Ce jeudi, les habitants de Cacia 2 ont troqué leur patience contre des pierres, des pneus et des barricades. Excédés par des mois de silence institutionnel, ils ont paralysé la route menant à Bangouyah pour faire entendre une colère devenue aussi persistante que les coupures d’électricité dont ils sont victimes.

Cela fait trois à quatre mois que ce quartier de la commune urbaine de Kindia est plongé dans le noir, faute d’un transformateur fonctionnel. Un détail qui semble avoir échappé aux autorités concernées. Et comme si cela ne suffisait pas, l’eau potable et les routes praticables manquent aussi cruellement à l’appel.

« Nous vivons comme si nous étions invisibles », lance Bah Hassanatou, une manifestante au ton ferme. « Pas d’électricité, pas d’eau potable, pas de routes. Et pourtant, nous sommes des citoyens de Kindia. On a préféré bloquer la route plutôt que de continuer à crier dans le vide. »

Le message est clair : si le courant ne passe plus dans les câbles, il passera dans la rue. Et c’est ce que les manifestants ont fait. En érigeant des barricades de fortune, ils ont imposé une pause forcée à la circulation, espérant que le bruit de leur mécontentement atteigne enfin les oreilles des décideurs.

Un autre résident résume la détresse collective : « Sans électricité, les forages ne fonctionnent pas. Pour boire, on n’a que l’eau des puits. On n’en peut plus. »

À Cacia 2, on ne réclame pas le luxe, juste le minimum vital. Mais visiblement, même ce minimum semble être un privilège réservé à d’autres quartiers. Pendant ce temps, la population s’organise, proteste et interpelle. Sans réponse officielle pour l’instant. Le silence, lui, est toujours alimenté… même en pleine obscurité.

Joël Francis Kolié |33.10