C’est sur le thème « Complications du traitement traditionnel des fractures des membres inférieurs » notamment de la fréquence et de la prise en charge à l’hôpital régional de Kankan que le jeune médecin a soutenu sa thèse doctorale devant le jury. C’était à l’occasion d’une cérémonie organisée dans ce sens le vendredi dernier à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry.
Interrogé ce lundi, 05 juillet 2021 par un journaliste de Laguinee.info sur les raisons du choix de ce thème, Dr Ibrahima Kalil Condé souligne que « le traitement traditionnel des fractures des membres est très répandu dans les villes et les campagnes de l’Afrique subsaharienne. C’est une pratique qui est très dangereuse et qui peut amener des complications mettant en jeu la vie du patient ».
Parmi les villes les plus impactées en Guinée, figure en grande partie la région de Kankan. A l’en croire, cette recrudescence des cas de complications liées au traitement traditionnel à Kankan peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont « l’émergence des zones minières dans la région, la croyance démesurée de la médecine traditionnelle mais surtout les difficultés de prise en charge de ces complications des patients qui viennent à l’hôpital », a fait savoir Dr Condé.
Au cours de son étude et de ses enquêtes, notre interlocuteur s’est dit être confronté à d’énormes difficultés mais celles qui l’ont beaucoup plus marqué. C’est « le problème de plateau technique par rapport à la prise en charge des patients surtout le côté diagnostic, parce qu’il n’y a qu’un ATS qui est au niveau de la radiographie et qui a duré plus de 40 ans avec une vieille machine de plus de 50 ans. Il y a aussi la pauvreté des patients parce qu’ils viennent à l’hôpital après avoir été appauvris en médecine traditionnelle », a-t-il indiqué.
Poursuivant, Dr Ibrahima Kalil Condé a fait des propositions permettant selon lui de lutter contre ces pratiques. Il soutient que ce n’est pas de mettre fin à la médecine traditionnelle mais plutôt de « les encadrer à travailler afin d’éviter l’avènement de ces complications. C’est-à-dire si le médecin traditionnel sait jusqu’à quelle limite il peut aller et en étroite collaboration avec les médecins modernes, ça va considérablement diminuer ces complications. Mais en amont, il faudra éduquer la population à éviter de déscolariser les enfants au profit des mines et du commerce. Ça va leur permettre d’avoir une analyse critique sur les choses et d’éviter d’aller vers la médecine traditionnelle. Vous constaterez que dans notre étude, 51,02% des patients sont rentrés à l’école mais qui sont limités juste au niveau de l’école primaire pour dire aux parents qu’ils ont l’âge d’aller dans les mines ou les marchés », confia-t-il.
Il demande donc à l’État de déployer les médecins spécialistes à l’intérieur du pays mais aussi de créer une politique d’encadrement et de collaboration entre les tradipraticiens et les médecins.
Abdourahmane Diallo et Mamadou Aliou 2 Sow pour Laguinee.info
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