Finies les ambiguïtés. Le pouvoir de Conakry vient de frapper un grand coup dans le paysage électoral guinéen. Par décret présidentiel, diffusé ce samedi soir à la télévision nationale, le Chef de la transition a créé un nouvel organe chargé d’organiser et de gérer les élections : la Direction Générale des Élections (DGE).
Derrière cette annonce solennelle, une réalité plus politique qu’administrative : l’État reprend en main, de façon directe, le processus électoral. Car si la DGE est officiellement placée sous tutelle du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, elle bénéficie d’une autonomie financière, formule bien pratique pour donner le change à ceux qui s’inquiètent d’un contrôle excessif du pouvoir exécutif.
La DGE sera dirigée par un directeur général et un adjoint, tous deux nommés par décret présidentiel. Autrement dit, choisis à la discrétion du Chef de l’État. Une configuration qui ne manquera pas d’alimenter les soupçons sur l’impartialité réelle de cet organe, censé garantir la transparence des scrutins.
Le décret lui attribue des responsabilités lourdes et stratégiques :
– Organisation des scrutins ;
– Gestion du fichier électoral biométrique ;
– Production des documents électoraux ;
– Digitalisation des opérations ;
– Promotion de l’équité.
Autant de missions sensibles, dans un pays où le fichier électoral et les résultats électoraux ont toujours été des poudrières.
Cerise sur le gâteau, la DGE se voit aussi confier le rôle de représenter la Guinée dans les instances électorales sous-régionales, régionales et internationales. Une manière pour le régime de s’installer comme l’unique interlocuteur légitime du pays sur les questions électorales, reléguant les autres institutions au second plan.
À quelques mois du référendum constitutionnel, cette décision ressemble fort à une opération de verrouillage institutionnel. Sous couvert de réforme, le pouvoir redessine les règles du jeu. Et c’est lui qui tient désormais le crayon.
Laguinee.info