À l’approche du premier anniversaire de la disparition forcée des militants pro-démocratie Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah, plusieurs organisations et mouvements de la société civile d’Afrique de l’Ouest ont publié une déclaration conjointe, ce lundi à Abidjan, pour exprimer leur vive inquiétude face à la détérioration continue de la situation des droits humains en Guinée.
Dans ce document, les signataires dénoncent la recrudescence des enlèvements, détentions arbitraires et disparitions forcées de défenseurs des droits humains. Ces pratiques, selon eux, constituent des violations graves du droit international et sont assimilables à des crimes contre l’humanité.
Un an sans nouvelles des deux figures du FNDC
Le 9 juillet 2025 marquera un an jour pour jour depuis que Foniké Mengué, coordinateur national du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), et Mamadou Billo Bah, responsable de la mobilisation du FNDC et coordinateur du mouvement Tournons La Page en Guinée, ont été portés disparus.
Selon les organisations signataires, les deux activistes auraient été enlevés par des éléments du Groupement des Forces Spéciales et du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale alors qu’ils participaient à une manifestation pacifique contre la fermeture des médias et la vie chère. Leur arrestation aurait été ordonnée directement par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya. Depuis, aucune information officielle n’a été communiquée sur leur sort.
Un appel à la diplomatie ivoirienne
Face à ce silence jugé insoutenable, la société civile ouest-africaine appelle le président ivoirien Alassane Ouattara à user de son autorité morale en tant que doyen des chefs d’État de la sous-région. Elle l’invite à intervenir personnellement auprès de son homologue guinéen pour exiger la libération immédiate et sans condition des deux disparus et de tous les prisonniers politiques détenus arbitrairement.
La visite officielle annoncée de Mamadi Doumbouya en Côte d’Ivoire, placée sous le thème de l’unité, de la paix et du panafricanisme, est perçue comme une « opportunité diplomatique » pour rappeler les engagements pris par les États africains en matière de respect des droits humains et de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
La CEDEAO également interpellée
Dans leur déclaration, les organisations signataires appellent aussi l’ensemble des chefs d’État de la CEDEAO, les institutions régionales et les partenaires internationaux à exercer une pression renforcée sur les autorités guinéennes afin d’obtenir :
- La libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques ;
- La fin des pratiques répressives contre les journalistes, les défenseurs des droits humains et les militants de la société civile ;
- Le rétablissement effectif des libertés fondamentales et de l’espace civique.
Vers une transition crédible en Guinée ?
Pour la société civile ouest-africaine, la stabilité politique et la paix durable en Guinée passent impérativement par le respect des droits fondamentaux, la vérité, la justice et une réconciliation sincère. Elle réaffirme par ailleurs sa solidarité avec tous les activistes pro-démocratie guinéens « qui œuvrent avec courage pour défendre les libertés civiles au prix de leur propre sécurité. »
Laguinee.info