Alors que les Guinéens s’apprêtaient à reprendre le travail après les festivités, le ministre du Travail et de la Fonction publique, François Bourouno, a jeté un pavé dans la mare en déclarant les journées du 9 et 10 juin 2025 chômées et payées sur toute l’étendue du territoire. Une annonce surprise qui a immédiatement déclenché une tempête politique, notamment du côté de l’opposition.
« Une violation flagrante de la légalité républicaine »
Joint par nos confrères d’avenirguinee.org, Faya Millimouno, président du Bloc Libéral (BL), n’a pas mâché ses mots. Pour lui, cette décision relève de l’arbitraire et d’une dérive autoritaire du pouvoir en place. « Le CNRD et son gouvernement pensent que nous ne sommes plus une République », tonne-t-il. « Décréter deux jours chômés dans l’illégalité la plus parfaite… Selon les lois de la République, seul le président peut prendre un tel acte. Mais dans l’esprit du CNRD, la Guinée est devenue un empire dirigé selon leur bon vouloir. »
Une charge violente qui soulève une question fondamentale : le gouvernement outrepasse-t-il ses prérogatives ?
« Catastrophique pour l’économie, dangereux pour le secteur privé »
Mais au-delà de la polémique juridique, Millimono dénonce l’impact économique de cette mesure. « Quand on décrète une journée chômée et payée de façon fantaisiste, cela ne concerne pas que les fonctionnaires, qui, eux, sont payés par l’argent du contribuable à ne rien faire », assène-t-il, taclant au passage l’absentéisme des ministres et directeurs nationaux « en campagne depuis des mois ».
Pour le secteur privé, le calcul est amer : « Le manque à gagner est énorme. On prive les entrepreneurs de 48 heures de production, et la seule façon de compenser, c’est que les taxes ne soient pas payées au Trésor public. » Un scénario qu’il juge « catastrophique » pour un pays déjà en proie à des difficultés financières criantes.
« La Mamaya ne justifie pas tout ! »
Enfin, le leader libéral balaie l’argument culturel avancé pour justifier ces jours fériés supplémentaires. « La fête a eu lieu vendredi, samedi et dimanche. Ils veulent combien de temps pour danser ? », s’agace-t-il. « Un pays pauvre qui passe son temps à quémander de l’argent, avec des fonctionnaires qui volent… Ce n’est pas possible ! »
Une sortie musclée qui résume le malaise grandissant autour des décisions jugées improvisées d’un gouvernement accusé de mépriser les règles tout en fragilisant l’économie nationale.
Laguinee.info