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Transition en Guinée : l’Union africaine boude les acteurs politiques, la controverse enfle

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Une mission de haut niveau de l’Union africaine (UA), venue évaluer le processus de retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, a achevé trois jours de travaux à Conakry… sans rencontrer les acteurs politiques. Une omission de taille qui alimente les critiques sur l’utilité et l’impartialité de ces visites institutionnelles dans un pays en transition depuis bientôt trois ans.

Marc Yombouno, ancien ministre d’Alpha Condé et membre influent du RPG arc-en-ciel, ne cache pas sa stupéfaction. Contacté par Africaguinee.com, il affirme n’avoir même pas été informé de la présence de la délégation.

« Nous ne sommes même pas informés qu’une délégation de l’Union africaine est venue en Guinée », s’étonne-t-il.

Pour cet ancien ministre du Commerce, le constat est amer : la mission de l’UA s’inscrirait dans une logique d’alignement automatique sur les positions des autorités militaires au pouvoir.

« Toutes ces organisations internationales sont alignées sur ce que le CNRD et ses dirigeants décident. Que ce soit les Nations unies, la Francophonie ou l’Union africaine, il n’y a aucune voix dissonante », déplore-t-il.

Selon lui, cette uniformité n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une dérive technocratique au sein d’institutions politiques devenues muettes face aux enjeux démocratiques.

« Ce sont des institutions hautement politiques, mais elles sont dirigées par des technocrates. Ces derniers ne savent même pas interpréter les textes correctement. C’est ça le malheur », affirme-t-il, désabusé.

Du côté de l’opposition, le son de cloche est similaire. Un cadre de l’UFDG, principal parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo, confie également n’avoir reçu aucune information sur la visite de la délégation, forte de plus de trente membres. Une invisibilité politique difficilement justifiable, surtout dans une transition censée être inclusive.

Une déclaration du commissaire de l’UA aux affaires politiques, Bankole Adeoye, prononcée le 31 mai à Conakry, vient pourtant contredire ces pratiques sur le papier. « Conformément aux règles de l’Union africaine, nous voulons que ce processus de transition soit inclusif (…) que toutes les voix soient entendues », a-t-il déclaré lors d’une audience avec le Premier ministre Amadou Oury Bah.

Mais entre les intentions affichées et la réalité du terrain, le fossé semble béant. Pour Marc Yombouno, la leçon est claire : la solution ne viendra pas de l’extérieur.

« Il faut que le peuple prenne conscience de la voie à suivre et exerce une pression sur les autorités pour les faire changer. (…) Ces missions repartent toujours en disant que tout va bien, alors que la réalité est tout autre. »

À l’heure où la transition guinéenne peine à convaincre sur sa transparence et son inclusivité, l’absence de dialogue entre l’UA et les forces politiques du pays sonne comme un faux pas stratégique. Une erreur qui fragilise davantage la crédibilité des institutions régionales et internationales aux yeux d’une classe politique déjà marginalisée.

 

Laguinee.info

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