Dans une démarche résolument tournée vers la promotion des langues nationales dans le système éducatif guinéen, l’ADLaM, une ONG qui fait la promotion de la langue peul, (winden jangen ADLaM) a procédé à la remise officielle de manuels scolaires transcrits en Pular aux autorités éducatives du pays. La cérémonie s’est tenue au groupe scolaire Solokore, situé dans le quartier de la Cimenterie.
Cette initiative s’inscrit dans un vaste projet éducatif visant à favoriser l’apprentissage par l’usage des langues locales, en particulier le Pular, à travers le système d’écriture ADLaM, conçu pour transcrire fidèlement cette langue parlée par des millions de Guinéens.
Une réponse aux limites du système éducatif
Dr Mamadou Sounoussy Diallo, président de l’ADLaM Guinée, a expliqué que ce projet est le fruit d’une longue réflexion sur les faiblesses du système éducatif national. Selon lui, l’enseignement dans des langues étrangères est l’un des obstacles majeurs à la réussite scolaire des enfants guinéens.
« Chaque année, le niveau ne fait que dégringoler parce que tout simplement, les enfants ne comprennent pas ce qu’on leur apprend dans la langue étrangère et dans les langues d’enseignement », a-t-il souligné.
L’ADLaM entend ainsi aller au-delà de la simple promotion linguistique pour proposer des contenus scientifiques et pédagogiques en langue nationale.
Un projet ambitieux et entièrement gratuit
Fruit d’un investissement de plus d’un milliard de francs guinéens, le projet a couvert la conception, l’impression, le transport, le dédouanement et le stockage de ces manuels scolaires. Ces ouvrages, destinés à accompagner le ministère de l’Alphabétisation nationale, ne sont pas destinés à la vente.
« Ces documents ne sont pas vendables », a insisté Dr Sounoussy, précisant qu’ils seront distribués gratuitement aux structures éducatives partenaires.
Le proviseur du groupe scolaire Solokouré, Mamadou Mouctar Baldé, a salué cette démarche et affirmé son engagement en mettant à disposition un local pour faciliter l’initiative.
« Quand l’enfant apprend dans sa langue, je crois qu’il va appréhender mieux les notions que s’il apprend dans une autre langue étrangère… », a-t-il déclaré.
Une vision panafricaine
De son côté, Momo Sylla, Directeur national de l’Alphabétisation, a rappelé que les enfants arrivent déjà à l’école avec un bagage de connaissances dans leur langue maternelle. Il a rassuré sur la qualité des contenus traduits :
« Le contenu traduit est conforme à l’original », a-t-il affirmé.
L’ambition de l’ADLaM ne s’arrête pas à l’enseignement primaire. L’association prévoit d’élargir l’usage de l’alphabet ADLaM aux collèges, lycées et universités.
« Nous voulons que dans un futur proche, chaque enfant guinéen, où qu’il se trouve, puisse lire et écrire avec ADLaM », a déclaré Dr Mamadou Sounoussy Diallo.
Un appel à l’engagement de l’État
Pour aller plus loin, l’ADLaM sollicite le soutien des autorités guinéennes afin de généraliser cette initiative et faire de l’alphabétisation en langue locale un levier du développement.
« Nous demandons le soutien de l’État pour que chaque Guinéen, chaque Africain puisse participer au développement de la Guinée et du continent », a-t-il conclu.
L’initiative de l’ADLaM marque un tournant dans l’approche éducative en Guinée, en posant les bases d’un apprentissage enraciné dans la culture et la langue des apprenants.
IAC, pour Laguinee.info