Le vent de colère ne retombe pas après la création controversée de la Direction Générale des Élections (DGE) en Guinée. Après les dénonciations virulentes du Bloc Libéral, c’est au tour de Souleymane Souza Konaté, figure influente de l’UFDG et président de la commission communication de l’ANAD, de livrer une critique sévère sur sa page Facebook, qualifiant la démarche du pouvoir militaire de tentative manifeste de “verrouiller le processus électoral”.
Dans une déclaration au ton sans détour, il écrit :
“La création de la Direction Générale des Élections (DGE) par la junte militaire constitue un acte de défiance à l’endroit du peuple de Guinée. Il s’agit d’une tentative manifeste de verrouiller le processus électoral, d’institutionnaliser la fraude et de préparer un coup de force électoral, au mépris total de la volonté populaire.”
Selon lui, le fait que cette structure soit placée sous l’autorité du ministère de l’Administration du Territoire est non seulement préoccupant, mais aussi révélateur de l’intention réelle du régime : transformer une direction administrative en outil de légitimation politique.
“Placée sous l’autorité du ministère de l’Administration du Territoire, la DGE devient l’instrument d’un département entièrement inféodé au pouvoir en place. Ce ministère, dont le chef proclame ouvertement son soutien à la candidature du général Mamadi Doumbouya, viole les principes de neutralité, les engagements internationaux de la Guinée, ainsi que les dispositions de la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance.”
Souleymane Souza Konaté ne se limite pas aux dénonciations générales. Il appuie son propos sur un socle juridique solide en s’appuyant sur des textes précis :
“L’article 25 alinéa 4 interdit explicitement aux auteurs de coups d’État de se porter candidats aux élections de sortie de transition, tandis que l’article 17 exige la mise en place d’un organe électoral indépendant, crédible et consensuel. Ces principes sont également consacrés par les articles 46, 55 et 65 de la Charte de la transition.”
Un ministère au lourd passif électoral
L’actuel coordinateur de la communication de l’UFDG enfonce le clou en rappelant l’héritage lourdement entaché du MATD en matière électorale :
“Le passé électoral du ministère de l’Administration du Territoire est entaché de graves irrégularités : fraudes massives, falsification de résultats, bourrages d’urnes, bureaux fictifs, usage systématique de la violence. Les mêmes pratiques, portées par les mêmes acteurs, sont en passe d’être reconduites dans un dispositif désormais militarisé.”
Et cette militarisation, selon lui, est renforcée par une stratégie méthodique de contrôle territorial :
“De Conakry aux préfectures, les postes stratégiques sont occupés par des personnes choisies non pour leur compétence, mais pour leur loyauté aveugle au régime.”
Autre point de crispation : la suppression de la légitimité locale. M.Konaté dénonce la révocation arbitraire des maires élus et leur remplacement par des délégations spéciales :
“Ces nominations, motivées par des considérations politiques et non par l’intérêt général, participent d’une stratégie de contrôle total du territoire en vue d’un agenda électoral illégitime.”
Un appel pressant à la responsabilité
Dans une dernière alerte adressée autant au pouvoir qu’à l’opinion nationale et internationale, Konaté exhorte les autorités à faire marche arrière :
“Il est temps de cesser de jouer avec la paix et la stabilité de notre pays. La transition n’est pas un blanc-seing pour imposer un pouvoir sans base légale ni populaire.”
Et d’ajouter : “La paix n’est pas un slogan ; elle se construit sur la justice, l’équité et la confiance. Persister dans la provocation, l’arbitraire et la manipulation mène inévitablement à l’impasse.”
Ce proche de Cellou Dalein Diallo appelle à un dialogue inclusif, sincère et constructif avec les forces vives, condition sine qua non selon lui pour sortir de la crise sans heurts.
Fidèle à l’engagement de l’UFDG pour la légalité et la démocratie, il conclut :
“Le respect des engagements pris, tant au plan national qu’international, est la condition du respect de notre pays. L’UFDG reste profondément attachée à la Charte de la transition, en particulier à ses articles 46, 55 et 65, et exige leur reconduction intégrale dans toute nouvelle architecture constitutionnelle.”
Laguinee.info