire qui avait coûté la vie à de nombreux innocents. Il l’a dit lors d’un entretien qu’il a accordé à un journaliste de Laguinee.info à l’occasion de ce triste anniversaire.
Après un bref rappel sur les massacres dont il s’agit, l’avocat s’en est pris à la justice guinéenne. Il a estimé que celle-ci garantit l’impunité aux criminels.
« Neuf ans jour pour jour, les forces de défense et de sécurité se rendaient dans le village de Zogota pour perpétrer des massacres contre des villageois. Un mois plus tard, une plainte avait été déposée contre des personnes nommément désignées, mais malheureusement, la procédure judiciaire n’a pas connu son épilogue. De nos jours, le dossier n’a toujours pas été programmé en jugement, malgré l’intervention de l’arrêt de la Cour de la justice de la CEDEAO en novembre 2020. L’Etat guinéen n’a toujours pas pris sa responsabilité de juger les personnes qui ont planifié et exécuté ces massacres. C’est une déception totale, c’est inadmissible, c’est impensable de voir la justice internationale dictée la ligne normale aux juridictions nationales et que ces dernières restent inertes face à cette logique. La justice guinéenne n’a pas bougé d’un iota depuis le 23 août 2012 malgré l’intervention de l’arrêt de la Cour de justice en novembre 2020. La Cour avait sanctionné l’Etat guinéen pour avoir violé les droits des victimes de ces massacres. Notre justice devait en principe suivre le pas pour entreprendre des actions fortes en vue de faire la lumière sur cette affaire. Très malheureusement, elle reste encore muette. Ce qui veut dire qu’elle est en train de garantir l’impunité aux auteurs de ces massacres », a réagi maître Pépé Antoine Lama.
Dans un arrêt rendu au mois de novembre 2020, la cour de justice de la CEDEAO avait intimé à l’Etat guinéen d’indemniser les victimes des massacres de Zogota dans les six mois qui suivraient. Ce qui n’a jamais été fait. Mais à en croire l’interlocuteur, la même cour a été déjà saisie dans le but de prendre des sanctions contre les autorités du pays.
« Nous avons déjà saisi le secrétaire exécutif de la CEDEAO pour solliciter la mise en œuvre des mécanismes de sanctions prévus par l’acte additionnel du 17 février 2012. Les sanctions sont politiques et judiciaires. Les sanctions judiciaires proviennent de la Cour de la justice de CEDEAO qui doit être saisie soit par un Etat, la conférence des Chefs d’Etat ou le secrétaire exécutif. Et les sanctions politiques sont prononcées par la conférence des Chefs d’Etat. Elles varient au gel des avoirs, des sanctions individuelles, de la suspension jusqu’à l’exclusion du pays de la CEDEAO », a laissé entendre l’avocat.
Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info
Tél. : (00224) 621 28 03 88