Fin de partie pour les chalutiers européens dans les eaux gabonaises. Dans un communiqué sec et sans appel, le gouvernement de transition gabonais a annoncé la rupture unilatérale de l’accord de pêche conclu avec l’Union européenne. Motif : un partenariat jugé déséquilibré, où l’Europe se gave et le Gabon encaisse les miettes.
Entré en vigueur en 2007, puis renouvelé en 2021 pour six ans, cet accord offrait aux flottes européennes un accès privilégié aux ressources halieutiques gabonaises. Mais selon le président Brice Clotaire Oligui Nguema, la coupe est pleine. Les recettes perçues par l’État ne couvrent même pas les coûts de surveillance maritime, encore moins la valeur des tonnes de poissons extraites de ses eaux.
« Ce n’est pas un partenariat, c’est un pillage organisé », souffle un haut responsable du ministère de la Mer, visiblement excédé par des années de rapports asymétriques. Derrière le vernis de la coopération, Libreville dénonce une logique prédatrice où le Gabon assume les risques, pendant que Bruxelles encaisse les bénéfices.
Cette décision fracassante marque un tournant dans les relations entre l’Afrique et l’Europe sur la gestion des ressources naturelles. Les autorités gabonaises ne cachent plus leur intention de reprendre la main sur leurs richesses halieutiques. L’ambition affichée ? Faire passer la contribution de la pêche aujourd’hui cantonnée à 15 % du PIB à un niveau bien plus significatif d’ici 2026, comme indiqué dans le document d’émission de l’emprunt obligataire lancé cette année sur le marché de la Cemac.
La rupture n’a pas encore officiellement fait réagir Bruxelles, mais dans les couloirs feutrés des institutions européennes, la nouvelle sonne comme une gifle. Car ce désaveu n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une série de remises en cause de la part de pays africains lassés de jouer les fournisseurs dociles dans des accords ficelés à leur désavantage.
Au Gabon, le ton a changé. Fini le temps des courbettes diplomatiques : désormais, il faudra négocier autrement ou dégager.
Laguinee.info
