Comme chaque 13 juin, la communauté internationale a célébré ce vendredi la Journée mondiale de sensibilisation à l’albinisme. En Guinée, l’événement a été marqué par plusieurs initiatives symboliques et des prises de parole engagées. Parmi elles, celle de Mohamed Mané, enseignant à Kountia-sud et lui-même atteint d’albinisme, a particulièrement retenu l’attention.
Un témoignage qui brise les clichés
Intervenant depuis sa salle de classe, Mohamed Mané a tenu à partager son expérience personnelle. Contrairement aux stéréotypes souvent associés à l’albinisme, il affirme vivre en paix dans sa communauté :
« Je vis bien ici à Kountia. Je ne suis pas victime des préjugés ni de la ségrégation. Je me sens bien dans cette communauté. »
Son quotidien, fait d’enseignement et de résilience, montre une autre réalité possible pour les personnes albinos en Guinée.
Une réalité plus sombre dans les rues
Mais derrière son parcours encourageant, Mohamed Mané n’ignore pas les difficultés que rencontrent de nombreux albinos dans le pays. À l’occasion de cette journée mondiale, il a tiré la sonnette d’alarme sur un phénomène grandissant : la mendicité forcée des enfants albinos.
« Aujourd’hui, la situation des albinos en Guinée devient de plus en plus inquiétante. Les parents pensent qu’avoir un albinos est une source de revenu pour les familles », déplore-t-il.
Dans plusieurs quartiers de Conakry, on observe effectivement des enfants à la peau claire, exposés au soleil, à la merci des regards, poussés à tendre la main. Une forme d’exploitation silencieuse, souvent tolérée.
L’albinisme n’est pas une infirmité
Face à cette situation, Mohamed Mané tient à rappeler une vérité simple : les albinos sont capables de tout, pour peu qu’on leur offre une chance.
« Ils peuvent faire tout ce que les autres peuvent faire », insiste-t-il, tout en déplorant que « rares sont ceux qui fréquentent des écoles parmi les albinos visibles dans les rues de Conakry. »
Un appel clair à l’État et à la justice
Pour mettre fin à cette exploitation, l’enseignant appelle les autorités guinéennes à prendre leurs responsabilités :
« L’État doit formellement interdire cela et exiger que les albinos quittent les rues pour l’école. Chaque parent qui utilise son enfant albinos comme une source de revenu doit être conduit à la justice. »
En se prenant lui-même pour exemple, il montre qu’un autre destin est possible :
« Moi, je suis albinos mais je suis debout. J’ai fini mes études et je me suis lancé dans l’enseignement. Aujourd’hui, je me contente avec le peu que je gagne. »
Une journée, un combat, un message
En cette Journée mondiale, le message de Mohamed Mané résonne comme un appel à la dignité, à l’éducation et à la justice pour toutes les personnes atteintes d’albinisme. Une interpellation directe à l’État, mais aussi à la société guinéenne toute entière.
IAC, pour laguinee.info