La Convention collective des médias en Guinée a été officiellement adoptée, marquant une avancée majeure dans la structuration du secteur médiatique du pays. Attendue depuis de nombreuses années, cette convention constitue désormais un socle juridique encadrant les conditions de travail, la rémunération et la protection sociale des professionnels de la presse guinéenne.
Fruit d’un processus de concertation engagé entre syndicats, patrons de presse et autorités concernées, ce texte apporte des réponses concrètes à des revendications longtemps portées par les travailleurs du secteur. Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), qui a joué un rôle moteur dans cette dynamique, salue une « révolution » pour la profession.
Des garanties pour tous les métiers des médias
Journalistes, caméramans, techniciens du son, agents administratifs : la Convention s’applique à l’ensemble des professionnels du secteur. Selon Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG, elle vise à lutter contre la précarité qui gangrène la profession depuis des décennies. Le document établit une grille salariale minimale contraignante, bien que les montants précis ne soient pas encore rendus publics.
« Le jour de la publication du document, vous constaterez vous-même l’ampleur du travail de fond qui a été accompli », a déclaré M. Pendessa.
Sécurité sociale et encadrement des primes
La Convention impose désormais l’enregistrement systématique des professionnels des médias à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Cette disposition garantit une couverture sociale minimale à tous les travailleurs concernés.
Autre avancée significative : les frais liés aux productions journalistiques, y compris les émissions, sont désormais régis par des règles précises. Le texte prévoit également des primes spécifiques, notamment pour les missions en zones sensibles ou les déplacements à l’intérieur du pays.
Le contrat de travail devient la norme
L’un des changements majeurs introduits par la Convention concerne le contrat de travail. Désormais, l’absence d’un contrat écrit ne pourra plus être utilisée pour fragiliser un journaliste en cas de litige. Une avancée saluée par le SPPG, qui rappelle le cas de seize journalistes licenciés sans contrat, restés sans recours.
Repos hebdomadaire, compensation et missions encadrées
Le texte met fin à une pratique courante : les missions imposées les week-ends sans compensation. Il institue un droit au repos hebdomadaire ainsi qu’une indemnisation pour toute activité effectuée en dehors des horaires habituels.
« Finies les missions improvisées le week-end sans reconnaissance. Tout est désormais prévu dans le texte », a précisé Sékou Jamal Pendessa.
Préavis obligatoire pour les démissions
Autre nouveauté : les modalités de démission sont désormais encadrées. Tout journaliste souhaitant quitter un poste devra respecter un préavis, comme c’est le cas dans d’autres secteurs formalisés. Une disposition destinée à mettre fin aux départs brusques mais aussi aux licenciements arbitraires.
Appel à l’accompagnement des partenaires
Le SPPG appelle les autorités publiques, ainsi que les partenaires techniques et financiers, à accompagner la mise en œuvre effective de cette convention, afin qu’elle ne reste pas lettre morte.
« Nous avons rédigé un document juste et complet. Il ne reste qu’à lui donner vie sur le terrain », conclut le secrétaire général du SPPG.
La Convention collective des médias marque ainsi une nouvelle ère pour la presse guinéenne. Pour la première fois, un cadre juridique clair protège ses acteurs, structure les obligations des employeurs et inscrit la profession dans une logique de formalisation.
Laguinee.info