La scène politique guinéenne vient de connaître un virage inattendu. À Siguiri, bastion historique du RPG Arc-en-ciel, 33 sections, sous-sections et comités de base de l’ancien parti présidentiel ont officiellement annoncé leur ralliement au Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), l’organe au pouvoir depuis le renversement d’Alpha Condé en septembre 2021.
L’annonce s’est faite publiquement ce lundi, en présence d’une délégation gouvernementale composée des ministres Morissanda Kouyaté et Rose Pola Pricemou. La déclaration a été portée par Dado Sangaré, présidente des femmes des 33 structures de la préfecture, dans une allocution sans ambiguïté :
« Quitter le RPG Arc-en-ciel pour rejoindre un autre parti n’a jamais été facile. Mais cela a été possible grâce à Ousmane Doumbouya. Depuis la prise du pouvoir par le CNRD, plusieurs sont venus nous solliciter, mais nous avons toujours dit non. C’est uniquement Ousmane Doumbouya qui a su nous convaincre. Dites à Mamadi Doumbouya qu’il peut désormais compter sur Siguiri », a-t-elle lancé, visiblement émue, sous une salve d’applaudissements.
Une rupture politique assumée
Ce ralliement collectif à la junte au pouvoir n’est pas anodin. Il signe une fracture profonde avec la direction nationale du RPG Arc-en-ciel et illustre la perte d’influence de l’ancien parti présidentiel dans ses propres bastions. Siguiri, longtemps considéré comme imprenable pour tout adversaire du RPG, semble désormais ouvrir la porte à une nouvelle orientation politique, sous l’impulsion de figures locales comme Ousmane Doumbouya.
Un défi lancé à la direction du RPG?
Cette volte-face intervient moins de trois semaines après la publication d’un communiqué du Bureau Politique National du RPG Arc-en-ciel. En date du 15 mai 2025, et signé par Dr Sékou Condé, le document condamnait fermement les prises de position individuelles en faveur du CNRD :
« Tout membre du parti qui exprimerait publiquement son intention d’intégrer ou de soutenir le CNRD se met en marge de la ligne politique du RPG Arc-en-ciel », pouvait-on y lire.
La position du parti sur ce nouveau développement reste, pour l’instant, inconnue. Mais une question se pose avec acuité : la sanction promise par la direction nationale s’appliquera-t-elle également à ces 33 structures locales désormais officiellement passées dans le camp du pouvoir en place ? Et jusqu’où ce mouvement pourrait-il faire tâche d’huile dans d’autres fiefs du RPG ?
Laguinee.info