Alors que les Guinéens peinent à retirer leur propre argent dans les agences bancaires du pays, et que les signaux d’alerte se multiplient dans les milieux économiques, Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral, est monté au créneau dans une vidéo de plus de 8min publiée sur la page BL TV, pour dénoncer avec force la crise de liquidités qui frappe de plein fouet le secteur bancaire national.
Dans une déclaration au ton incisif, le leader politique accuse ouvertement le gouvernement de transition d’irresponsabilité et d’improvisation face à une crise qu’il qualifie de « structurelle, profonde et dangereuse pour la stabilité du pays ».
« Même avec de l’argent sur votre compte, on vous dit combien retirer »
Le diagnostic est sans détour. Pour Dr Millimouno, les banques guinéennes ont aujourd’hui cessé d’être de véritables institutions de dépôt au service des citoyens. « On vous dit combien vous pouvez prendre, même si c’est votre propre argent », fustige-t-il. Cette limitation, imposée discrètement dans de nombreuses agences, pénalise à la fois les particuliers et les entrepreneurs, notamment ceux qui souhaitent investir rapidement dans des opportunités d’affaires.
Le président du Bloc Libéral pointe une perte de contrôle du système bancaire, devenu incapable d’assurer sa fonction première : sécuriser l’épargne et faciliter l’accès à la liquidité.
« Ce n’est plus de l’alerte, c’est une panne générale du système de confiance économique », dénonce-t-il.
Une métaphore cuisante : la soupe au poumon comme allégorie de l’économie nationale
Dans une image aussi simple qu’efficace, Dr Millimouno compare la situation économique actuelle à l’histoire d’une femme qui, croyant préparer une soupe abondante avec du poumon de bœuf (ingrédient léger qui flotte), se rend compte trop tard que sa marmite est vide. Une allégorie piquante du Simandou 2040, régulièrement mis en avant par les autorités comme solution miracle.
« Il y a des gens qui sont déjà dans les dividendes de Simandou 2040. Ils ont détaché la ceinture pour libérer l’estomac et se servent à pleines mains, pendant que le pays se vide », ironise-t-il.
Une transition sans cap, synonyme d’incertitude économique
Au cœur de la critique de Dr Millimouno : la gestion de la transition politique par le CNRD, qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans une crise de confiance généralisée. Selon lui, la nature même d’une transition politique implique l’instabilité, mais la situation actuelle serait exacerbée par le manque de transparence, l’absence de mesures concrètes et l’arrêt quasi total des activités économiques.
« On ne travaille plus en Guinée. Puis on s’étonne qu’il n’y ait pas d’argent dans les caisses ? L’argent ne tombe pas du ciel. Il faut produire pour en avoir », martèle-t-il.
Il dénonce notamment les décisions intempestives du gouvernement, comme les journées chômées décrétées sans raison économique claire, qui perturbent encore davantage la machine productive du pays.
Des retraités oubliés, des salaires bloqués, des investisseurs méfiants
Les conséquences de cette crise de liquidité, rappelle-t-il, sont déjà visibles. Des retraités n’ont pas perçu leurs pensions depuis plus d’un mois. Les chefs d’entreprise peinent à honorer leurs engagements faute d’accès à leurs fonds. Et les banques, faute de dépôts stables, réduisent la distribution du crédit.
« Nous sommes dans une économie de méfiance. Les gens préfèrent garder leur argent à la maison plutôt que de le confier à une institution dont ils doutent. »
Le risque d’une dérive inflationniste à la Zimbabwe
L’homme politique s’inquiète en outre d’un recours possible à la planche à billets, une tentation dangereuse dans une économie déjà fragilisée. Il rappelle que d’autres pays africains ont sombré dans l’hyperinflation après avoir imprimé massivement de la monnaie sans couverture économique réelle.
« Si nous prenons ce chemin, demain, il nous faudra une brouette pour acheter une miche de pain. Ce n’est pas un fantasme : c’est ce qui s’est passé au Zimbabwe, ou au Zaïre à une époque. »
Il prévient : le pouvoir d’achat déjà exsangue des citoyens pourrait être totalement anéanti, même si les salaires étaient revus à la hausse.
« Quand la monnaie ne vaut plus rien, augmenter les salaires ne sert à rien. Vous gagnez plus sur le papier, mais vous mangez moins dans la réalité. »
Un appel à la parole publique et à l’action immédiate
Au-delà de l’analyse économique, Dr Faya Millimouno fustige le silence du gouvernement. Il s’étonne que face à une crise d’une telle ampleur, aucune communication officielle n’ait été faite pour rassurer la population ou exposer un plan d’urgence.
« Le minimum, dans un pays en crise, c’est de parler. De s’adresser au peuple. De montrer qu’on comprend l’urgence. Ce silence est une insulte à l’intelligence collective. »
Il appelle à des mesures vigoureuses pour enrayer la crise : relance de l’activité économique, assainissement des finances publiques, restauration de la confiance bancaire, et surtout, fin de la transition pour un retour à un cadre institutionnel légitime.
« Il faut changer de système, pas seulement de discours »
Pour le président du Bloc Libéral, la situation actuelle dépasse le simple cadre d’un incident bancaire. Elle traduit une défaillance systémique qui, si elle n’est pas corrigée rapidement, risque d’emporter l’économie nationale dans une spirale sans retour.
« Ce n’est pas une question de mots. Ce n’est pas avec des slogans qu’on règle une crise de liquidités. Il faut du courage, de la rigueur, et surtout, du respect pour le peuple. »
IAC, pour Laguinee.info